Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

L'apologie de l'apolitisme : une manoeuvre politique !

C’est le comble du paradoxe: les politiciens, le président Hariri en tête, disent à la politique: ôte les mains des municipales! Et font le contraire de ce qu’ils disent, en ne s’occupant que de cela! En fait, persifle un opposant radical de l’Est, «en lançant le slogan «il faut dissocier les municipales de la politique», le chef du gouvernement veut simplement écarter les partis des conseils municipaux dont le personnel doit être à son avis formé de ces technocrates si chers à son cœur. Une réplique en somme du brillant CDR, ce super-ministère où le partage habituel du gâteau entre grands n’a pas cours, les cadres n’ayant d’yeux que pour la présidence du Conseil dont ils dépendent directement. Mais le fait est là: l’opinion, les gens sont tellement las de la caste politique que les soi-disant appels à l’apolitisme trouvent le meilleur écho populaire, chez les jeunes surtout. Ce qui oblige pratiquement la plupart des forces politiques à suivre le mouvement et à chanter en chœur les vertus de la compétence technocratique, hymne qu’entonnent à leur tour des cadres de formations bien structurées, de partis ou de courants divers qui proclament à qui mieux mieux qu’ils se refusent par civisme à présenter des candidats aux élections. Avec un ensemble touchant, les pôles répètent après M. Hariri qu’il faut une «nouvelle dynamique dans les villes et les villages». A se demander, ricane encore la même source, pourquoi il y aurait des élections si tout le monde est tellement d’accord. D’autant que, bonne ou mauvaise, la «dynamique nouvelle» en question va de soi, du moment qu’il n’a plus eu d’élections depuis 1963 et que la plupart des agglomérations sont sans conseil municipal depuis des lustres.» «Mais bien entendu, ajoute l’opposant, quand M. Hariri parle développement rationnel c’est surtout à Beyrouth qu’il songe. Laissant Saïda son berceau natal à sa sœur, qui accepte pour l’occasion de composer avec M. Moustapha Saad, il se focalise sur la capitale, seule capable de consacrer sa domination… politique au sein de la communauté sunnite et de conforter sa dimension, sa stature nationale. C’est d’autant plus normal qu’il y a le centre-ville, le projet de reconstruction titanesque qui est la base même de l’ère haririenne et qu’on ne saurait confier à des mains sinon inexpertes, du moins inamicales… M. Hariri a donc raison de parler de technocratie dans la mesure où sur un plan tout à fait technique il a besoin à Beyrouth, comme dans sa périphérie, d’édiles en qui il peut avoir confiance et qui ne chercheraient noise ni à Solidere ni à Elyssar, d’où à propos l’attention particulière qu’il porte à la banlieue-sud. La mise en garde contre la présence d’éléments partisans au niveau de la gestion urbaine ne vaut en fait que pour Beyrouth et à un moindre degré pour Tripoli, car c’est dans ces grandes villes seulement qu’un édile peut passer inaperçu s’il tente de faire prévaloir les intérêts de son parti au détriment des administrés. Ailleurs il n’y a vraiment pas moyen car aucun projet ne peut passer s’il n’est approuvé par la micro-collectivité concernée. C’est ce qui explique que dans beaucoup de villages de la montagne ou de la côte on voit aujourd’hui sur une même liste des notables venant de formations politiquement adversaires, voire de partis «ennemis héréditaires» comme les Phalanges et le PPS pour ne citer qu’eux. On constate en effet que les municipales, sauf à Beyrouth et à un moindre degré à Tripoli, sont bien une affaire de familles ou tout au plus de clans.» «M. Hariri, poursuit ce contempteur, veut faire de Beyrouth une «ville ouverte» politiquement neutre mais il n’hésite pas à se contredire en affirmant qu’il tend la main à tous, que le minibus pour la municipalité offre suffisamment de places — 24 comme on sait — pour que tous les courants y trouvent leur compte. Il reste donc à savoir si une liste consensuelle va pouvoir être formée… et dans quelle mesure elle serait technocratique ou panachée. Le tour de passe-passe ne sera en tout cas pas facile à réaliser car des partis comme le Hezbollah, par exemple, refusent de s’effacer et insistent pour présenter des candidats bien à eux. Et on ne peut pas leur donner absolument tort: les urnes, c’est la démocratie et la démocratie sans politique cela n’existe pas. Même pas à Gaza…»
C’est le comble du paradoxe: les politiciens, le président Hariri en tête, disent à la politique: ôte les mains des municipales! Et font le contraire de ce qu’ils disent, en ne s’occupant que de cela! En fait, persifle un opposant radical de l’Est, «en lançant le slogan «il faut dissocier les municipales de la politique», le chef du gouvernement veut simplement écarter...