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Actualités - REPORTAGE

Zghorta: une dure bataille entre deux courants(photos)

A Zghorta, la bataille électorale qui opposait les leaders et notables de la ville s’est traduite par une tension à l’intérieur d’une partie des bureaux de vote, atteignant parfois le stade d’esclandres violents. Des incidents mineurs, dont deux qui ont pris une certaine ampleur, ont eu lieu en plusieurs endroits. Les élections à Zghorta se sont caractérisées par la présence d’un grand nombre de délégués des deux listes, notamment celle du «Renouveau de Zghorta», dans tous les bureaux de vote. La relation entre les représentants des deux listes passait de la tension dans certains bureaux à la franche camaraderie dans d’autres. Le vaste déploiement des forces de l’ordre a joué un rôle déterminant dans la bonne marche des élections. Quant aux notables de la ville, ils étaient unanimement satisfaits du déroulement des élections, même si leurs déclarations étaient assez vives l’un envers l’autre... Zghorta a été témoin, lors de ces élections, d’un bras de fer entre deux listes: l’une soutenue par le ministre Sleimane Frangié et l’ancien ministre Estephan Doueihy, et M. Robert Boulos, et l’autre par l’alliance quadripartite comprenant le député Nayla Moawad, et MM. Samir Frangié, Youssef Doueihy et Sélim Karam. Cette bataille a été qualifiée de lutte politique pour le pouvoir (ou la consolidation du pouvoir) par certains, de conflit de familles par d’autres, ou encore de choc de mentalités (entre changement et tradition) pour d’autres. Dans sa complexité, elle pourrait bien réunir tous ces facteurs. L’atmosphère dans les lieux de vote était assez tendue dans certains centres, plus décontractée dans d’autres. Certains scrutateurs se montraient cependant assez envahissants et méfiants, vérifiant furtivement les notes inscrites par les journalistes. Un délégué s’est même avisé d’arracher à une journaliste sa carte afin de vérifier son identité, et elle lui a fait remarquer qu’il n’était pas habilité à le faire. Altercations De toute façon, les électeurs se sont empressés de gagner les bureaux de vote tôt le matin. Vers treize heures, 50% d’entre eux avaient déjà voté un peu partout. La présence de personnes naturalisées a été notée dans quelques bureaux, mais leur nombre reste limité (quelque 200 pour tout Zghorta). De rares problèmes de cartes d’identité en mauvais état et de noms ne figurant pas sur les listes ont été signalés, donnant parfois lieu à des altercations entre les délégués, notamment ceux de la liste du «Renouveau», et les chefs de bureaux. Outre ces incidents mineurs, deux autres plus importants ont marqué la journée. L’un d’entre eux s’est passé au siège central de la municipalité: un délégué de la liste du «Renouveau» a protesté parce qu’un représentant de la «Liste de Zghorta» serait entré derrière l’isoloir avec un électeur, afin de lui donner le bulletin de sa liste. Une vive altercation a suivi, au cours de laquelle des éclats de voix et des échanges d’accusation ont été lancés. Les forces de l’ordre ont eu du mal à calmer les deux délégués. Le problème a attiré M. Georges Yammine, tête de la liste de Zghorta, qui s’est enquis de la raison de cette querelle. Interrogé sur la question, il a déclaré que «le problème est mineur et a fait plus de remous qu’il n’en méritait». «En fait, l’électeur était handicapé et avait besoin d’aide», a-t-il ajouté. Une fois le calme revenu, les deux délégués n’ont pas voulu commenter l’affaire. Ambiance tendue Un second incident est survenu au quartier de Maasir, où l’influence du ministre Frangié est prédominante. Là aussi, des délégués de la liste du «Renouveau» se sont plaints du fait qu’un lieutenant de la gendarmerie était venu voter sans une permission préalable. Les protagonistes en sont venus aux mains, selon un témoin. L’incident n’en a pas moins été considéré comme mineur par les personnes interrogées par la suite. Mais l’ambiance était tout de même tendue dans le bureau de vote qui a été le théâtre de cette querelle, parfois même entre les délégués d’une même liste. Mais ces incidents, qui ne se sont pas répétés, n’ont pas empêché les différents responsables et candidats de considérer que l’ambiance générale était positive, relativement calme et très démocratique. Des anecdotes diverses ont également ponctué la journée, notamment une série d’incidents relatifs à l’utilisation de l’isoloir: les chefs de bureaux devaient souvent obliger les électeurs à s’abriter des regards derrière le rideau servant d’isoloir, alors que ceux-ci n’avaient qu’un souci, voter ostensiblement pour le camp qu’ils soutiennent. Cela donnait lieu à des scènes quelque peu burlesques, comme celle où cette femme d’un certain âge a crié au chef du bureau: «Pour qui vous prenez-vous?», avant de faire semblant de se diriger vers l’isoloir et de placer, avant de l’atteindre, son bulletin dans l’enveloppe au vu et au su de tout le monde! Selon le chef du bureau, il s’agit là «d’un signe de fanatisme et d’une volonté de faire preuve de fidélité à un certain courant». D’autres anecdotes ont été provoquées par le manque d’expérience des électeurs dans le processus de vote. Ainsi, plusieurs ont confondu les urnes consacrées aux moukhtars et celles destinées aux membres de la municipalité. Cela a conduit les chefs de bureaux à se plaindre du fait que les deux urnes soient placées dans la même pièce. Signalons que ce problème s’était déjà posé au Mont-Liban. Une autre histoire très caractéristique s’est passée: un délégué a raconté qu’«un jeune homme qui votait pour la première fois a posé son bulletin dans une caisse qui se trouvait par hasard derrière l’isoloir, croyant que c’était là l’urne qui lui était destinée!». Frangié: Une bataille politique Si les bureaux de vote débordaient d’activité, les hommes politiques ont également eu une présence très marquée. Le ministre de la Santé, M. Sleimane Frangié, a déclaré à la presse que «la bataille à Zghorta est une bataille politique entre des courants qui existent depuis longtemps, pas un conflit entre les différentes familles, puisque celles-ci sont représentées dans les deux listes». Il a ajouté que «notre courant représente l’unité du Liban et son arabité, mais que représente le courant adverse?». M. Frangié a par ailleurs accusé certaines factions étrangères à la région de vouloir s’ingérer dans les affaires de Zghorta. A la question de savoir qui soutenait l’autre liste, il a répondu: «C’est la liste Johnny Abdo». Il a également vivement renié les accusations d’achats de voix qui l’ont visé ces derniers jours, faisant remarquer que «c’était une honte de parler de tels agissements à Zghorta». Il a assuré que «nous sommes tous frères et amis, et l’atmosphère changera radicalement après les élections». Nayla Moawad maintient ses accusations Pour sa part, le député Nayla Moawad a réitéré ses propos sur «les achats de voix et les pressions qui ont été exercées sur les gens ces derniers jours». Et d’ajouter: «Mais ces méthodes que nous n’approuvons pas ne nous empêchent pas d’être heureux que ces élections municipales, pour lesquelles nous avons longtemps combattu, aient eu lieu». En réponse à l’allusion de M. Frangié sur l’appartenance de la liste du «Renouveau» au courant de M. Johnny Abdo, Mme Moawad a déclaré que «je ne savais pas que M. Abdo était à la tête d’un courant, mais je sais que je le suis». A la question de savoir si la bataille concernait une consécration de leaderships, elle a répondu: «Si c’était le cas, je ne me serais pas battue depuis un an et demi à partir de Beyrouth pour que ces élections aient lieu et pour que Zghorta serve d’exemple». Par ailleurs, tous les notables politiques de la ville ont exprimé leur satisfaction quant au déroulement de ces élections, à leur caractère démocratique et au rôle des forces de l’ordre qui étaient déployées en force dans toute la ville. M. Estephan Doueihy, ancien ministre, a assuré que «le processus démocratique a prévalu lors de ces élections, et les propos sur des pressions et des achats de voix ne sont que paroles en l’air, parce que personne ne peut obliger le Zghortiote à faire quoi que ce soit». Pour sa part, M. Michel Moawad a souligné que «sur le plan sécuritaire, Zghorta a prouvé qu’elle pouvait être le théâtre d’une compétition démocratique sans effusion de sang». Les deux têtes de listes, MM. Georges Yammine pour la liste de Zghorta et Antoine Saadé pour la liste du «Renouveau» ont tous les deux affirmé que l’atmosphère des élections était calme et donnait une belle image de Zghorta.
A Zghorta, la bataille électorale qui opposait les leaders et notables de la ville s’est traduite par une tension à l’intérieur d’une partie des bureaux de vote, atteignant parfois le stade d’esclandres violents. Des incidents mineurs, dont deux qui ont pris une certaine ampleur, ont eu lieu en plusieurs endroits. Les élections à Zghorta se sont caractérisées par la...