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Actualités - ANALYSE

Troïka : la trêve commence à se lézarder en coulisses

C’est malheureux à reconnaître, mais les relations entre les trois présidents ne sont toujours pas au beau fixe, malgré la réconciliation opérée lors du sommet de Lattaquié. Les loyalistes placés aux avant-postes d’observation ne cachent pas qu’il leur semble quasi impossible que la trêve puisse tenir longtemps. C’est que l’approche de la double échéance, les municipales d’abord puis les présidentielles, affole comme qui dirait la gent politique et rend difficile que la lutte d’influence, décisive pour au moins deux des trois camps en présence, puisse se poursuivre à fleurets mouchetés. «Les coups ne vont pas tarder à pleuvoir» prédit avec amertume un ministre proche aussi bien de Baabda que de Koraytem et à un moindre degré de Ayn el Tiné. Selon d’autres sources informées «pour le président Elias Hraoui, qui l’a accepté tout à fait à contrecœur, le gel du projet de mariage civil ne doit être que provisoire: le temps pour la direction générale de l’état-civil de pondre un deuxième rapport, plus pointu, sur le texte. Ce délai doit être en principe mis à profit pour que l’on parvienne à un arrangement de fond. Si cela ne devait pas être, M. Hraoui pourrait bien relancer publiquement les enchères assez vite. Il n’a en effet plus que quelques mois devant lui et de ce fait même considère qu’il n’a plus rien à perdre en engageant une telle bataille. Il pourrait y ajouter d’autres thèmes conflictuels qui lui tiennent à cœur, comme les révisions constitutionnelles qu’il réclame depuis longtemps, sans les avoir encore proposées officiellement au Conseil des ministres, carte qu’il conserve dans sa manche». Ces personnalités mettent en garde également contre «la pression populaire qui rend difficile la persistance du blocage du relèvement de l’échelon des salaires dans le secteur public. Un réajustement promis depuis longtemps et retardé à cause du manque de moyens, les caisses du Trésor étant vides. Mais comme des dizaines de milliers de familles sont concernées, l’Etat étant de loin le premier employeur du pays, il est à craindre que nombre de pôles politiques ne puissent résister à la tentation de démagogie et ne se remettent à exiger bruyamment qu’on accorde leur dû aux fonctionnaires. Ce qui du même coup remettrait sur le tapis, en relançant de plus belle la polémique, les autres projets onéreux gelés faute de finances, comme le développement des régions déshéritées et le retour des réfugiés». Les mêmes observateurs notent que «M. Hraoui est loin d’adopter un profil bas ou calme dans ses interventions publiques. Devant le congrès des parlementaires d’origine libanaise, il n’a pas hésité, en laissant de côté le texte neutre qu’on lui avait préparé, à se répandre en critiques sèches, pour rejeter notamment «l’Etat à trois têtes».Il a préconisé l’élection de son successeur au suffrage universel «par le peuple directement», ce qui implique un régime présidentiel redonnant tout son lustre à la première magistrature. Une proposition qui bien entendu ne saurait plaire ni au président du Conseil ni à celui de la Chambre dont les pouvoirs seraient réduits d’autant. Parallèlement, M. Hraoui recommande la mise en place d’un gouvernement «qui soit pour tous les Libanais», ce qui signifie que l’actuel ne remplit pas cette condition». «Même flot de remarques devant la Ligue maronite». rappellent ces sources. «A cette occasion, le chef de l’Etat a surtout martelé le clou de la crise économique et financière dont il impute la responsabilité à la stratégie suivie par M. Rafic Hariri…» «On frise donc, soulignent ces sources, la rupture d’armistice et la rupture tout court entre le président de la République et le chef du gouvernement. Ce dernier, qui n’est pas en fin de parcours comme M. Hraoui, ne semble pas pour sa part vouloir risquer ses billes et s’abstient encore de répondre aux piques qui lui sont lancées. Mais à la longue, et surtout si le chef de l’Etat devait prendre des initiatives déterminées en Conseil des ministres, M. Hariri ne pourrait pas refuser d’engager encore une fois le fer, aussi désireux soit-il de respecter les recommandations conciliatrices du président Hafez el Assad. D’autant qu’à force de se laisser attaquer sans riposter il risquerait de perdre de son prestige, entendre du crédit dont il a besoin pour marquer des points aussi bien dans les municipales que dans les présidentielles». La troïka des querelles semble donc avoir devant elle quelques beaux jours. Et le spectacle de ses empoignades serait aussi divertissant que regrettable. Comme toujours.
C’est malheureux à reconnaître, mais les relations entre les trois présidents ne sont toujours pas au beau fixe, malgré la réconciliation opérée lors du sommet de Lattaquié. Les loyalistes placés aux avant-postes d’observation ne cachent pas qu’il leur semble quasi impossible que la trêve puisse tenir longtemps. C’est que l’approche de la double échéance, les...