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Actualités - ANALYSE

Une sourdine aux attaques, mais le conflit subsiste

Les «amis communs», dont le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr, n’y ont rien pu: aussi obstiné l’un que l’autre, MM. Nabih Berry et Rafic Hariri campent sur des positions d’un rationalisme vague mais d’un antagonisme certain. Il n’y a donc toujours pas d’accord ou de réconciliation politique. Les médiateurs ont cependant obtenu que les intéressés mettent une légère sourdine à leur échange de féroces amabilités. L’entourage des deux coqs de combat avoue avoir reçu des directives de mobilisation maintenue, et doute pareillement que les choses reviennent à la normale de sitôt. Ou sans une intervention conciliatrice, un arbitrage (classique n’est-ce pas) des décideurs… L’argumentaire, dans un camp comme dans l’autre, est un tissu de prétextes alambiqués, vaseux, qui cache mal que la véritable raison est liée directement à la présidentielle. Ainsi les haririens attribuent le conflit à des causes subjectives voire mentales relevant selon leurs termes «d’une approche tout à fait différente de la méthodologie de travail, du style qu’il convient d’adopter dans le traitement des affaires publiques. Il faut donc pour en sortir s’entendre sur une plate-forme commune de comportement et de réflexion politiques». On croirait entendre un de ces pédants conférenciers universitaires qui parlent tant pour ne rien dire. Abandonnant un peu le langage pseudo-philosophique pour faire un brin de morale, ces haririens accusent M. Berry «d’adopter des positions qui ne servent pas l’intérêt public ni l’édification d’un Etat des institutions. Une attitude qui découle par certains côtés d’une mentalité incorrigiblement milicienne…». Et d’ajouter que «cela ne sert à rien de réclamer, après ouverture des dossiers, des enquêtes sur les scandales et de sévères sanctions contre les coupables qui doivent être jetés en prison car il faut traiter les causes avant les effets. Il est donc nécessaire pour passer à une logique d’Etat moderne, avant toute autre démarche, de gommer la tradition des bazars, des arrangements de complaisance et des compromissions…». Ce qu’on appelle ordinairement le «partage», règle d’or de la troïka et, jusque-là, de ses néo-dénonciateurs haririens. Ces derniers battent d’ailleurs volontiers leur coulpe, et indiquent que leur chef même «ne cesse de reconnaître, depuis le fameux discours du 6 mai dernier, que des fautes ont été commises par les trois gouvernements qu’il a dirigés. Et que lui-même assume une part de responsabilité dans ces égarements. Il a eu le courage d’avouer. Il faut donc que les autres, dont le président de la Chambre, fassent de même. La consolidation de la paix civile a entraîné des concessions socio-politiques pratiquement inévitables, au détriment de l’Etat. Ce stade est dépassé et on doit aujourd’hui mettre un terme à de telles pratiques, pour édifier vraiment un Etat des institutions immunisé contre les dérapages». Les haririens appellent donc à un examen de conscience généralisé. Vive riposte «Ils ont bonne mine, réplique un partisan de M. Berry, car après tout ce sont eux qui ont introduit le ver dans le fruit et répandu la corruption partout. Et puis s’il faut se repentir, s’il faut procéder à un examen de conscience comme ils disent, le meilleur moyen c’est de s’en remettre à la justice, comme nous le proposons. En fait, ce qu’ils veulent, à travers leurs gesticulations, c’est qu’on passe l’«apuration» des comptes, et l’épuration des mœurs politiques, à la trappe, sous le prétexte aussi fallacieux que vague qu’on doit s’atteler à l’édification d’un Etat des institutions, en oubliant tout le reste. Leur charabia moralisant n’est qu’une fausse parade, du reste dangereuse pour ce même Etat des institutions dont ils parlent. Car l’important ce n’est ni l’aveu en soi ni l’attribution de la responsabilité, mais le traitement des conséquences et la mise en place d’un système prévenant la répétition des fautes commises. C’est pourquoi il faut en référer à la loi. Nous sommes pour notre part les premiers à accorder à M. Hariri les lauriers de César. Car, comme M. Berry le lui a lancé, ce n’est pas une simple «dawla mazraa» (Etat-ferme ou Etat-fromage) que le milliardaire a voulu mettre en place mais un véritable Empire étendant ses tentacules sur l’Administration comme sur la vie politique du pays. Avant de nous parler de paille dans notre œil, qu’il ait donc l’obligeance de se souvenir de la poutre qui orne le sien, lui qui tente de tout monopoliser, même les médias…». Et ainsi de suite. Comme on voit, c’est dans la plus suave des harmonies que les uns ou les autres édifient l’Etat des institutions. Ce rêve qui n’est pas le seul agrément, tant s’en faut, que ces bretteurs sans peur et sans reproche partagent…
Les «amis communs», dont le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr, n’y ont rien pu: aussi obstiné l’un que l’autre, MM. Nabih Berry et Rafic Hariri campent sur des positions d’un rationalisme vague mais d’un antagonisme certain. Il n’y a donc toujours pas d’accord ou de réconciliation politique. Les médiateurs ont cependant obtenu que les intéressés mettent une...