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Actualités - ANALYSE

Dossier régional : Beyrouth s'inquiète de la passivité arabe

A Beyrouth un ancien ministre dont les avis restent très écoutés se demande «ce qu’attendent les Arabes pour réagir avec fermeté à l’obstructionnisme de Netanyahu. Qu’espèrent-ils, que les Etats-Unis viennent à leur secours, eux qui viennent de se faire infliger par Netanyahu un retentissant camouflet, à travers son refus d’aller chez Clinton pour une nouvelle rencontre avec Arafat… Les Arabes pensent-ils de même que ce sont les malheureux Européens ou les pauvres Russes qui vont les sortir du pétrin en envoyant des émissaires dans la région… Non, relève ce mentor de la diplomatie locale, la seule pression à laquelle Netanyahu reste sensible est celle de la violence. Seule la crainte d’une flambée d’attentats en Israël et d’opérations sanglantes de la résistance peut le faire plier. Car sa hantise, comme il le souligne sans cesse depuis son accession au pouvoir, c’est cette sécurité qu’il place avant même la paix. Qu’elle en vienne à être sérieusement menacée et il serait amené à réviser ses calculs». Et de répéter que «de toute évidence l’Union européenne ou les Russes ne disposent pas d’un arsenal efficace de pressions, économiques ou autres, sur Israël. Les Etats-Unis eux-mêmes, père nourricier de l’Etat hébreu, sont ligotés de l’intérieur par l’action d’un lobby sioniste qui est ultra-puissant au Congrès. En 1991, le président George Bush avait réussi à obliger Yitzhak Shamir à se rallier à la conférence de Madrid en lui coupant la garantie d’une ligne de crédit de dix milliards de dollars pour ses équipements militaires. Mais prenant acte, pour les réduire à néant, de ces capacités de domination U.S., le lobby sioniste a noyauté le Sénat et la Chambre des Représentants de manière telle que l’Administration américaine en place n’ait pratiquement plus prise sur Tel-Aviv, toute décision de rétorsion cœrcitive qu’elle envisagerait comme pression étant immédiatement bloquée par les parlementaires, républicains et démocrates mélangés du reste. Le président Clinton s’est vu ainsi à plusieurs reprises contré par le Capitole dans sa politique étrangère. Et c’est la deuxième fois que Netanyahu lui dit «non» et même le cloue au pilori en proclamant avec arrogance qu’il ne le laissera rien dicter, sans qu’il puisse faire autre chose qu’accuser le coup». Atermoiements «Si l’on y regarde de près, enchaîne cette personnalité, on constate que depuis le début du second mandat présidentiel l’Administration U.S. se démène rien que pour sauver les formes et rester en mesure d’affirmer que le processus n’est pas complètement mort. Autrement dit, depuis l’avènement de Netanyahu on n’a cessé de reculer et c’est en vain qu’Albright ou Clinton lui-même tirent la sonnette d’alarme puis interviennent pour faire avancer un peu les choses sur le volet palestinien où Netanyahu traite entièrement à sa manière les accords d’Oslo. Quand le premier ministre israélien ne se lance pas dans des provocations inouïes, il lâche juste assez de lest pour gagner du temps et en définitive s’arrange pour ne rien concéder, juste comme on vient de le voir à propos du taux de redéploiement en Cisjordanie. Et le facteur temps joue nettement en sa faveur: dans un an les Etats-Unis entreront dans la période préparatoire des présidentielles, l’élection intervenant à l’automne de l’an 2000. Certes Clinton n’est pas concerné cette fois, puisqu’il n’a pas droit à un troisième mandat consécutif; mais il doit songer à son camp, et devra donc s’abstenir de toute action en profondeur pour ne pas compromettre éventuellement les chances du parti démocrate. Pour ainsi dire, à partir de l’année prochaine, les Américains se retrouvent sur la touche, sinon hors-jeu et Netanyahu n’a qu’à attendre…» Ce point d’analyse peut paraître à vrai dire assez peu précis, «accurate» diraient les Américains. En effet l’entrée en campagne électorale, qui intervient une fois tous les quatre ans, ne peut pas vraiment paralyser pour toute une année une puissance comme les Etats-Unis. S’il y a des blocages de décisions, ils se rapportent le plus souvent à des questions d’ordre intérieur qui seules intéressent vraiment l’électorat, non aux dossiers de politique étrangère qui ne comptent que très peu dans la campagne. Laquelle, en outre, n’accapare évidemment pas tout le personnel gouvernemental ou administratif qui doit bien continuer à fonctionner… Toujours est-il que Netanyahu est évidemment intéressé à gagner du temps, comme le prouvent ses incessantes demandes de report des rencontres consacrées au volet palestinien. «Le risque est que cet homme, dit l’ancien ministre, ne cherche à mettre en action des agents provocateurs pour qu’il puisse de nouveau mettre les Palestiniens sur la sellette, les accuser de ne rien faire pour juguler le «terrorisme» et en tirer prétexte pour refuser de discuter avec eux, voire le cas échéant pour réoccuper leur territoire autonome, comme il a déjà menacé de le faire…» Et de noter ensuite avec pessimisme qu’ «Albright, après avoir énoncé quelques principes vient de préciser que c’est la dernière fois qu’elle visite la région et met la main à la pâte, tant que les protagonistes ne se seront pas décidés à faire avancer le processus de paix. La réponse est venue via Washington lui-même: là le lobby sioniste a réussi à faire signer à 81 sénateurs sur cent une motion priant instamment Clinton de cesser d’exercer des pressions sur Netanyahu! Les travaux d’approche des Européens n’ont de leur côté rien donné du tout, malgré les risettes de Blair à Netanyahu qui pourtant avait presque insulté le ministre britannique des A.E. A ce stade, si les Arabes ne se ressaisissent pas, s’ils ne prennent pas une initiative ferme, tout l’édifice risque de s’écrouler» conclut sombrement cet ancien ministre.
A Beyrouth un ancien ministre dont les avis restent très écoutés se demande «ce qu’attendent les Arabes pour réagir avec fermeté à l’obstructionnisme de Netanyahu. Qu’espèrent-ils, que les Etats-Unis viennent à leur secours, eux qui viennent de se faire infliger par Netanyahu un retentissant camouflet, à travers son refus d’aller chez Clinton pour une nouvelle...