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Actualités - CHRONOLOGIE

Mossoul tente de sauver sa tour penchée

La tour penchée qui domine Mossoul depuis plus longtemps encore que la tour de Pise (Italie) menace de s’écrouler, s’inquiètent des géologues dans la seconde ville d’Irak. Le minaret penché de la Grande Mosquée de Mossoul, à 350 kilomètres au nord de Bagdad, a été terminé en 1172 (an 568 de l’Hégire), soit deux ans avant que commence le chantier du clocher de la cathédrale de Pise. Au fil des siècles, cette tour de 56 mètres de haut, avec une inclinaison de 2 mètres, est devenue si familière que les Irakiens appellent parfois Mossoul «la bossue». Malgré de coûteux travaux de restauration il y a moins de 20 ans, le sol bouge toujours sous le minaret et de larges fissures lézardent sa base. «Il risque de s’effondrer complètement si le sol n’est pas renforcé», a déclaré Issam Abdel Fatah, qui a suivi le problème pour la direction régionale des antiquités de la province de Mossoul. «A six mètres de profondeur, le sol a glissé d’un centimètre autour des fondations. Ceci a provoqué un glissement de plus de trois centimètres au niveau du sol», dit-il en enfonçant un doigt dans une fissure. «Le glissement de terrain a ébranlé les nouvelles fondations jetées en 1980, les tiges de métal utilisées pour renforcer la base ont tout simplement craqué». Abdel Fatah dirige une équipe d’arpenteurs du bureau de géotechnique de la compagnie d’Etat Euphrate. Il travaille normalement sur des projets d’irrigation du ministère de l’Agriculture. Le géologue irakien est tout louanges pour l’architecte inconnu dont il a étudié le travail au cours du mois dernier. Ce minaret du 12e siècle est toujours le plus haut d’Irak d’après le livre des Sites religieux, un des rares guides touristiques publiés à Bagdad depuis la guerre du Golfe. Construite en deux ans sous l’émir de Mossoul, Noureddine al-Atabaki, la tour a été délibérément penchée pour résister aux vents dominants. «Elle a été construite penchée vers l’Est. Cet homme était génial. Tous les vents soufflent du nord-ouest sur Mossoul. Voilà des siècles, il avait mesuré le phénomène et construit en conséquence». «C’est la principale raison pour laquelle le minaret a survécu aussi longtemps alors que d’autres se sont écroulés», dit-il. Son collègue Imad Maalallah Khalil admire l’escalier en double vis qui accède au sommet. «Il y a deux escaliers séparés qui ne se croisent jamais et quand on emprunte l’un, on n’entend ni les pas ni les voix de ceux qui sont dans l’autre». Les deux Irakiens sont moins élogieux pour le travail de la firme italienne qui a travaillé à la restauration du minaret de 1979 à 1981. «Ils ont été payés très cher et n’ont pratiquement rien fait en profondeur», affirme Abdel Fatah. «Tout était superficiel et le résultat c’est que ça n’a pas duré vingt ans». La firme italienne, dit-il, s’est contentée d’injecter 40 tonnes de béton sous la surface. Mais le premier forage irakien a révélé une cavité de plus de sept mètres de profondeur à 7 mètres au-dessous du sol, une autre de deux mètres, six mètres plus bas, et une troisième encore en dessous. «Il faudrait injecter un million de tonnes de béton pour avoir le moindre espoir de combler ces cavités et ce n’est pas réaliste», poursuit le géologue. «La meilleure solution serait d’enfoncer deux cercles concentriques de piliers autour de la base. Mais ça représente beaucoup d’argent, plus sans doute que l’Irak peut se permettre vu les problèmes que nous créent les sanctions des Nation Unies», reconnaît-il. «Au bout du compte, tout est dans les mains d’Allah» ajoute-t-il. (AFP)
La tour penchée qui domine Mossoul depuis plus longtemps encore que la tour de Pise (Italie) menace de s’écrouler, s’inquiètent des géologues dans la seconde ville d’Irak. Le minaret penché de la Grande Mosquée de Mossoul, à 350 kilomètres au nord de Bagdad, a été terminé en 1172 (an 568 de l’Hégire), soit deux ans avant que commence le chantier du clocher de la cathédrale de Pise. Au fil des siècles, cette tour de 56 mètres de haut, avec une inclinaison de 2 mètres, est devenue si familière que les Irakiens appellent parfois Mossoul «la bossue». Malgré de coûteux travaux de restauration il y a moins de 20 ans, le sol bouge toujours sous le minaret et de larges fissures lézardent sa base. «Il risque de s’effondrer complètement si le sol n’est pas renforcé», a déclaré Issam Abdel Fatah, qui a suivi...