La Russie émerge de la crise, mais les problèmes de fond demeurent (photo)

La Russie paraissait sortie vendredi du pire de la crise financière qui l’a secouée ces dernières semaines, avec le raffermissement de la Bourse et la baisse de ses taux d’intérêt, mais les problèmes de fond de son économie demeurent, avertissent les analystes (VOIR AUSSI P. 12). Les valeurs russes sont demeurées stables vendredi, après avoir regagné au total 20% de leur valeur depuis le début de la semaine. Le principal indice boursier, RTS, affichait 208,86 à 12h00 heure locale (08h00 GMT), contre 208,61 à la clôture jeudi soir. Signe d’un retour de la confiance, les rendements des bons du Trésor sur 12 mois étaient tombés vendredi à 47,56%, contre environ 65% mercredi. La veille, le gouvernement avait placé sans difficulté des euro-obligations pour un montant de 1,25 milliard de dollars. «Nous avons pris les mesures nécessaires et le pire de la crise est bien sûr derrière nous», a déclaré le premier ministre russe Sergueï Kirienko, en marge d’un sommet des pays riverains de la mer Noire à Yalta (Ukraine). «Les taux d’intérêt russes redescendront à leur niveau d’avant la crise d’ici peu, mais le problème du financement de la dette persiste», a ajouté le chef du gouvernement. La Banque centrale de Russie a annoncé jeudi que la situation financière s’était suffisamment stabilisée pour lui permettre de rabaisser de 150% à 60% son taux annuel de refinancement. Le taux des crédits lombards à court terme, de 3 à 20 jours, a également été ramené de 150% à 60%. Ces deux taux avaient été relevés de 50% à 150% le 27 mai par la Banque centrale, soucieuse de prévenir une dévaluation du rouble à un moment où les investisseurs étrangers désertaient en masse les marchés russes. Les actions russes avaient enregistré fin mai une baisse de 40% sur un mois, signe de l’inquiétude des investisseurs qui craignaient un effondrement du système financier russe en raison notamment du creusement du déficit public. Depuis, les pays du G7 ont indiqué être prêts à soutenir leur partenaire russe, et un responsable du FMI a annoncé que son institution allait débloquer fin juin une tranche de prêt de 670 millions de dollars bloquée depuis janvier. Les autorités russes ont, de leur côté, annoncé un plan de réduction des dépenses publiques de 42 milliards de roubles (environ 6,8 milliards de dollars) et une lutte accrue contre les fraudeurs au fisc. «La politique fiscale doit devenir extrêmement ferme. (...) Il faut désormais exiger et punir», a déclaré le président russe Boris Eltsine dans son message radiodiffusé hebdomadaire à la nation.