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Actualités - CHRONOLOGIE

Paris et Bonn préparent depuis 4 mois l'accord sur la BCE

L’accord sur la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) intervenu au sommet de Bruxelles est le fruit de quatre mois de tractations entre la France et l’Allemagne, selon des sources diplomatiques européennes. Mais ce compromis, qui verra le Néerlandais Wim Duisenberg quitter «volontairement» ses fonctions en 2002 pour laisser la place au gouverneur de la Banque de France Jean-Claude Trichet, a failli capoter dans la soirée lorsque le ministre allemand des Finances Theo Waigel a soulevé des objections d’ordre constitutionnel. L’Allemagne avait réagi avec irritation à la décision de la France, en novembre 1997, de présenter la candidature de Jean-Claude Trichet à la BCE alors que les dirigeants des 15 banques centrales de l’Union européenne — dont le gouverneur de la Banque de France — avaient coopté leur collègue néerlandais. Ce coup de force des banquiers centraux, alors que le Traité de Maastricht stipule que le choix du président de la BCE est du ressort des autorités politiques, avait mis hors de lui Jacques Chirac que Trichet n’avait informé qu’après coup. Le chancelier Helmut Kohl a pris réellement conscience en janvier de la menace d’un veto français à un mandat de huit ans pour Duisenberg, ce qui l’a amené à explorer l’hypothèse d’un mandat écourté, rapportent des diplomates. Cela n’empêchait pas ses ministres de prendre publiquement position en faveur du Néerlandais, présenté comme un champion de l’orthodoxie monétaire à l’allemande. «Il n’y a pas eu dans cette affaire du tout de problème franco-allemand, il y a eu un problème franco-néerlandais», a assuré Jacques Chirac en rendant hommage à la «vision longue de l’Europe» du chancelier Kohl. En marge de leur sommet avec la Pologne le 21 février à Poznan, Jacques Chirac a suggéré que Wim Duisenberg se retire à 65 ans — ce qui lui aurait laissé à peine deux ans à la tête de la BCE — alors que Helmut Kohl penchait pour une durée de cinq ans, précisent les diplomates. Le chancelier a reconnu dimanche, lors de sa conférence de presse de Bruxelles, qu’il savait depuis un moment déjà que Wim Duisenberg n’effectuerait pas un mandat plein de huit ans. Kohl a accepté de sonder le premier ministre néerlandais Wim Kok, avec qui Chirac a des relations exécrables depuis ses déclarations sur la permissivité des Néerlandais en matière de drogue et la reprise des essais nucléaires français en 1995. Les discussions privées ont repris à Londres le 3 avril, lorsque Chirac, Kohl et Kok se sont retrouvés au sommet Europe-Asie présidé par Tony Blair — médiateur tout désigné du fait de la présidence britannique de l’Union européenne. «On ne rit pas» Selon les diplomates le premier ministre britannique a mis du temps pour prendre la mesure du problème, peut-être parce qu’il avait l’esprit occupé par les négociations de paix en Irlande du Nord et par un difficile déplacement à venir au Proche-Orient. «Blair semblait content de laisser Kohl s’en charger. Il ne s’est véritablement impliqué que dans la semaine qui a précédé», a rapporté un diplomate. Après le marathon de samedi, le président du Conseil italien Romano Prodi et le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker ont l’un et l’autre critiqué la gestion de ce dossier par la présidence britannique, estimant qu’elle avait insuffisamment préparé le terrain. Tony Blair a eu des conversations téléphoniques avec Helmut Kohl et Jacques Chirac dans la semaine, avant de se rendre vendredi aux Pays-Bas pour tenter de «vendre» à Wim Kok un compromis largement inspiré de la position allemande. Le chef du gouvernement néerlandais était en position délicate à l’approche des élections législatives du 6 mais, tout comme Helmut Kohl qui, confronté à une opinion publique toujours hostile à l’abandon du mark, pouvait difficilement multiplier les concessions à quatre mois des élections fédérales de septembre. Dès l’arrivée des dirigeants européens à Bruxelles samedi matin pour le sommet de l’euro, Blair a pris l’initiative de réunir Kohl, Kok, Chirac et le premier ministre français Lionel Jospin pour tenter de parvenir à un accord avant le déjeuner. La réunion a échoué. Le président français a exigé, sous peine de veto, que le sommet arrête une date précise pour le départ anticipé de Wim Duisenberg et officialise le nom de Jean-Claude Trichet pour lui succéder. Kok et Kohl ont refusé qu’une date soit fixée. Les heures ont passé, rythmées par des apartés de Blair et Juncker avec leurs homologues français, allemand et néerlandais. En fin de journée, Blair mettait la dernière main à une proposition donnant une date pour le départ du premier président de la BCE. Theo Waigel s’y est opposé, arguant qu’un tel compromis aurait constitué une entorse à Maastricht — au risque d’être rejeté par la Cour constitutionnelle allemande qui veille au respect du traité sur l’union monétaire. La délégation allemande a cependant démenti tout tiraillement en son sein. Wim Duisenberg a débloqué la situation en publiant un communiqué expliquant qu’il quitterait ses fonctions de son propre gré, pour des raisons personnelles, et sans avoir subi de pressions. «On ne rit pas», a dit Jacques Chirac qui venait de provoquer l’hilarité des journalistes en insistant sur le caractère volontaire de ce retrait. La mine défaite devant plusieurs centaines de reporters, Helmut Kohl, lui, ne riait pas. (Reuters).
L’accord sur la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) intervenu au sommet de Bruxelles est le fruit de quatre mois de tractations entre la France et l’Allemagne, selon des sources diplomatiques européennes. Mais ce compromis, qui verra le Néerlandais Wim Duisenberg quitter «volontairement» ses fonctions en 2002 pour laisser la place au gouverneur de la Banque de...