Sharon Stone vampe La Croisette (photo)

Trois pas de danse avec un journaliste écossais, des larmes au souvenir d’un ami mort du sida: Sharon Stone, tour à tour rayonnante et émouvante, a séduit presse et public, électrisés par la présence de la star, venue présenter à Cannes son dernier film, «The Mighty», et présider la traditionnelle soirée de gala contre le sida. Avec elle, le glamour était de retour sur la Croisette. Depuis l’ouverture du festival, le 13 mai, on n’avait pas vu foule pareille à la montée des marches de l’héroïne de «Basic Instinct», en décolleté vertigineux dans le dos, escorté par Phil Bronstein, épousé le jour de la Saint Valentin. Fans, photographes et cameramen, surexcités, étaient au bord de l’hystérie à l’arrivée de Sharon Stone, qui s’est fait un peu attendre, sous le chaud soleil d’un jeudi de l’Ascension. Après Elizabeth Taylor et Demi Moore, l’actrice, qui a fait ses débuts dans «Stardust Memories» de Woody Allen, était la star du dîner qui réunissait plus de 300 V.I.P., dont Elton John, Elizabeth Hurley et Jeanne Moreau au Moulin de Mougins au profit de l’American Foundation for AIDS. La soirée à 2.500 dollars (15.000F) par couvert était placée sous le signe du sex appeal et des bonnes œuvres. Evoquant son action dans la lutte contre le virus HIV, l’actrice s’est soudain interrompue, les larmes aux yeux, lors de la conférence de presse. Elle s’est caché le visage dans les mains puis, après un moment de silence, elle a déclaré que c’était «un jour très spécial parce que cinq ans auparavant, jour pour jour, mon professeur de théâtre était entré à l’hôpital où il est mort du sida. Je ne crois pas aux coïncidences», a-t-elle dit. La reine du jour était arrivée en sobre tailleur beige, plus belle que jamais, tenant parla main les deux gamins-ados qui partagent avec elle l’affiche de «The Mighty». Sourire rayonnant et pleine d’humour, l’héroïne de «Last Dance» (de Bruce Beresford) a pris au mot un jour un journaliste écossais qui exprimait le vœu de danser avec elle: elle l’a fait monter illico sur l’estrade où, courtois, il lui a baisé la main et esquissé trois pas avec elle. La joueuse de «Casino» retrouve sur la Croisette Martin Scorsese, le réalisateur du film qui lui a valu une nomination à l’Oscar et qui préside le jury de cette 51e édition. Elle a présenté en séance spéciale «The Mighty» de Peter Chelsom, le réalisateur de «Funny Bones», l’histoire d’une amitié entre deux gamins de 12 et 13 ans, deux parias rejetés par les autres qui, grâce à leur amitié et à leur imagination, vont surmonter leurs difficultés et trouver affection et tendresse. Dans ce festival des marges qui accorde cette année une place spéciale aux handicapés et aux simplets, vrais ou faux (comme «Les idiots» de Lars Von Trier), Max Kane (Elden Henson), un garçon anormalement développé pour son âge, en situation d’échec scolaire, est victime des rebuffades et des moqueries des autres élèves. C’est un jeune handicapé, Kevin (Kieran, le petit frère de Macaulay Culkin), victime du syndrome de Morquio (une maladie qui le détruit progressivement) qui lui donnera le courage de faire face et de se surpasser. Kevin, un enfant chétif et déformé, mais un esprit brillant et moqueur, le fait pénétrer dans un monde imaginaire où ils deviennent les preux Chevaliers de la Table Ronde, prêts à affronter les dragons et à sauver les gentes damoiselles. Ensemble, grâce à leur amitié, l’un juché sur les épaules de l’autre, la tête et les jambes, ils affronteront la vie, même si les jours de Kevin sont comptés. Sharon Stone joue la mère courage du petit Kevin et Gena Rowlands et Harry Dean Stanton sont Grannie et Grognon, les grands-parents de Max.