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Actualités - ANALYSE

La bataille municipale de Beyrouth une gageur pour le chef du gouvernement

L’interview télévisée accordée il y a quelques jours par le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, à la Future Television est apparue pour la grande majorité des observateurs comme la suite du discours qu’il avait prononcé à l’occasion de la fête des Martyrs le 6 mai dernier. Le président Hariri — dont l’intervention a été suivie par un nombre de téléspectateurs de loin supérieur à celui des personnes qui avaient assisté au meeting de la place des Martyrs — a saisi l’occasion pour réaffirmer son attachement au respect de l’équilibre confessionnel au niveau du conseil municipal de la capitale et son appui aux candidats indépendants compétents. Il a par ailleurs souligné que la première étape des municipales aurait dû, selon lui, se dérouler à Beyrouth au lieu du Mont-Liban estimant que cela aurait pu avoir des retombées positives sur toute la suite du processus. Il reste que les propos tenus par M. Hariri n’ont pas eu l’heur de plaire à tout le monde. Certains lui ont en effet reproché d’avoir affirmé être opposé à l’entrée des partis politiques au conseil municipal de Beyrouth et de prôner l’élection de jeunes et d’hommes et de femmes expérimentés en mesure de servir tous les citoyens sans distinction aucune. Les règles du jeu A ceux-là, les milieux du chef du gouvernement ont répondu en soulignant que le président Hariri souhaite depuis toujours que les batailles électorales législatives et municipales soient menées par les partis politiques sur base de listes concurrentes comme cela est le cas dans de nombreux Etats comme les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne par exemple. Mais cela n’est pas le cas au Liban où aucun candidat ne se lance dans une bataille électorale sur base d’un système permettant la mise en place d’une majorité parlementaire et où toutes les alliances pré-électorales ne durent que le temps des campagnes et se défont dès la publication des résultats du scrutin. Pour ces mêmes sources, le président Hariri n’a rien contre les règles de jeu actuelles au niveau des législatives mais il ne peut admettre que ces mêmes règles soient suivies au niveau des municipales. Pour lui, en effet, il existe une grande différence entre le Parlement et la municipalité où tout doit tourner seulement autour des services à rendre et de la vie quotidienne. Un conseil municipal doit donc regrouper des personnes compétentes et indépendantes. Car, autrement, un conseil municipal composé de membres de partis perdrait toute cohésion et parviendrait à servir, tout au plus, une partie seulement des citoyens alors qu’il est supposé servir tout le monde sans distinction. C’est d’ailleurs dans cet objectif et pour donner l’exemple que le président Hariri a demandé à tous ses proches de s’abstenir de se lancer dans la bataille électorale municipale, ont encore indiqué les mêmes milieux. M. Hariri est d’ailleurs tombé d’accord sur ce plan avec le chef du Législatif, M. Nabih Berry, et avec le député Tammam Salam. Et s’il s’implique actuellement dans la préparation de la «bataille» électorale beyrouthine, c’est uniquement en raison de son souci de parvenir à la mise en place d’une liste confessionnellement équilibrée et formée de personnes indépendantes et compétentes. La question posée aujourd’hui est celle de savoir si le président Hariri parviendra à mettre en place une telle liste sans devoir proclamer ouvertement son appui à un «indépendant» face à d’autres candidats éventuels membres de partis. Dans l’affirmative, il aurait alors réussi une gageure, une «révolution par la base» susceptible de servir de précédent au moment des prochaines élections législatives et dans l’hypothèse où les partis seraient toujours aussi faibles qu’ils le sont aujourd’hui. Car l’échéance des élections a en fait mis en lumière les conflits latents entre les candidats et a plus divisé les rangs des opposants que ceux des loyalistes contrairement à toutes les prévisions. Et de nombreux parlementaires soutiennent aujourd’hui qu’ils ne s’attendaient pas à ce que les municipales provoquent des divisions et des dissensions au sein des familles. Auraient-ils pressenti cela qu’ils n’auraient pas, disent-ils, donné leur accord à l’organisation des élections dans les circonstances actuelles et qu’ils auraient exigé que soit préservé, par les textes, l’équilibre confessionnel. Ces mêmes parlementaires craignent aujourd’hui que les municipales n’influent négativement sur les alliances au sein du Parlement et sur les alliances qui seront conclues au moment des prochaines législatives. Ils craignent également que la coexistence et l’entente nationale n’en prennent un coup si l’équilibre confessionnel recherché dans les listes venait à être rompu par les électeurs. Il faudrait alors organiser au plus vite de nouvelles élections sur base d’une loi qui imposerait — par les nominations partielles ou par tout autre artifice — le respect de l’équilibre confessionnel.
L’interview télévisée accordée il y a quelques jours par le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, à la Future Television est apparue pour la grande majorité des observateurs comme la suite du discours qu’il avait prononcé à l’occasion de la fête des Martyrs le 6 mai dernier. Le président Hariri — dont l’intervention a été suivie par un nombre de...