Eltsine a procédé à plusieurs nominations hier Les jeunes réformateurs s'emparent des postes clés du gouvernement Kirienko

Les grandes manœuvres ont commencé à Moscou pour la formation de la nouvelle équipe gouvernementale, présidée par Kirienko, dont la composition complète sera rendue publique jeudi Cependant, le président russe Boris Eltsine a déjà donné carte blanche hier aux réformateurs dans le nouveau gouvernement, en confiant le poste de numéro deux à Boris Nemtsov, dans une équipe rajeunie qui aura pour mission de remettre de l’ordre dans l’économie du pays. M. Eltsine, 67 ans, a nommé deux vice-premiers ministres: M. Nemtsov, 38 ans, ainsi qu’un autre réformateur de 40 ans, Viktor Khristienko, a annoncé la présidence russe. M. Khristienko était vice-ministre des Finances dans l’ancien gouvernement, chargé de la répartition du budget dans les régions russes. Il devrait continuer à s’occuper du dossier crucial des relations entre Moscou et les régions dans la nouvelle équipe gouvernementale. Avec le premier ministre Sergueï Kirienko, 35 ans, investi vendredi dernier par les députés, MM. Nemtsov et Khristienko constituent une «troïka» de jeunes réformateurs à la tête du gouvernement, telle que la Russie n’en a pas connue depuis la fin du communisme. Trois des principaux «piliers» de la précédente équipe, limogée le 23 mars dernier, ont également été reconduits dans leurs fonctions dans le nouveau gouvernement de Sergueï Kirienko. Il s’agit d’Evgueni Primakov (Affaires étrangères), d’Igor Sergueïev (Défense) et de Mikhaïl Zadornov (Finances). En outre, le ministre de l’Intérieur Sergueï Stepachine, nommé par intérim le 30 mars dernier à la suite du limogeage de l’ensemble du gouvernement par Boris Eltsine le 23 mars, a été confirmé à son poste. Ces nominations ont été annoncées à l’issue d’une réunion entre MM. Eltsine et Kirienko dans une résidence présidentielle de campagne hors de Moscou. Les nominations restantes devraient être annoncées jeudi, selon la présidence russe. Boris Nemtsov, que Boris Eltsine présente à l’occasion comme son dauphin, a affirmé qu’il aurait «plus de responsabilités» que dans le gouvernement sortant, dans une déclaration à l’agence Interfax. Il devient en outre le numéro deux de fait du gouvernement, puisqu’il remplacera Sergueï Kirienko pendant les absences de ce dernier, selon des sources au gouvernement citées par Interfax, très bien informée dans ce domaine. C’est M. Nemtsov qui a fait «monter» M. Kirienko à Moscou il y a un an de leur région commune de Nijni-Novgorod (centre) pour qu’il suive le secteur de l’énergie au gouvernement. Le sort de M. Nemtsov était considéré comme un indicateur crucial de l’orientation réformiste du nouveau gouvernement par les analystes. «La seule question est de savoir si Nemtsov sera ou non au gouvernement. De cette question dépend la réponse à une autre question: le gouvernement sera-t-il technocratique ou de coalition. Si ce gouvernement veut faire quelque chose, il doit être un gouvernement de technocrates, et non de représentants des partis», avait estimé Viatcheslav Nikonov du centre de réflexion politique Fond Politika. Le fait que M. Nemtsov ait été le «mentor» de Sergueï Kirienko pourrait cependant «poser un problème de relation délicat» entre les deux hommes, selon un autre analyste, Andreï Piontkowski de l’Institut d’études stratégiques. Boris Eltsine attend du nouveau gouvernement qu’il redonne une impulsion aux réformes alors que l’économie russe se trouve dans une passe difficile. Outre la figure symbolique de M. Nemtsov, M. Eltsine a choisi de maintenir en place au ministère des Finances Mikhaïl Zadornov (34 ans), qui jouit de la confiance des marchés et des grandes organisations financières internationales. Le nouveau gouvernement devra mener une politique de rigueur fiscale et budgétaire comme il s’y est engagé auprès du FMI, dont une mission se trouve actuellement à Moscou. Pour mener cette tâche à bien, Sergueï Kirienko avait déclaré à plusieurs reprises vouloir s’entourer de «professionnels» et travailler à l’écart des groupes financiers qui cherchent à peser sur la politique russe. (AFP-Reuters)