Combats meurtriers au Kosovo à la veille de la rencontre Eltsine-Milosévic

Des combats, qui ont fait au moins sept morts et neuf blessés, ont repris hier au Kosovo entre forces serbes et indépendantistes albanais, à la veille de manœuvres aériennes de l’OTAN et d’une rencontre à Moscou entre les présidents russe Boris Eltsine et yougoslave Slobodan Milosevic (VOIR AUSSI P. 14). Cinq Albanais ont été tués dans l’ouest et le sud de la province, dont trois à 30 km au sud de Pristina, chef-lieu de la province, a indiqué la Ligue démocratique du Kosovo. La LDK, le parti du chef kosovar Ibrahim Rugova, a fait état de «violents combats» dans l’Ouest, limitrophe de l’Albanie. Elle a affirmé que d’importantes forces de police et de l’armée yougoslave ont bombardé des villages autour de Decani, détruisant une dizaine de maisons. Deux policiers serbes ont été tués dans cette région, l’un près de Djakovica, l’autre près de Decani, selon le ministère serbe de l’Intérieur, qui a également fait état de deux policiers blessés, tandis que la LDK a signalé un Albanais blessé. Selon le Centre d’information serbe, quatre soldats et un employé civil de l’armée yougoslave ont été blessés par des Albanais qui ont attaqué deux convois militaires, sur la route Prizren-Urosevac (Sud). Un policier a été blessé lors d’une attaque contre une patrouille sur cette route, selon la même source. Le ministère de l’Intérieur a attribué le déclenchement des hostilités à des «groupes terroristes» qui, selon lui, ont utilisé des armes automatiques, des mortiers et des lance-grenades. Cette nouvelle flambée de violence, après une journée calme samedi, est survenue à la veille du voyage de M. Milosevic à Moscou. Sa rencontre mardi avec le président Eltsine pourrait lui fournir une occasion d’annoncer des mesures souhaitées par la communauté internationale, qui réclame un cessez-le-feu, une présence d’observateurs internationaux et le retour des réfugiés kosovars dans leurs foyers. Plusieurs options militaires Le président russe a promis à ses partenaires occidentaux d’user de son influence sur les Serbes et son chef de la diplomatie Evgueni Primakov a estimé samedi que la visite de M. Milosevic offre «une possibilité de règlement pacifique de la crise au Kosovo». M. Primakov a renouvelé l’opposition formelle de la Russie à toute participation à une intervention militaire éventuelle contre la Yougoslavie. L’OTAN a annoncé pour lundi un exercice aérien en Albanie et en Macédoine, prélude éventuel à une intervention armée en cas de poursuite des violences au Kosovo. L’exercice «Faucon déterminé» réunira une quarantaine d’avions de différents types, chasseurs-bombardiers, avions-radar Awacs, avions de défense aérienne, avions de brouillage électronique, de reconnaissance équipés d’appareils photo et de caméras. Douze membres de l’OTAN ont annoncé leur participation à cet exercice dans le ciel de l’Albanie et de la Macédoine, qui devrait se limiter à des survols à basse et moyenne altitude, sans tirs au sol. Le secrétaire américain à la Défense William Cohen a prévenu qu’un échec de la rencontre Eltsine-Milosevic aurait «de très graves conséquences». «Il y a nombre d’options militaires qui sont examinées et auxquelles on pourrait faire appel dans l’avenir», a-t-il averti. Le secrétaire général de l’OTAN Javier Solana a affirmé que l’Alliance n’hésitera pas à recourir à une attaque aérienne «si la situation le demande au Kosovo, même si personne ne le veut». Le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright a qualifié la répression des autorités yougoslaves au Kosovo de «travail sanglant», assurant que la communauté internationale était déterminée à tout faire pour arrêter au plus vite cette politique de «nettoyage éthnique». «Les actes des Yougoslaves (...) ont pour effet de créer un groupe d’extrémistes au sein de la communauté albanaise du Kosovo», a-t-elle dit à la chaîne de télévision CNN.