Un homme de dialogue

Malgré sa maladie, Georges Saadé a consacré ses derniers efforts à la rédaction d’un livre, qu’il a intitulé Mon histoire avec Taëf, un testament politique dans lequel il se déclare essentiellement «homme de dialogue». Georges Saadé est arrivé à la présidence du parti Kataëb en 1986 grâce à l’appui conjugué de l’ancien président de la République M. Amine Gemayel et de l’ancien chef des Forces libanaises (dissoutes), Samir Geagea. Mais cette alliance s’est rapidement effritée, et les membres du bureau politique proches du président Gemayel n’ont pas tardé à faire sécession et ont pris leurs quartiers au siège même du régional du Metn, fief de l’ancien président de la République. Avec les partisans de Geagea, les choses ont traîné et ce n’est qu’en 1992 qu’ils ont été évincés du parti. Ces batailles ont terni les mandats successifs de Georges Saadé à la tête des Kataëb mais n’ont pas entamé son courage personnel et sa détermination à faire assumer un rôle national à son parti. Sa première initiative il l’a voulue au Nord, chez les Frangié, à qui il a rendu visite à la tête d’une importante délégation du bureau politique dans un souci de réconciliation. Sa deuxième initiative a consisté en une ouverture sur d’autres partis libanais avec qui le parti Kataëb était en conflit depuis des années. Alors ont défilé à la maison centrale du parti à Saïfi des représentants des anciennes forces islamo-progressistes. Même Walid Joumblatt a été reçu à la maison centrale des Kataëb et cette reprise de contact avec le PSP a permis la tenue, l’été passé, d’un congrès conjoint, à Beiteddine, autour de la question des déplacés. Pour ce qui est enfin des relations avec la Syrie, Georges Saadé a pu les ramener au beau fixe malgré un lourd contentieux, le couac des élections de 1992 et la débâcle du parti lors des législatives de 1996. Et s’il n’a pas réussi à se faire confier un portefeuille ministériel dans les cabinets Hariri, certaines informations ramènent ce blocage à des susceptibilités émanant de pôles déterminés du pouvoir.