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Actualités - CHRONOLOGIE

Routière sympa

Seuls maîtres à bord au volant des 40 tonnes de leur poids-lourd, les femmes routiers se retrouvent, et se découvrent, une fois par an, lors d’un dîner à huis clos, rien que pour elles. Dans les yeux de chacune des 29 convives venues de toute la France dans le bourg de Montlivault (centre), une petite flamme s’allume à l’évocation de leur métier. «J’ai toujours le même plaisir à ouvrir le camion», raconte avec gourmandise Solange, 48 ans, dont 24 sur la route, grand-mère de deux petits enfants qu’elle adore. A raison de quelque 130.000 kilomètres par an, souvent à l’étranger, «toutes les filles qui font ce métier-là sont mordues et les patrons le savent», constate Rosine, 35 ans, dont 15 de route, qui convoie une citerne de matières dangereuses pour une entreprise de Saint-Nazaire. Rarement ces dames se rencontrent sur la route. Leurs liens se tissent à la C.B. lors du croisement d’une silhouette féminine et «à chaque fois, on prend nom et adresse» pour enrichir la liste, commente Huguette Durand, organisatrice grenobloise de ces 7e retrouvailles. «Les histoires de la route, c’est d’abord un travail: on ne roule pas pour voir quelque chose ou quelqu’un», témoigne abruptement Solange. Les photos des albums, qui circulent de main en main, ne s’égarent pas dans de vains paysages: le personnage central reste le camion. Homologue macho Rosine a accroché des rideaux roses, avec des pompons à l’intérieur du sien tout en évitant «les signes trop distinctifs». «C’est pas parce qu’on fait la route qu’on doit nous croire disponibles» pour les hommes en mal d’une certaine affection, s’insurge la jolie Patricia qui conduit «un semi de 40 tonnes depuis treize ans», A bord de son engin de plus de 400 chevaux, revendiquant son 1,55 mètre pour 50 kilos, «toujours maquillée et parfumée», elle roule en solitaire, se faisant «la plus discrète possible». Quant à l’homologue masculin, qui «se croit intéressant quand il est vulgaire», il est invariablement qualifié de «macho». «Ils sont contents de voir des femmes sur la route», constate cependant Rosine, même si le «mâle» a un peu trop tendance à s’immiscer dans les conversations dès qu’une voix plus fluette se fait entendre sur le C.B. L’analyse féminine du routier européen est concise et définitive: «L’Anglais est le plus sympa et le plus courtois, l’Espagnol est le plus sale, et l’Allemand est le plus...» abhorré. Annie, une Mulhousienne de 50 ans, promène sa gouaille depuis douze ans sur les routes d’Europe, réalisant un rêve entamé à l’âge de 6 ans. «On est peut-être 10 femmes pour 6.000 cartes grises dans l’entreprise», compte-t-elle, tout en reconnaissant «qu’il n’y a pas de discrimination» entre les sexes sur les salaires. «Pour les patrons, on prend beaucoup plus soin du matériel, du moteur, de la boîte de vitesse, et au niveau de la consommation, ils s’en rendent compte rapidement», assure Rosine. «On n’a pas passé le permis à l’armée, il a fallu qu’on se batte et qu’on soit meilleure» pour devenir routier, renchérit Huguette qui parle de son métier comme d’une «fonction vitale». Il y a aussi ce petit plus «quand on descend du camion: on a un petit moment de vedettariat, et on aime ça». Malgré tout, «on reste des nanas: la moitié d’entre nous a des gosses», conclut-elle. (AFP)
Seuls maîtres à bord au volant des 40 tonnes de leur poids-lourd, les femmes routiers se retrouvent, et se découvrent, une fois par an, lors d’un dîner à huis clos, rien que pour elles. Dans les yeux de chacune des 29 convives venues de toute la France dans le bourg de Montlivault (centre), une petite flamme s’allume à l’évocation de leur métier. «J’ai toujours le même plaisir à ouvrir le camion», raconte avec gourmandise Solange, 48 ans, dont 24 sur la route, grand-mère de deux petits enfants qu’elle adore. A raison de quelque 130.000 kilomètres par an, souvent à l’étranger, «toutes les filles qui font ce métier-là sont mordues et les patrons le savent», constate Rosine, 35 ans, dont 15 de route, qui convoie une citerne de matières dangereuses pour une entreprise de Saint-Nazaire. Rarement ces dames se...