Actualités - OPINION
Courrier Le silence de la douleur (photo)
Par AVEDISSIAN Gérard, le 24 décembre 1998 à 00h00
Aucun contrepoids n’existe aujourd’hui face aux États-Unis, et la manière dont les Américains ont traité les Nations unies dans la crise irakienne est préoccupante pour l’avenir, estime le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine. Invité mardi à dresser devant le Parlement français un premier bilan politique de l’opération américano-britannique «Renard du Désert», le chef de la diplomatie a montré une certaine désillusion, selon le compte-rendu de ses auditions rendu public mercredi. «Le déroulement de la crise irakienne illustre l’existence d’une hyperpuissance américaine qui s’affirme, sans contrepoids, dans tous les domaines des relations internationales», a-t-il déclaré. La France a avancé des pistes de réflexion pour tenter de mettre un terme aux crises à répétition avec Bagdad. Mais Paris «ne peut rien imposer» et «doit s’efforcer de convaincre et de trouver des partenaires qui partagent ses positions», a-t-il expliqué. Hubert Védrine a rappelé à cette occasion les positions critiques des pays du Golfe. «Les pays de la péninsule arabique trouvent tous la position française trop complaisante à l’égard de l’Irak et, selon l’interprétation anglo-saxone bien connue, y voient des raisons mercantiles», a-t-il commenté. «Quant au Maghreb (...), les propositions de la France ne provoquent pas de réaction», a-t-il ajouté. Seule l’Égypte s’est «réjouie de la convergence de nos vues avec les siennes», a-t-il indiqué. La France éprouve également des difficultés avec ses partenaires et alliés. «La grande majorité des pays occidentaux partage largement la position américaine» face à la question irakienne, a-t-il affirmé. Quant aux États membres de l’Union européenne, «dans une situation de crise, ils peinent à définir une position commune», a-t-il souligné. «On peut stigmatiser le projet d’une politique étrangère commune. Mais espèrer que la France puisse, tel un joueur de flûte, entraîner à elle seule tous les pays derrière elle, est encore plus utopique», a-t-il argumenté en réponse aux critiques des élus. Hubert Védrine refuse toutefois de baisser les bras. «La France travaille, noue des contacts avec tous ses partenaires, s’efforce de définir une position commune européenne sur cette question (la sortie de crise), agit pour restaurer l’unité et l’autorité du Conseil de sécurité», a-t-il assuré. Ce dernier point est jugé comme le plus préoccupant pour l’avenir par le chef de la diplomatie française. Paris s’inquiète surtout de la volonté de Washington de ne pas lier les missions de l’Otan, son instrument militaire en Europe, à un éventuel véto aux Nations unies. «À la faveur du cas irakien, les États-Unis n’ont pas vraiment avancé dans leur projet d’affranchir l’Otan de l’autorité du Conseil de sécurité. Ils se sont efforcés d’obtenir du Conseil atlantique une résolution que la France a bloquée, estimant que cette instance était incompétente en la matière», a révélé Hubert Védrine. «Mais la question d’une auto-saisine de l’Otan n’est pas réglée», a-t-il assuré. La question devrait être évoquée lors du prochain sommet de l’Alliance en avril prochain à Washington.
Aucun contrepoids n’existe aujourd’hui face aux États-Unis, et la manière dont les Américains ont traité les Nations unies dans la crise irakienne est préoccupante pour l’avenir, estime le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine. Invité mardi à dresser devant le Parlement français un premier bilan politique de l’opération américano-britannique «Renard du...
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