Le président Emil Constantinescu et l’Etat roumain sont mis en cause dans une affaire de contrebande de cigarettes à l’aéroport militaire de Bucarest, devenue en quelques jours un scandale national aux ramifications multiples. 3.000 caisses de cigarettes de contrebande ont été acheminées la semaine dernière en Roumanie par un avion ukrainien qu’avait affrété une compagnie bulgare autorisé, contrairement aux lois en vigueur, à atterrir sur l’aéroport militaire d’Otopeni. Les cigarettes ont ensuite été chargées dans trois poids-lourds, sous la surveillance d’un responsable du service pour la protection des personnalités, le colonel Gheorghe Trutulescu. Les partis d’opposition et les quotidiens roumains accusent le chef de l’Etat de masquer la vérité après ses déclarations samedi selon lesquelles il s’agit d’une opération minutieusement montée par les services secrets pour prendre en flagrant délit un réseau de trafiquants. «Ce scandale va ébranler le pouvoir au plus haut niveau», affirme M. Sergiu Cunescu, le président du Parti social-démocrate (PSDR, majorité). Miron Mitrea, un responsable de l’opposition, accuse pour sa part le président et ses ministres d’avoir transformé les services de renseignements en «organisations de type mafieux» et exige leur démission. Cette «affaire» de corruption fait la une de tous les journaux roumains qui dans leur majorité accusent le président soit de «désinformation», soit de «vouloir dissimuler quelque chose ou couvrir quelqu’un». (AFP)