Rencontre Albright-Netanyahu demain à Washington Les Etats-Unis refusent de jeter l'éponge

En dépit du camouflet infligé par Benjamin Netanyahu à l’Administration US en refusant une première réunion prévue au départ pour hier lundi, le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright rencontrera demain mercredi à Washington le premier ministre israélien, attestant de la volonté des Etats-Unis de ne pas jeter l’éponge dans le processus de paix israélo-palestinien. Le président Bill Clinton a pris la décision de demander à son secrétaire d’Etat de rencontrer M. Netanyahu à la suite des idées «positives et utiles» discutées par celui-ci durant le week-end avec l’émissaire américain, Dennis Ross, a indiqué la Maison-Blanche. M. Ross a fait hier un compte rendu de la mission qu’il venait d’effectuer à Jérusalem afin d’essayer de convaincre M. Netanyahu de participer hier à un sommet à trois à la Maison-Blanche avec M. Clinton et le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. «Le but de ces discussions sera d’essayer de surmonter les divergences qui subsistent, afin que nous puissions passer immédiatement aux négociations accélérées sur le statut final» des territoires palestiniens et de Jérusalem, a affirmé le président Clinton dans un communiqué publié par la Maison-Blanche. Mme Albright «m’informera ensuite si, à la suite de ses discussions avec le premier ministre, les conditions sont remplies pour lancer ces pourparlers à Washington», a poursuivi le président. Pour sa part, le porte-parole du département d’Etat, James Rubin, a précisé que ces discussions de mercredi permettront «d’examiner certains éléments positifs (...) pour voir si nous pouvons effectuer la percée nécessaire afin de lancer les négociations» sur le statut final. Les Palestiniens paraissaient sceptiques hier après l’annonce de cette nouvelle réunion: «M. Netanyahu cherche à gagner encore du temps», a commenté laconiquement Saëb Erakat, le négociateur en chef palestinien. De Bruxelles, où il s’était rabattu après l’annulation du sommet de Washington d’hier, le président de l’Autorité, Yasser Arafat, a déclaré pour sa part que la relance du processus de paix incombe «à tous les signataires de l’accord d’Oslo». M. Netanyahu doit arriver à Washington en fin de journée mercredi pour cet entretien avec Mme Albright, puis rencontrer des membres du Congrès et, à New York, des représentants de la communauté juive américaine. Auparavant, des responsables américains avaient assuré hier que les Etats-Unis espéraient encore parvenir à un accord d’ici la fin du mois. «Je ne pense pas que cela a complètement échoué», a affirmé un haut responsable, soulignant que les propositions américaines pour relancer le processus de paix israélo-palestinien restaient sur la table et qu’un sommet dans les semaines à venir était toujours possible. «Il est clair que nous restons engagés dans le processus et nous allons tout simplement continuer à marteler» nos idées pour le relancer, avait indiqué le responsable sous couvert de l’anonymat. Le président américain avait convoqué un sommet à trois pour hier dans la capitale fédérale avec le premier ministre israélien et le dirigeant palestinien Yasser Arafat, visant à conclure un accord sur l’ampleur du retrait israélien de Cisjordanie. Cet accord devait lancer dans la foulée des négociations accélérées sur le statut final des territoires palestiniens. Mais cette tentative a échoué le week-end dernier après le refus du premier ministre israélien d’accepter la condition mise par Washington à sa participation à ce sommet, à savoir son accord pour un retrait supplémentaire de 13% de l’armée israélienne de Cisjordanie. L’annonce de la nouvelle entrevue entre Mme Albright et M. Netanyahu semble corroborer en tout cas des informations parues dans la presse israélienne selon lesquelles un compromis est encore possible. Selon des médias israéliens, M. Ross devait en effet présenter au président Clinton une nouvelle formule de compromis susceptible de déboucher sur un sommet israélo-palestinien à la fin du mois. Selon plusieurs quotidiens israéliens, Israël se plierait sur la forme aux exigences des Etats-Unis, déjà acceptées par les Palestiniens, et accepterait le principe d’un retrait de ses troupes de 13,1% de la Cisjordanie. Mais une partie de ce redéploiement serait différé de plusieurs mois. La décision américaine de poursuivre les efforts de paix est aussi destinée à rassurer Israël, mais le département d’Etat a clairement indiqué que la réunion de mercredi était peut-être celle de la dernière chance. Au cours de sa visite aux Etats-Unis, M. Netanyahu doit notamment participer à une assemblée générale du lobby pro-israélien, le Comité américano-israélien pour les Affaires publiques. (Reuters, AFP)