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Actualités - REPORTAGE

Déchets industriels toxiques, eaux d'égoûts non traitées et dépotoirs menacent la faune et la flore marines Les côtes libanaises gravement polluées, avertit Greepeace (photos)

En octobre dernier, un canot pneumatique de Greenpeace a sillonné les côtes libanaises pour prélever des échantillons dans plusieurs endroits, notamment à la sortie de bouches d’égouts et près des dépotoirs. Plusieurs associations, dont Greenline, avaient alors participé à l’opération, suivie de près par les journalistes. Aujourd’hui, les résultats des analyses des échantillons sont prêts dans un rapport rédigé à l’Université d’Exeter en Angleterre où les analyses ont eu lieu. Les résultats sont accablants: la pollution est quasi généralisée sur les côtes libanaises, et les déchets industriels, parfois toxiques, sont bien présents, malgré «les déclarations des responsables qui adoptent le mythe selon lequel il n’y a pas de pollution industrielle sérieuse», comme l’indique le rapport. Les égouts, les dépotoirs, la pêche à la dynamite et au poison, et la négligence du citoyen achèvent de compléter ce sombre tableau. Le principal perdant: la «Grande Bleue» qui voit sa faune et sa flore, voire son écosystème en entier, dépérir de plus en plus chaque année... Hier, dans une conférence de presse, M. Fouad Hamdane, porte-parole de Greenpeace, a présenté officiellement le rapport à la presse, en compagnie de MM. Gaby Moussa, représentant de Greenline, et Mohammed Sarigi, président du syndicat des plongeurs sous-marins professionnels. «Plusieurs endroits sur la côte libanaise et plusieurs cours d’eau se déversant dans la mer sont pollués par un mélange toxique de déchets industriels, d’ordures provenant des nombreux dépotoirs, et d’eau usée non traitée véhiculée dans l’eau par des égouts: tel est le résultat du rapport scientifique rédigé par Greenpeace dans le laboratoire international de l’Université d’Exeter, en Angleterre», a déclaré M. Hamdane. L’analyse des 110 échantillons prélevés sur les côtes libanaises, dans les zones industrielles de la Békaa et dans un certain nombre de fleuves révèle d’importantes quantités de métaux lourds et de substances chimiques. «Plus des deux tiers des échantillons ont révélé un taux élevé de métaux et de matières organiques polluantes», a précisé le rapport. «Des déchets provenant de tanneries, d’industries de plastique, de pesticides et autres produits chimiques, de textile, de peinture et de ciment contribuent à augmenter le volume de cette pollution». Cette étude a également identifié des industries principalement responsables de la pollution, et elle les a nommées: «Greenpeace a identifié les industries polluantes au Liban, mais le rapport scientifique propose des alternatives pour les produits toxiques utilisés et des moyens de traitement des déchets toxiques. Des tanneries comme «La tannerie libano-espagnole» à Ghazié, les industries de ciment à Chekka et Sibline, des fabriques comme Mimosa et Sanita, des usines de produits pour peinture comme Tinol et de détergents comme Oteri, sont des sources majeures de pollution. Le producteur d’engrais, «Compagnie chimique libanaise» à Selaata, jette des produits acides directement dans la mer. De l’huile usée est également versée dans l’eau par des usines et des garages. Le producteur de pesticides, Adonis, et la fabrique de plastique, Mouannes, polluent sérieusement Nahr Ibrahim». M. Hamdane a également révélé que «Greenpeace a en sa possession des documents non officiels qui affirment que les déchets toxiques solides devront tripler en 25 ans, pour passer de 18.000 tonnes par an en 1994, à environ 64.000 tonnes en 2020». Bien que le rapport de Greenpeace affirme que la capacité de l’environnement marin à absorber ces quantités de déchets sera très bientôt saturée, il assure qu’il est cependant facile de bien gérer ce problème, si les mesures nécessaires sont prises. Mme Angela Stepenson, une chimiste de Greenpeace (qui avait prélevé elle-même les échantillons au Liban en octobre), considère que «le secteur de l’industrie au Liban est relativement réduit, et ce sont quelques petites et moyennes usines qui sont responsables de la pollution, mais en l’absence de grandes industries dangereuses, les déchets industriels peuvent être maîtrisés et traités efficacement». M. Hamdane a précisé que «ce rapport sera distribué aux trois présidents, Elias Hraoui, Nabih Berry, et Rafic Hariri, ainsi qu’au ministre de l’Environnement, Akram Chehayeb, au ministre de l’Industrie, Nadim Salem, au président de l’Association des industriels, Jacques Sarraf, et au président du CDR, Nabil el-Jisr». Il a ajouté que la campagne de Greenpeace fait partie d’une campagne régionale dans le cadre de l’«Année des Océans» décidée par les Nations Unies. Plus de poissons au Sud M. Gaby Moussa, représentant de Greenline, a insisté, dans une courte allocution, sur le danger des égouts qui déversent dans la mer une eau usée non traitée. «Les égouts, a-t-il dit, présentent plusieurs dangers: non seulement ils véhiculent des microbes qui causent des maladies parfois très graves, mais ils dérangent l’écosystème de la mer et en brisent l’équilibre, sans compter que la plupart des poissons que nous consommons sont pêchés près des bouches d’égouts». Le rapport insiste également sur un point: «Nous demandons aux autorités d’adopter le principe du «pollueur-payeur» afin de mettre un terme à cette crise écologique». Enfin, M. Mohammed Sarigi, président du syndicat des plongeurs sous-marins, a abordé la question des espèces mises en danger par la pollution de la mer. «Des poissons disparaissent parce qu’ils migrent pour s’éloigner de la pollution, d’autres espèces de flore n’existent plus, tout l’écosystème est en danger», a-t-il dit. A «L’Orient-Le Jour», M. Sarigi a précisé que «les poissons sont devenus rarissimes sur les côtes du sud du pays parce que les pêcheurs usent de la dynamite pour les tuer en masse». «Pour remédier à cette situation, les lois devraient être changées, et la surveillance des forces de l’ordre devrait se faire plus serrée, sans qu’aucun laxisme ne soit admis en la matière», a-t-il ajouté.
En octobre dernier, un canot pneumatique de Greenpeace a sillonné les côtes libanaises pour prélever des échantillons dans plusieurs endroits, notamment à la sortie de bouches d’égouts et près des dépotoirs. Plusieurs associations, dont Greenline, avaient alors participé à l’opération, suivie de près par les journalistes. Aujourd’hui, les résultats des analyses des...