Policiers en civil à bord de voitures banalisées pour lutter contre la criminalité

La psychose provoquée par la hausse inquiétante de la criminalité au Mont-Liban et plus particulièrement dans le Metn s’est quelque peu atténuée ces dernières 24 heures après les mesures prises par les forces de sécurité. Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a présidé une réunion extraordinaire du Conseil régional de sécurité du Mont-Liban précisément consacrée à ce dossier chaud. Selon lui, les derniers incidents qui ont eu pour théâtre cette région ont été sciemment amplifiés «pour des raisons politiques». Il a refusé de donner plus de précisions et a énuméré une série de mesures adoptées pour démasquer les auteurs des récents crimes et pour rassurer la population: état d’alerte, policiers en civil, voitures banalisées... Les municipalités ont également été associées à l’effort sécuritaire. M. Murr a incité les présidents des conseils municipaux et les moukhtars qui ont assisté à la réunion à améliorer l’éclairage des axes principaux et des rues secondaires. Parallèlement à la question sécuritaire, les dossiers socio-politiques devraient occuper à nouveau le devant de la scène avec la poursuite aujourd’hui de l’examen par les commissions parlementaires conjointes du projet de loi sur l’échelle des salaires du secteur public (VOIR AUSSI PAGE 4). Hier, le président de la Chambre, M. Nabih Berry, et le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, ont réaffirmé qu’un accord était intervenu pour l’ouverture d’une session extraordinaire au Parlement pour examiner, et éventuellement voter, ce projet qui concerne des dizaines de milliers de personnes. La session sera ouverte dès la fin des travaux des commissions conjointes. La normalisation des activités officielles se poursuivra mercredi avec la réunion du Conseil des ministres pour la première fois depuis trois semaines. En plus de son ordre du jour en 42 points, le gouvernement pourrait renouveler le mandat des trois vice-gouverneurs de la Banque du Liban qui s’achève à la fin de ce mois. Le doyen d’âge du Conseil de l’Université libanaise pourrait aussi être nommé recteur par intérim en remplacement de M. Assaad Diab dont le mandat de cinq ans expire dans deux semaines. La réunion du Conseil régional de sécurité s’est tenue au siège du caïmacamat du Metn en présence du commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire, M. Nasri Lahoud, du procureur du Mont-Liban, M. Chucri Sader, du mohafez Souheil Yammout, du caïmacam du Metn, M. Joseph Hobeiche, des responsables des Forces de sécurité intérieure (FSI), de l’armée et des différents services de sécurité, de la présidente de l’Union des municipalités du Metn, Mme Myrna Murr, des présidents des Conseils municipaux et des moukhtars des localités de la région. «Incidents amplifiés» A l’issue de la réunion qui a duré deux heures et demie, M. Murr a rappelé que les forces de l’ordre, en état d’alerte depuis deux jours, ont arrêté les membres de deux gangs soupçonnés d’avoir participé à plusieurs cambriolages. «Les patrouilles poursuivent leur travail, a-t-il dit. Certains agents de sécurité sont habillés en civil et se déplacent dans des voitures banalisé. Une vingtaine au total. Les autres sont revêtus de leur uniforme. Ils sillonnent la région et établissent des barrages fixes et font circuler des patrouilles à pied. L’état d’alerte a été rapidement décrété, mais nous ne pouvons pas maintenir cette situation exceptionnelle 24h/24». Selon M. Murr, le climat de panique et de peur qui règne dans le Metn a été alimenté par «l’exagération des derniers incidents. C’est- à- dire que lorsqu’il y avait dix incidents, on disait qu’il y en a eu 100. Le citoyen est resté cloîtré chez lui par crainte des voleurs». «Cette psychose créée dans cette région a une dimension politique que je n’aborderai pas, a ajouté le ministre. Il y a certainement une arrière- pensée politique que j’ignorerai parce que notre souci est de lutter contre la criminalité». M. Murr a appelé, «à travers les médias, les citoyens et l’opinion publique à ne pas amplifier les incidents et à ne se référer qu’aux communiqués publiés par les FSI qui donnent une image réelle de la situation afin de ne pas semer panique. Comme vous le savez, il y a d’abord eu un cambriolage dans la région de Hazmieh, puis un autre dans une bijouterie de Hamra et enfin le troisième (le meurtre de deux femmes propriétaires d’une bijouterie à Mazraat Yachouh). Il faut évidemment démasquer les auteurs de ces crimes et prévenir une réédition de ce genre de tragédie. Mais il ne faut pas provoquer une psychose», a-t-il dit. Le ministre a déclaré que «des instructions ont été données aux forces de l’ordre afin qu’elles renforcent les mesures de sécurité en restant en état d’alerte pour rassurer les citoyens».