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Actualités - OPINION

Tous les droits de l'homme : nos droits à tous Cinquantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme Une charte qui appartient aussi au patrimoine libanais (photo)

Le monde commémore aujourd’hui le jubilé de la Charte universelle des droits de l’homme, proclamée le 10 décembre 1948, au cours d’une réunion extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies. Au Liban, rien n’est prévu, sur le plan officiel, pour marquer cet anniversaire qui constitue, aux yeux de beaucoup, un jalon important de la pensée sociale. Pourtant, un Libanais, Charles Malek, figure parmi les quatre principaux rédacteurs de la Charte, aux côtés de l’Américaine Eleonor Roosevelt, du Français René Cassin, futur prix Nobel de la paix et d’un représentant de la Chine pré-communiste... Si le monde sait célébrer ses grands hommes, le Liban en est encore à apprendre à les connaître. Est-ce parce que nous sommes en conflit sur notre passé ? Sans doute. Au soir de sa vie, en pleine guerre, Charles Malek, membre du «Front libanais», a pu prendre des positions qui ont déplu. Elles n’enlèvent rien à sa stature de philosophe, qui a su allier la pensée à l’action. Mais pour se saisir comme nation, pour créer sa mémoire, faire la synthèse de son génie propre, le Liban a encore à se réconcilier avec son passé proche et lointain, à faire la paix avec son être, à dépasser les discours idéologiques. À l’heure où la société civile se mobilise pour sauver un patrimoine menacé (sites naturels, vestiges archéologiques ou demeures anciennes), il serait peut-être temps de s’approprier un patrimoine culturel qui nous appartient déjà , de l’intégrer explicitement à notre conscience nationale, de l’inscrire à nos programmes scolaires et universitaires, d’en parler dans nos cercles et nos journaux, de le graver sur le frontispice de notre Palais de justice. Parmi les libertés consacrées par la Charte universelle des droits de l’homme figure «la liberté de pensée, de conscience et de religion». Ce droit «implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seul ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites». La liberté religieuse est ainsi instituée comme la clef de voûte de toutes les autres libertés. Cela explique pourquoi l’Arabie séoudite a refusé de signer la Charte , avec l’Afrique du Sud et les pays du Bloc communiste. En 1948, l’Union soviétique se souciait moins des droits de l’homme que de ceux de l’État totalitaire. Ces réserves nous placent au cœur d’un conflit de civilisation non résolu .Tels que définis par la Charte de l’ Onu, les droits de l’homme seraient-ils les fruits d’un héritage culturel occidental dans lequel l’islam ne se reconnaît pas ? La question reste en suspens. Ce que ces réserves mettent en évidence, toutefois, c’est que la Charte des droits de l’homme, pour être une étape de la pensée humaine, n’en a pas moins des implications très concrètes. Belles paroles, mais aussi gestes concrets. Tout récemment encore, à propos de la Bosnie ou du Rwanda, n’a-t-on pas parlé du «devoir d’ingérence humanitaire» ? Le monde est encore loin d’appliquer la Charte des droits de l’homme, et l’on peut être sûr qu’il le restera encore longtemps. Mais il demeurera étranger à lui-même s’il ne saisit pas, au moins intellectuellement, le lien causal qui existe entre le respect de ces droits et la paix sociale. La «sûreté de la personne» exerçant ses droits politiques existe-t-elle au Liban ? Les traitements cruels et dégradants ont-ils disparu de nos prisons ? Ne tolère-t-on pas encore l’esclavage, le travail des enfants ? Ce sont là quelques questions que l’on pourrait se poser. Un examen de conscience politique s’impose. Une continuité parfaite entre l’éthique, le juridique et le politique, une philosophie sociale autant qu’une vision du monde et de la transcendance, voici la Charte des droits de l’homme.
Le monde commémore aujourd’hui le jubilé de la Charte universelle des droits de l’homme, proclamée le 10 décembre 1948, au cours d’une réunion extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies. Au Liban, rien n’est prévu, sur le plan officiel, pour marquer cet anniversaire qui constitue, aux yeux de beaucoup, un jalon important de la pensée sociale. Pourtant,...