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Actualités - ANALYSE

Nouveau mandat - Lahoud et Hoss d'accord L'abolition du confessionnalisme, un objectif sérieux

Les présidents Lahoud et Hoss sont d’accord sur un point théorique : il faut cultiver le sens proprement national des Libanais. Et œuvrer pour cela, avec sérieux, en vue de l’abolition du confessionnalisme politique. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Dans de nombreux articles, M. Hoss présente le confessionnalisme comme un fléau qui divise le pays et en soumet la stabilité à de rudes épreuves par les frictions qu’il provoque. Sur le plan pratique, on attend les nominations administratives pour voir dans quelle mesure le nouveau pouvoir va appliquer les préceptes taëfistes recommandant la suppression des sélections à base communautaire. Et même au niveau de la première catégorie, il devrait y avoir désormais régulièrement (tous les trois ans) rotation des postes, pour empêcher la rouille. On se demande, cependant, ce que deviendrait dans un pareil système le critère indispensable de compétence et d’expérience. En tout cas, le gouvernement ne demande pas dans sa déclaration ministérielle la mise sur pied du comité national prévu dans Taëf et ne prend pas d’engagement ferme dans le domaine abolitionniste. Car il sait que c’est un projet de trop longue haleine. Il se contente donc de promettre sa coopération à la Chambre pour toute mesure allant dans le sens de la suppression du confessionnalisme. Soulignant que cette responsabilité est essentiellement du ressort du législatif, en vertu de l’article 95 de la Constitution. Qui dit : «L’Assemblée nationale, élue à parts égales entre chrétiens et musulmans, est tenue de prendre les dispositions nécessaires pour la suppression du confessionnalisme politique conformément à un programme par étapes et de former un comité national, sous la présidence du président de la République et qui comprendra en plus du président de l’Assemblée nationale et du président du Conseil, des personnalités politiques, intellectuelles et représentatives. La mission de ce comité consistera en l’élaboration de propositions susceptibles de faire avancer l’abolition du confessionnalisme afin de les soumettre à l’Assemblée nationale et au Conseil des ministres et de poursuivre l’exécution des étapes de ce programme. Dans une période transitoire, les communautés seront équitablement représentées dans la formation du ministère. La règle de la représentation confessionnelle est abolie pour que soient prises en considération la spécialisation et la compétence dans la fonction publique, la magistrature, les organismes militaires et de sécurité, les établissements publics ou mixtes, en conformité avec les exigences de l’entente nationale, à l’exception des fonctions de première catégorie et ce qui peut leur être assimilé. Ces postes seront répartis à parts égales entre les chrétiens et les musulmans, sans spécification d’aucune fonction pour une communauté déterminée, afin d’appliquer les principes de spécialisation et de compétence». Rien de cet article constitutionnel n’a été à ce jour appliqué. Il y a eu une tentative du temps de la troïka pour une rotation entre directeurs généraux, mais elle a échoué, à cause des sempiternelles querelles d’influence entre les pôles du pouvoir comme entre les communautés. Et le blocage prenait souvent prétexte du texte lui-même, qui parle de la nécessité de ménager les impératifs de l’entente nationale ! Les entraves, les obstacles, les réticences seront très durs à surmonter. Le nouveau pouvoir en est visiblement conscient puisqu’il n’a pas lancé de mot d’ordre de campagne pour une abolition accélérée du confessionnalisme politique dans les textes. Ce qui du reste serait insuffisant, car le confessionnalisme est toute une mentalité qu’il faut réformer d’abord à l’école. Sans compter que beaucoup pensent sincèrement que la formule est indispensable dans un pays composite, en soulignant que la Suisse ou la Belgique, entre autres exemples, n’ont pu faire autrement que de partager les rôles entre les communautés dont elles se trouvent constituées. On se rappelle ainsi la levée de boucliers que la proposition Hraoui de mariage civil avait provoquée. Une réaction violente qui prouve combien le chemin est encore long pour parvenir à la laïcisation de l’État.
Les présidents Lahoud et Hoss sont d’accord sur un point théorique : il faut cultiver le sens proprement national des Libanais. Et œuvrer pour cela, avec sérieux, en vue de l’abolition du confessionnalisme politique. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Dans de nombreux articles, M. Hoss présente le confessionnalisme comme un fléau qui divise le pays et en soumet la...