Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

Dans une interview fleuve à An-Nahar Hraoui se déclare prêt à négocier avec Annan

Le président Elias Hraoui a déclaré que le Liban est prêt à négocier avec le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, la question de l’application de la résolution 425 de l’ONU. Autre précision du chef de l’Etat: ni le Liban ni la Syrie n’ont jamais dit que les retraits du Golan et du Liban-Sud devaient être simultanés. Ces prises de position importantes, exprimées dans le cadre d’une interview accordée à notre confrère An-Nahar, interviennent à un moment où le Liban poursuit son offensive diplomatique pour expliquer les raisons de son rejet de la proposition israélienne de retrait conditionnel du Liban-Sud. Dans cette interview fleuve, M. Hraoui s’est montré très sévère à l’égard de la constitution issue de Taëf «qui paralyse les institutions». Il s’est prononcé pour un régime présidentiel au sein duquel le chef de l’Etat, qui appartiendrait à l’une des communautés chrétiennes, serait élu au suffrage universel. Interrogé sur une possible reprise de la guerre au Liban, M. Hraoui a tenu des propos pas très rassurants: «Lorsque la guerre a pris fin en 1820, nul ne s’attendait à ce qu’elle reprenne en 1840, puis en 1860». Le président de la République s’est longuement étendu sur les dessous de la proposition israélienne de retrait conditionnel: «Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a perdu toute sa crédibilité en raison de son intransigeance et de son attitude peu diplomatique avec les différents pays du monde. Le ministre de la Défense, Yitzhak Mordehaï, a alors adopté un langage qui apparaît plus flexible. Maintenant ils (les Israéliens) attendent que le Liban rejette leur proposition ce qui permettra à Israël d’améliorer son image à l’étranger et Beyrouth sera perdant». Pour faire face à la proposition israélienne, le Liban a lancé une offensive diplomatique: «Nous avons remis aux représentants des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des lettres (...). Nous allons aussi adresser un message au (secrétaire général de l’ONU), M. Kofi Annan, pour le mettre en garde contre les dommages que peut provoquer le piège israélien que j’ai qualifié de leurre thermique. Si Israël veut se retirer, qu’il le fasse. Le Liban n’est pas un obstacle. Et contrairement à ce que pourraient croire certains, je ne m’oppose pas à une évacuation de nos terres(...). Mais, en tant que Libanais, pourrais-je accepter que le moindre mot de la résolution 426 et de toutes ses annexes soit amendé. Pour qu’il y ait des négociations, il faut que les deux parties donnent leur consentement. Je refuse catégoriquement que la moindre lettre de la résolution 426 soit modifiée. Ce n’est pas notre problème si les Israéliens veulent s’asseoir sur la table des négociations pour discuter des modalités du retrait. Israël a envahi le Liban et, après son opération militaire, les Américains ont proposé un projet de résolution qui stipule le retrait des troupes israéliennes sans conditions. La 426 stipule que si l’Etat hébreu veut se retirer, il doit négocier avec le secrétaire général de l’ONU. Ce dernier pourrait estimer nécessaire d’introduire certaines modifications dans les contingents de la FINUL déployés au Sud (...). La question n’est pas de notre ressort. C’est la responsabilité du secrétaire général. C’est à lui de nous faire des propositions et non pas à Israël. Il pourrait par exemple dire: je vais commencer par vous remettre le contrôle du terrain et vous ne pourrez y maintenir plus de 3000 militaires. De toute façon, nous n’avons pas quitté la zone occupée. Si le secrétaire général veut négocier, je suis prêt à le faire. C’est à lui de mettre au point le scénario et non pas à moi», a-t-il dit. Pas de tirs de roquettes M. Hraoui a estimé peu probable une reprise des tirs de roquettes sur le nord d’Israël après un retrait du Liban-Sud. «Je ne pense pas (que les tirs reprendront), a-t-il dit. Deux développements assez significatifs ont eu lieu dernièrement. Les députés du Hezbollah ont présenté une proposition de loi au Parlement amnistiant les soldats de l’Armée du Liban-Sud à partir du grade de sergent-chef. Il y a ensuite une déclaration du Hezbollah qui indique qu’après un retrait israélien, c’est à l’armée libanaise de prendre en charge la sécurité». L’autre grand volet de l’interview du président Hraoui s’articule autour du fonctionnement des institutions conformément à la constitution issue de l’accord de Taëf qu’il a critiquée avec une virulence sans précédent. «L’Etat libanais ne pourra jamais voir le jour sur la base de la constitution de Taëf, a-t-il dit. La constitution de la première République était meilleure, même si certains n’en étaient pas satisfaits. J’ai appris durant mon mandat qu’il ne saurait y avoir d’Etat de la manière dont le stipule la constitution. Nous devons y apporter des amendements qui redistribueraient les prérogatives. Avec les pouvoirs qu’il détient aujourd’hui, que peut faire le président? (...). A Taëf, nous étions convenus d’un compromis qui, chaque fois que nous avons besoin de nommer un planton, paralyse l’Etat tout entier. La constitution n’est pas sacrée et nécessite une révision globale (...). Il y a aujourd’hui un corps à trois têtes qui se disputent entre elles tous les jours. Dans le passé, le chef du Législatif se contentait de surveiller et de légiférer. Il se rendait une fois par semaine au Palais présidentiel pour se mettre d’accord avec le chef de l’Etat sur certaines questions. Actuellement, son mandat est de quatre ans. Il ne craint plus rien». M. Hraoui s’est prononcé en faveur d’un système présidentiel avec l’élection au suffrage universel du chef de l’Etat. «Le président puisera alors sa force du peuple et non d’un consensus(...). La force du président vient de sa personne et non des textes». Il a cependant espéré que le chef de l’Etat sera choisi parmi les minorités chrétiennes, citant en exemple le fait que Charles Debbas, le premier président du Liban, alors sous mandat français, avait été désigné au sein de la communauté grecque-orthodoxe. Les activités Le chef de l’Etat a catégoriquement exclu une éventuelle amnistie de M. Samir Geagea. «Qu’il soit grâcié après mon départ. Moi je ne le ferais pas», a-t-il dit, en réaffirmant que rien n’empêchait le général Michel Aoun et l’ancien président Amine Gemayel de rentrer au Liban. Sur le plan de ses activités ordinaires, M. Hraoui a reçu hier le député Chaker Abou Sleimane avec qui il a procédé à un tour d’horizon des derniers développements. Il a ensuite accordé audience au secrétaire général de l’ESCWA, M. Hazem Biblaoui, accompagné d’une délégation des participants aux travaux de préparation du Congrès de l’organisation internationale du commerce (OIC) qui se tiendra en mai à Genève. M. Hraoui a enfin reçu une délégation du syndicat des propriétaires des complexes touristiques maritimes.
Le président Elias Hraoui a déclaré que le Liban est prêt à négocier avec le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, la question de l’application de la résolution 425 de l’ONU. Autre précision du chef de l’Etat: ni le Liban ni la Syrie n’ont jamais dit que les retraits du Golan et du Liban-Sud devaient être simultanés. Ces prises de position importantes,...