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Actualités - ANALYSE

Une lutte d'influence tout à fait inutile ...

Un ministre influent proche de Damas s’émerveille, avec un réalisme qui frise le cynisme, de «cette fraîcheur d’esprit qui pousse MM. Nabih Berry et Rafic Hariri à se colleter dans la cour de récréation, en pensant qu’en remportant cette joute l’un ou l’autre pourrait faire arriver un homme de son choix à Baabda. Comme s’ils ne savaient pas, l’un et l’autre, que la décision est ailleurs. Et qu’en outre, plus il se disputent, mieux ils se neutralisent réciproquement pour ce qui est de donner un avis, de formuler un quelconque souhait qui soit écouté». Et de regretter «cette pagaille d’autant plus inopportune que cette fois, à cause de diverses considérations d’ordre diplomatique impliquant notamment un geste de bonne volonté à l’égard des Français, les décideurs étaient résolus à élargir la marge de manœuvre des Libanais en ce qui concerne l’élection présidentielle, à tenter en somme de tenir compte de leurs vœux après en avoir fait la synthèse…». Un progrès en effet si on se rappelle qu’en 1995, la prorogation avait été imposée contre la volonté de la quasi-totalité des parties libanaises… Le ministre «informé» reprend: «Peut-être que MM. Hariri et Berry, sachant qu’ils n’ont pas vraiment leur mot à dire dans la présidentielle, ne se livrent un bras de fer qu’en fonction de la formation du prochain Cabinet et du partage que cela devrait impliquer. Si c’est le cas, ils font fausse route totalement, car il est évident que la configuration de ce gouvernement en perspective dépend entièrement de celle du prochain régime, dont on ne sait encore strictement rien. Il serait d’ailleurs déloyal, mais surtout nocif, d’imposer au futur président de la République une quelconque combinaison ministérielle concoctée sans lui, fruit d’un probable consensus de prétendue réconciliation entre les deux présidents mahométans. Nocif disons-nous, car, dès le départ le nouveau chef de l’Etat en voudrait aux autres pôles du pouvoir et le climat d’antagonisme malsain de la troïka en serait perpétué pour six années supplémentaires, au grand dam de la population et de la situation socio-économique. Ceci sans compter que, d’entrée de jeu, le nouveau président de la République, refusant le fait accompli qu’on voudrait lui faire endosser, pourrait ruer dans les brancards et bloquer la formation d’un nouveau Cabinet. Un régime qui commencerait par une crise du pouvoir, c’est ce qui risque donc d’arriver si MM. Hariri et Berry persistaient dans leurs manœuvres». «Chaque chose donc en son temps et c’est ce que Damas s’évertue à nous répéter», insiste ce loyaliste. «Il faut attendre, avant de penser au gouvernement, la mise en place du nouveau régime. Qui d’ailleurs doit lui-même respecter la volonté de la majorité parlementaire pour le choix d’un président du Conseil. Qui à son tour doit consulter la Chambre… On est donc très loin du compte au stade actuel. Selon la nature du prochain régime, il faudra voir s’il penche pour une formation ministérielle extraparlementaire de technocrates et d’hommes d’affaires, s’il souhaitera au contraire une équipe très politisée ou encore panachée, sans parler du volume numérique qui peut être pléthorique comme aujourd’hui, moyen ou restreint… Puis, on établira les priorités du gouvernement, le tout devant comme on sait faire l’objet d’un accord à la base entre le premier ministre désigné, qui peut avoir des conditions à poser, et le chef de l’Etat. Il faudra voir, notamment, si on va confirmer ou non l’annulation des fameuses résolutions de réforme proclamées par la troïka aux termes de l’accord dit de Baabda, recommandations restées jusque-là lettre morte, si l’on excepte la tenue des municipales au printemps dernier. En principe du reste, le système de la troïka doit être aboli. C’est ce que promettent les intéressés eux-mêmes, mais on sait malheureusement que c’est difficile voire impossible, car tant qu’ils sont en place, c’est la règle du «partage du gâteau» qui sévit d’une manière pratiquement inévitable. L’enfer est pavé de bonnes intentions, mais, conclut ce ministre, le fait même que les présidents Berry et Hariri veulent brûler les étapes en multipliant les accrochages au sujet de quelque chose qui n’existe même pas encore, prouve amplement que l’esprit de la troïka ne mourra pas de sitôt…».
Un ministre influent proche de Damas s’émerveille, avec un réalisme qui frise le cynisme, de «cette fraîcheur d’esprit qui pousse MM. Nabih Berry et Rafic Hariri à se colleter dans la cour de récréation, en pensant qu’en remportant cette joute l’un ou l’autre pourrait faire arriver un homme de son choix à Baabda. Comme s’ils ne savaient pas, l’un et l’autre, que...