Actualités - CHRONOLOGIE
Un numéro de la revue Madina consacré à Saïda
le 07 avril 1998 à 00h00
Saïda s’étale sur quelque 160 pages dans le No3 de «Madina», revue bi-annuelle éditée à Paris. Au sommaire, la ville exhibe sa mémoire: de l’histoire antique à l’émir Fakhreddine, en passant par les récits et les représentations iconographiques des Orientalistes. Richard Chahine, Talal Majzoub, Eric Bachy et Hareth Boustany dévoilent l’identité et la singularité de la vieille ville. Côté urbanisme, Eric Bachy, Amine Bizri et Marlène Ghorayeb déclinent la forme de la madina, les transformations du XXe siècle et les propositions d’aménagement, en 1956, de l’architecte-urbaniste français Michel Ecochard. Saïd Zulficar ancien secrétaire général du «Prix Agha Khan d’architecture» et ancien directeur-adjoint de la division du patrimoine culturel à l’UNESCO, présente l’élément majeur du patrimoine Mamelouk à Saïda, la grande mosquée al-Omari. Rappelons que suite aux dégâts subis par les bombardements israéliens en 1982, la mosquée avait fait l’objet d’une importante entreprise de restauration récompensée par le prestigieux «Prix Agha Khan», en 1986. Ahmed Kalach, président de la municipalité de Saïda, met quant à lui l’accent sur les pratiques artisanales, commerciales et sociales de la médina. Et Saleh Lamei Mostafa directeur du Centre du patrimoine architectural islamique Héritage du Caire signe «La méthodologie scientifique de restauration des monuments». Des monuments abandonnés depuis 1979 Ernest Will ancien directeur de l’IFAPO, Jean Laufray et Camille Asmar traitent de l’archéologie française au Levant, des aménagements antiques du port de Saïda et d’Echmoun. On trouve ensuite un article de Jad Tabet sur le littoral libanais, derechef une étude d’Eric Bachy cette fois sur le front de mer, une approche de la réhabilitation du vieux centre de la ville par Bernard Fonquernie, et un SOS lancé par Rolf Stucky, directeur de l’Institut d’archéologie de l’université de Bâle, pour la sauvegarde du temple d’Echmoun, dont nous publions ci-dessous le texte: Situé au bord du Nahr el-Awali à 3 km au nord de Saïda, le sanctuaire du dieu guérisseur Echmoun remontant au 1er millémaire av. J.-C. représente le plus important des sites phéniciens de la côte libanaise. Malheureusement, l’état actuel du chantier interdit la reprise «normale» de toute fouille. Les monuments abandonnés depuis 1979 par l’archéologue Maurice Dunand ont en effet subi pendant les années de guerre de graves dégâts tantôt dûs par la nature (végétation et infiltration d’eau), tantôt par l’homme (fouilles clandestines, vols, cassure des figures humaines des mosaïques). Dans ces conditions, il est clair que la conservation, la restauration, la consolidation et l’aménagement du site entrent en priorité absolue. L’eau provenant des jardins alentours ainsi que la riche végétation n’ont fait qu’aggraver les fissures des blocs en calcaire local, faisant même basculer des murs entiers. Les quelques poutres en bois qui constituaient les seuls éléments de stabilisation du profond couloir intérieur du «Podium» donnant accès aux inscriptions royales phéniciennes, ont pourri sous l’action combinée de la pluie et de la chaleur. Au-delà de la mauvaise qualité du calcaire, ces problèmes d’instabilité ont été accentués par les pratiques incorrectes de l’archéologue qui, s’attardant sur les parties les plus anciennes du sanctuaire, a délaissé sur d’étroites rangées ou des tas de terre de longs murs ou parfois même des ensembles entiers d’architecture — «chapelle du nord», maison d’époque romaine —. Cette méthode de fouilles ajoutée aux intempéries ont provoqué le basculement de plusieurs murs des maisons romaines, des murs nord-est de la «piscine du trône d’Astarté», murs d’enceinte de la «chapelle nord», mur sud-ouest du bassin sacré au pied nord-est du «Podium». Vol de sculptures La réalisation d’un programme de travail peut se faire en plusieurs étapes. Il est toutefois urgent d’entreprendre les travaux de première priorité que sont la consolidation et la reconstruction partielle des structures rongées ou même démolies par la végétation et la pluie. Si les autorités libanaises n’interviennent pas immédiatement, d’autres murs — la partie haute du couloir à l’intérieur du «Podium» avec les inscriptions royales phéniciennes et l’angle sud-ouest de celui-ci, le mur sud-ouest de la «piscine du trône d’Astarté» et plusieurs murs de soutènement au pied ouest du «Podium» — risquent de s’écrouler sous peu. Le danger de blesser ou — dans le cas extrême — de tuer des visiteurs est réel et ne doit pas être sous-estimé. Aussi, afin d’assurer la longévité des monuments (blocs, murs, mosaïques), faudra-t-il demander dorénavant l’avis de spécialistes libanais et étrangers. Enfin, le vol de presque la totalité des sculptures — statues, reliefs et architecture — provenant du sanctuaire et déposées dans un dépôt de la Direction Générale des Antiquités à Byblos est à déplorer. Vue qu’une bonne partie des objets n’a pas de valeur marchande, les quelques 600 fragments de sculpture et d’architecture devraient être recherchés non seulement sur le marché d’antiquités européen et américain mais aussi dans les collections privées locales».
Saïda s’étale sur quelque 160 pages dans le No3 de «Madina», revue bi-annuelle éditée à Paris. Au sommaire, la ville exhibe sa mémoire: de l’histoire antique à l’émir Fakhreddine, en passant par les récits et les représentations iconographiques des Orientalistes. Richard Chahine, Talal Majzoub, Eric Bachy et Hareth Boustany dévoilent l’identité et la singularité de la vieille ville. Côté urbanisme, Eric Bachy, Amine Bizri et Marlène Ghorayeb déclinent la forme de la madina, les transformations du XXe siècle et les propositions d’aménagement, en 1956, de l’architecte-urbaniste français Michel Ecochard. Saïd Zulficar ancien secrétaire général du «Prix Agha Khan d’architecture» et ancien directeur-adjoint de la division du patrimoine culturel à l’UNESCO, présente l’élément majeur du...