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Actualités - ANALYSE

L'insécurité, une psychose ? sans doute, mais légèrement justifiée ...

Mieux vaut tard que jamais: grand leader de la région, Michel Murr promet aux habitants du Metn qu’ils n’auront plus à trembler, que les infortunées joaillières ne seront plus assassinées derrière leur comptoir, que les patrouilles de gendarmes en armes vont être doublées de voitures de police banalisées avec des inspecteurs en civil à bord, pour surveiller de près la pègre… Le ministre de l’Intérieur, tout en annonçant ces mesures d’exception, tient à dédramatiser les choses, à dégonfler la psychose, en affirmant que l’on a trop monté en épingle la montée en puissance de la criminalité… Ces propos qui se voulaient sans doute réconfortants ont eu un effet quasi contraire sur la population. «Il est toujours inquiétant en effet, relève un médecin en retraite qui use de métaphores professionnelles, de constater qu’un praticien procède à un diagnostic euphorisant, à partir de symptômes graves qui parlent d’eux-mêmes. Soit ce médecin traitant a des œillères et ne voit les choses que sous un angle obtus, ce qui n’est pas du tout rassurant pour la suite; soit il fait exprès de travestir les réalités, ce qui traduit pour le moins un mépris certain de l’intelligence de son patient, qui est peut-être malade d’angoisse mais n’en devient pas pour autant un idiot fini…». Un négociant se demande de son côté «si un double assassinat crapuleux commis en plein centre commercial, venant couronner une interminable série de hold-up, ne suffit pas pour que l’on parle de crise de sécurité. Qu’est-ce qu’il faut à M. Murr, qu’il y ait des dizaines et des dizaines de victimes? Pourquoi minimiser le problème, pour ne pas reconnaître qu’on n’a pas su le prévenir ni le traiter quand il a commencé à prendre corps et que l’Etat n’a pas assumé ses devoirs les plus élémentaires de protection?» De son côté, un ingénieur, qui ne craint toutefois pas de se contredire un peu, souligne que «s’il ne s’était agi que d’un problème mineur, comme le laisse malheureusement entendre notre collègue installé à l’Intérieur, le Conseil de sécurité n’aurait pas eu à se réunir comme il l’a fait. On se demande d’ailleurs à ce propos comment cette instance peut s’affirmer aussi certaine qu’il n’y aura plus de vols: est-ce que sa simple réunion va terrifier les malfaiteurs, les monte-en-l’air, les spécialistes du vol à l’arraché, les pickpockets, les bandits qui pratiquent l’agression à main armée sur une échelle industrielle? On peut au mieux supposer que pendant quelques jours, ils vont se tenir à carreau. Et ensuite le cycle reprendra, car tout le monde au Liban sait que l’Etat en place n’applique jamais ses propres résolutions pendant plus de deux ou trois semaines…». Un scepticisme qui doit choquer les responsables. «Mais il est encore plus choquant, soutient une mère de famille, d’entendre le ministre demander à la population de contribuer activement à la sécurité. C’est comme s’il s’en remettait à nous pour faire le travail ou s’il nous imputait d’avance la responsabilité des dérapages qui pourraient se produire». «Les détails évoqués, relève pour sa part un juriste, sont d’ailleurs un peu risibles: on nous dit d’installer des caméras-vidéo pour surveiller les entrées des immeubles et les parkings, comme si ces installations, du reste coûteuses, pouvaient empêcher seules les bandes organisées d’agir. Rien en réalité, et les professionnels le savent bien, ne peut remplacer une bonne police, bien informée — c’est essentiel — et bien entraînée pour les interventions rapides». Un psychologue conclut pour sa part par une double observation. «D’abord, dit-il, il est toujours dangereux de mélanger les torchons et les serviettes, d’appeler les citoyens à s’occuper de leur propre défense ou à se faire justice. Cela nourrit en eux un sentiment proche du fascisme et encourage par ailleurs des pratiques de délation qui peuvent être très perverses. Ensuite, il est intéressant de constater que c’est bien plus en «zaïm» de zone qu’en responsable de sécurité que le ministre a réagi: cela prouve à la fois son enracinement dans le Metn, ce qui est bien, et sa propension à le considérer comme une chasse gardée, ce qui est un peu plus discutable…».
Mieux vaut tard que jamais: grand leader de la région, Michel Murr promet aux habitants du Metn qu’ils n’auront plus à trembler, que les infortunées joaillières ne seront plus assassinées derrière leur comptoir, que les patrouilles de gendarmes en armes vont être doublées de voitures de police banalisées avec des inspecteurs en civil à bord, pour surveiller de près la...