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Actualités - ANALYSE

Redéploiement : l'inquiétude taraude l'est

L’armée syrienne quitterait-elle le Liban si les Israéliens s’en retiraient? Cette question de TF1, le président Hafez el-Assad estime qu’elle doit être posée aux dirigeants libanais, non à lui-même, et promet d’être d’accord avec toute réponse qu’ils y apporteraient… Une réaction qu’un dignitaire religieux de l’Est juge «plutôt élusive» en se demandant «pourquoi le chef de l’Etat syrien ne fixe pas avec netteté le délai qu’il faudrait à ses troupes pour partir après le retrait israélien. Doit-on penser que l’armée syrienne pourrait rester, et sous quel prétexte? Les mobiles qu’on invoquerait seraient-ils admis par tous les Libanais? A qui veut-on faire croire que la décision est aux mains des autorités libanaises? Et à supposer qu’elles s’entendent entre elles pour estimer que le départ doit se faire, leur appartient-il vraiment d’en fixer le terme sans que Damas ne soit d’accord?» Le fait est que la question de la présence militaire syrienne, quoique mise en sourdine, divise depuis longtemps les Libanais. Certains estiment qu’après le retour de la paix civile, elle n’a plus lieu d’être. Surtout que nos forces régulières, armée en tête, ont largement prouvé à maintes occasions leur capacité à assurer l’ordre dans le pays. De plus, les accords de Taëf, contresignés et même garantis par la Syrie, précisent que les troupes syriennes devront se redéployer sur la Békaa puis de là commencer à regagner leur pays dans un délai maximum de deux ans après les réformes constitutionnelles, ce qui coïncidait avec le mois de septembre 1992, il y a presque six ans déjà. Comme M. Georges Saadé, leader des Kataëb, le rappelle volontiers, cette question avait suscité des débats serrés entre les participants à la conférence fondatrice de Taëf. Les députés de l’Est avaient beaucoup insisté pour qu’on fixât un délai pour le début du redéploiement et qu’on précisât avec exactitude les points de regroupement ainsi que la durée du séjour dans la Békaa. Certains d’entre eux avaient même estimé que les réformes devraient commencer après le départ des Syriens et non l’inverse. Le ministre séoudien des Affaires étrangères, l’émir Séoud el Fayçal, était alors intervenu auprès de ce groupe pour leur lancer: «Acceptez la formule proposée et soyez sûrs que nous ne vous laisserons pas tomber. Je vous dis cela en mon nom comme au nom du Comité tripartite arabe…» De son côté, le chef de l’Etat algérien de l’époque, Chadli Ben Djedid, déclarait que l’action de cette instance «allait se poursuivre, pour aider le Liban et les Libanais, durant toutes les étapes du processus, depuis l’application du document d’entente nationale jusqu’à la réalisation des retraits et le déploiement sur le terrain de l’autorité d’un Etat libanais fort». Le souverain chérifien Hassan II du Maroc renchérissait pour sa part en affirmant que le Comité allait «continuer à soutenir le Liban jusqu’au retrait du dernier soldat non libanais et jusqu’à ce que l’autorité légale libanaise étende seule la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire». Bien entendu, la guerre du Golfe a fait voler en éclats ce Comité arabe et ses belles promesses. Le bouleversement des données, l’alliance avec la Syrie contre l’Irak, ont sans doute fait que, le moment venu, les Américains n’ont pas trop insisté pour que le redéploiement se fasse. Et M. Georges Saadé estime que «les circonstances, locales aussi bien qu’internationalo-régionales, ont imposé le maintien du statu quo…». Il en évoque de multiples développements dont la conférence de Madrid qui a consacré en quelque sorte le jumelage des volets libanais et syrien qui par lui-même rendait le redéploiement sur la Békaa inopérable car cela aurait affaibli la position négociatoire des deux pays face à Israël. «Mais alors, se récrie la personnalité religieuse citée plus haut, il faut attendre pour parachever l’application de Taëf que la paix se fasse dans la région? Cela peut durer des siècles». Et de conclure: «Comme le patriarche Sfeir l’a indiqué, on ne doit pas exiger le départ syrien avant le retrait israélien. Mais une fois le Sud libéré, on ne voit pas comment la présente équation tiendrait encore. A moins que nos dirigeants ne proclament carrément que l’Etat libanais ne tient pas à sa souveraineté».
L’armée syrienne quitterait-elle le Liban si les Israéliens s’en retiraient? Cette question de TF1, le président Hafez el-Assad estime qu’elle doit être posée aux dirigeants libanais, non à lui-même, et promet d’être d’accord avec toute réponse qu’ils y apporteraient… Une réaction qu’un dignitaire religieux de l’Est juge «plutôt élusive» en se demandant...