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Actualités - ANALYSE

Echelles des salaires : le gouvernement se défausse sur le parlement ...

La petite manœuvre du gouvernement qui, en bon joueur de bridge, s’est défaussé sur eux de l’échelle des salaires fait évidemment grogner les parlementaires. On sait en effet que tout en transmettant l’augmentation des traitements à la Chambre pour approbation, le Conseil des ministres s’est abstenu de fixer les surtaxes qui devraient approvisionner le rétroactif de cette charge financière qui court sur deux ans. Une dérobade qui rend la Chambre co-responsable devant les salariés du public maintenant que le témoin de relais lui a été passé. Mais objectivement, et bien qu’en définitive la tactique porte surtout préjudice aux fonctionnaires, il est assez difficile de donner tort à l’Exécutif. On sait en effet que tout en réclamant à cor et à cris, sur un mode tout à fait démagogique, cette augmentation, les députés freinaient des quatre fers, sur un ton tout aussi démagogique au sujet des surtaxes devant financer l’opération. «Quand on veut une chose et son contraire, il faut savoir assumer», souligne donc un ministre à l’adresse des députés. Toujours est-il qu’en filigrane apparaissent encore une fois des tensions au sein de la troïka. «Il est évident, indique un ministre informé, que M. Rafic Hariri s’est hâté de faire approuver l’échelle des salaires et de la transmettre à la Chambre parce qu’il avait appris, de bonne source, que M. Nabih Berry comptait se saisir du sujet pour en faire un nouveau cheval de bataille et se lancer dans des attaques contre le gouvernement. Pour doubler le plaisir, si l’on peut ainsi s’exprimer, M. Hariri a en même temps pris soin de «mouiller» le Législatif en ce qui concerne le financement de la partie rétroactive de l’opération, la partie active étant couverte comme on sait par la majoration de 2% sur les produits importés.» Une version d’épisode que conteste pour sa part un haririen selon qui «ce n’est pas du tout pour faire une niche à M. Berry que le président du Conseil a expédié cette question, bien au contraire. Il a voulu en effet d’abord honorer de vieux engagements du gouvernement à l’égard des fonctionnaires; et ensuite épargner à M. Berry l’obligation de se lancer dans une campagne critique contre le Cabinet, ce qui aurait altéré des rapports bilatéraux que M. Hariri souhaite toujours harmonieux car il est homme de concorde et d’apaisement…» Et d’ajouter que «la priorité du Sud, les échéances des municipales comme des présidentielles rendent plus impérative que jamais l’unité des rangs, ne serait-ce qu’au niveau des leviers du pouvoir. Dès lors, toutes les actions, toutes les initiatives de M. Hariri s’inspirent étroitement des recommandations de coopération intérieure répétées lors du sommet de Lattaquié par le président Hafez el-Assad». Il n’empêche que l’opposition se frotte les mains pour sa part. Un radical souligne ensuite que «la troïka continue à se donner des coups de pied sous la table. Ce n’est pas du tout un cadeau que M. Hariri fait à M. Berry en lui adressant un texte non assuré de financement, bien au contraire, et on va voir maintenant comment le président de la Chambre va prendre les choses… Mal, probablement…». Ce qui est d’autant plus réjouissant vu du camp d’en face que, ajoute cette même personnalité, «bientôt dans les municipales au Sud les deux hommes vont probablement en découdre. Puis, quand on passera aux présidentielles, ce sera l’apothéose. Ils risquent de se livrer une lutte d’influence d’autant plus féroce qu’en quelque sorte ils auront à se partager les dépouilles opimes du carré hraouiste qui se trouvera à peu près hors jeu, étant en fin de carrière. Les coups bas vont pleuvoir et nous, nous allons les compter…» En attendant, il y a de quoi s’inquiéter sur le front socio-économique que l’affaire de l’échelle des salaires ne fait qu’alourdir. Car tôt ou tard, le temps probablement que les 2% soient d’abord digérés, les autorités vont faire flamber les taxes pour payer les fonctionnaires. Et le contribuable est aux bords de la faillite, tandis que commerçants et même industriels poussent les hauts cris face à la facture douanière. Il est vrai que suite aux remarques en Conseil des ministres du ministre de l’Industrie M. Nadim Salem, le gouvernement s’est engagé à examiner la liste des produits pour exempter ceux destinés à nos fabriques. Mais côté promesses, et surtout promesses non tenues, le pouvoir n’est jamais en reste, soulignent méfiants les hommes d’affaires…
La petite manœuvre du gouvernement qui, en bon joueur de bridge, s’est défaussé sur eux de l’échelle des salaires fait évidemment grogner les parlementaires. On sait en effet que tout en transmettant l’augmentation des traitements à la Chambre pour approbation, le Conseil des ministres s’est abstenu de fixer les surtaxes qui devraient approvisionner le rétroactif de...