Il y a quarante ans, Nicole Aractingi ouvrait sa boutique «Au Petit Point» en vendant le brillant hérité de sa mère. Au départ, et comme son nom l’indique, il s’agissait d’un magasin destiné à la vente d’ouvrages manuels. Comme les clients voulaient systématiquement acheter les bibelots qui décoraient la salle de vente, située à la rue Justinien à Hamra, Nicole Aractingi trouve une nouvelle source de revenus. Elle se fournit alors à Damas en vieux tissus, broderies, coussins, opalines... La demande se fait de plus en plus grande et les produits importés sont de plus en plus nombreux. Nicole Aractingi lance la mode des bouquets de fleurs séchées. Ses verres à «ma’zahr», ses pochettes à bord travaillé, ses plats à fromage connaissent un succès monstre. La boutique s’agrandit, une galerie de lustres est installée à l’arrière... A l’époque, les femmes qui gèrent des boutiques sont pratiquement inexistantes. Et pourtant, Nicole Aractingi réussit parfaitement son affaire. Deux ans avant le début de la guerre, comme les clients se plaignent des embouteillages, elle ouvre un nouveau point de vente à Achrafieh. Plus tard, durant les années de guerre, elle se rabattra sur Beit-Mery, Jounieh... au gré des bombardements. Dans sa nouvelle boutique d’Achrafieh, Nicole Aractingi propose toutes sortes d’articles concernant l’art de la table, des objets anciens, des lustres, de petits meubles... Comment les choisit-elle? «Au cours de mes voyages, je n’achète que les objets qui me plaisent et que j’aimerai avoir chez moi. J’essaye quand même d’avoir le plus grand choix possible dans différents styles. C’est parfois un déchirement de vendre certaines pièces anciennes qu’on aime».