Cannes : les trous coups, demain soir

Le Festival international du film de Cannes, l’événement cinématographique le plus prestigieux avec la cérémonie des Oscars, frappe les trois coups de sa 51e édition demain soir avec, pour la première fois de son histoire, un jury à moitié féminin pour décerner la palme d’or. 22 films briguent un trophée au design remodelé, qui sera décerné le 24 mai par le jury présidé par Martin Scorsese, vétéran américain du festival qui a lui-même décroché la palme en 1976 avec «Taxi driver». Le réalisateur de «Casino» sera entouré de quatre «grâces», les actrices Lena Olin, Winona Ryder et Sigourney Weaver et l’écrivain cubain Zoé Valdes. En revanche, pas une seule femme, ni un seul Africain n’est en lice pour la palme. Gilles Jacob, le délégué général, grand prêtre de cette messe du 7e Art, promet un meilleur cru que l’an dernier, lors du cinquantenaire du festival, avec le retour de «fidèles» tels que les Britanniques Ken Loach et John Boorman, le toujours surprenant Danois Lars von Trier, le Woody Allen italien Nani Moretti, le Grec Angelopoulos, le Taïwanais Hou Hsiao-hsien notamment. La sélection fait la part belle aux Américains, qui ouvrent et ferment le festival en fanfare et présentent quatre films en compétition. Il revient à John Travolta, star de «La fièvre du samedi soir» et de «Pulp fiction», de lever le rideau en sosie du président Clinton dans «Primary Colors» de Mike Nichols. C’est le monstre nippon «Godzilla» de Roland Emmerich avec Jean Reno qui baissera le rideau, le 24 mai. Mais le pays-hôte se taille une belle part du gâteau. Non seulement la France a quatre films en lice pour la palme mais elle a produit ou coproduit la moitié des films en compétition, selon l’hebdomadaire Le Film Français. «Claire Dolan» de l’Américain Lodge Kerrigan, «Aprile» de Nanni Moretti, «My name is Joe» de Ken Loach, «L’éternité un jour» de Theo Angelopoulos, «The Hole» de Tsai Ming-liang ont tous de l’argent français. En tout, seize pays sont représentés en sélection officielle (en et hors compétition). A l’affiche d’«Un certain regard» figurent deux palmes d’or, le Japonais Sohei Imamura et le Britannique Roland Joffe, mais aussi le grand maître suédois Ingmar Bergman. Cette section accueille aussi la benjamine du festival, l’Iranienne Samira Makhmalbaf, 18 ans, et, en séance spéciale, le fidèle doyen, le Portugais Manoel de Oliveira, 90 ans cette année. Pendant une douzaine de jours, stars, strass, paillettes et innombrables paparazzi, fans et chasseurs d’autographes vont être sous les feux des projecteurs sur les 1.500 m qui séparent le Martinez, le dernier palace sur la Croisette, des marches du palais, aussi appelé le «bunker». On annonce un plateau scintillant, de quoi faire rêver le cinéaste le plus mégalomane et animer les fêtes et les nuits cannoises, avec au générique Gérard Depardieu, Carole Bouquet, Johnny Depp, Jean Reno, Gong Li, Sophie Marceau, Jeanne Moreau, Bruce Willis, Cameron Diaz, Matt Dillon, Ewan McGregor, les Blues Brothers Dan Aykroyd et John Goodman, Mira Sorvono, Johnny Halliday, entre autres. Il y aura aussi les nouveaux talents, encore inconnus, dont ce sera le baptême du feu, tels que Erick Zoncka qui présente le seul premier film de la compétition ou les 24 autres candidats à la caméra d’or, un trophée créé il y a 20 ans par Gilles Jacob pour récompenser un premier long métrage. Ce prix concerne aussi les sections parallèles, la Semaine internationale de la critique et la Quinzaine des réalisateurs, qui souffle ses trente bougies cette année. Le 7e Art étant une industrie, Cannes accueille également le Marché international du film, une véritable ruche où s’affairent vendeurs, acheteurs, exportateurs du sous-sol du palais aux suites des palaces et aux yachts ancrés dans la baie, avec plus d’un millier de projections et des contrats ronflants annoncés à grand bruit. (AFP, Reuters)