Actualités - CHRONOLOGIE
Leur béatification remonte à 72 ans Les bienheureux martyrs Massabki
Par MASSABKI Jacqueline, le 20 mai 1998 à 00h00
Après saint Charbel, le moine canonisé en 1977, et la bienheureuse Rafqa, voici qu’à la fin de ce millénaire, un autre moine maronite vient d’être béatifié, le P. Nehmetallah Kassab el-Hardini. Pourtant ce saint et ces deux bienheureux que tout le monde prie et invoque ne sont pas les seuls de l’Eglise maronite... Trois autres, de simples civils, ont été élevés à la gloire des autels par le pape Pie XI le 7 octobre 1926, dans la même procédure et le même cérémonial... trois frères, morts pour ne pas avoir renié leur foi, Francis, Abdel Mohti et Raphaël Massabki, fils de Nehmé Massabki. Avant-guerre, l’autel de gauche à la cathédrale maronite St-Georges, à Beyrouth, leur était consacré. Devant un grand tableau, représentant les trois martyrs, les fidèles nombreux venaient prier et allumer des bougies, mais autel et tableau ont disparu... avec la restauration de la cathédrale. Peut-être un jour seront-ils remis à leur place... Un quartier de Damas Mais qui sont ces trois bienheureux? Les origines de leur famille remontent au XIIIe siècle: un prêtre maronite, marié, nommé Yacoub, vivait avec les siens à Damas dans un quartier nommé «Masback el-Barrani». On lui donna le surnom de Massabki. Il fut un jour obligé de quitter la ville pour se réfugier à Chypre où il mourut. Mais au XVe siècle, ses descendants retournèrent à Damas et y vécurent, et au milieu du XIXe siècle, ils étaient devenus une grande famille bien connue dans la communauté maronite de la ville. Une branche de cette famille comprenait Francis, l’aîné, qui avait huit enfants. C’était un riche commerçant, droit en affaires, un homme généreux qui secourait les pauvres et sa grande maison était ouverte à tout le monde. Sa popularité dépassa la Syrie, et, au Liban, on raconte que l’on sonnait les cloches dans les villages à son arrivée; mais il était avant tout un fidèle et pieux chrétien. Abdel Mohti vivait dans la maison de son frère Francis. Il passa sa vie dans l’enseignement et l’éducation des enfants. Lui aussi était un homme pieux. Quant à Raphaël, il vécut célibataire et pauvre, mais riche de l’amour de Dieu. En 1860, Ahmed Pacha gouvernait la Syrie, c’était un tyran et un sectaire et ses hommes de main furent chargés de semer des troubles qu’ils attribuèrent aux chrétiens. Ils se répandirent dans leurs quartiers, mirent le feu aux églises et commencèrent leur massacre, en profitant pour voler et ensuite brûler les maisons. Abdel Kader avait dépêché ses Algériens et grâce à lui beaucoup de chrétiens furent sauvés, grâce aussi à de nombreux musulmans. Les frères Massabki, quand ils comprirent que la situation devenait dangereuse pour les hommes, laissèrent femmes et enfants chez eux, pensant que les attaquants ne leur feraient pas de mal, et allèrent se réfugier au couvent des pères franciscains tout proche. Le père supérieur avait fait fermer toutes les portes, mais, par une porte secrète qu’on avait oubliée, et guidés par un habitué de la maison, les envahisseurs s’y introduisirent. Le massacre commença: huit religieux franciscains, sept espagnols et un autrichien, furent tués et les trois frères Massabki, Francis au pied de l’autel de la Vierge, Abdel Mohti à la porte de l’église et Raphaël, qui fut trouvé dans un coin du couvent. C’était le 10 juillet 1860. Un reliquaire à Damas Le calme revenu, les trois frères furent inhumés avec les pères franciscains... 66 ans plus tard, en accord avec le patriarche maronite, le nonce apostolique, les évêques dont Mgr Chémaly, archevêque maronite de Damas, adressèrent une lettre au Saint-Père lui demandant de béatifier les trois frères en même temps que les pères franciscains, car «ils ont donné leur vie à la même date et pour la même foi». Le Saint-Père donna rapidement suite à cette demande et Mgr Salotti fut envoyé à Beyrouth, puis à Damas, pour étudier les documents et interroger les témoins. Et le 7 octobre 1926, les 8 pères franciscains et les frères Massabki furent béatifiés. Parmi la foule, il y avait une délégation venue du Liban, comprenant Mgr Chémaly, le père Gebrail Achkouty, supérieur des moines aleppins, le père Youssef Khoury Aramouni, supérieur des moines antonins, des délégations du Liban et d’Europe et des parents des martyrs. Les portraits des martyrs furent exposés et la cérémonie se déroula suivant le faste habituel des béatifications. L’Eglise maronite fête les bienheureux frères Massabki le dimanche qui suit le 12 juillet de chaque année. A Damas, dans l’église des franciscains, à Bab Touma, se trouve un reliquaire contenant des ossements des martyrs.
Après saint Charbel, le moine canonisé en 1977, et la bienheureuse Rafqa, voici qu’à la fin de ce millénaire, un autre moine maronite vient d’être béatifié, le P. Nehmetallah Kassab el-Hardini. Pourtant ce saint et ces deux bienheureux que tout le monde prie et invoque ne sont pas les seuls de l’Eglise maronite... Trois autres, de simples civils, ont été élevés à la gloire des...
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