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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Evoquant l'épisode de l'accord du Caire et l'intervention syrienne au Liban R. Eddé rappelle les agissements des kataëb et des FL durant la guerre Le Amid suggère que le mandat de Hraoui soit prorogé tant qu'Israël occupera le Liban-sud et la Békaa-ouest

Après avoir relaté (VOIR «L’Orient-Le Jour» du jeudi 23 avril) l’historique des objectifs d’Israël au Liban, le «Amid» du Bloc national, M. Raymond Eddé, a évoqué, dans une déclaration faite à Paris, certains épisodes passés de la crise libanaise, mettant l’accent notamment sur l’affaire de l’accord du Caire conclu en 1969 avec les Palestiniens ainsi que sur les circonstances de l’intervention syrienne au Liban au début de la guerre libanaise. Le «Amid» a rappelé sur ce plan le comportement et les agissements du parti Kataëb et des «Forces libanaises» au cours des différentes années de crise. Le 6 décembre 1975, Pierre Gemayel qui se trouvait en difficulté dans ses combats contre les Palestiniens se rend à Damas pour demander au président Hafez el-Assad l’envoi de soldats syriens au Liban. Le même jour, les phalangistes tuaient 160 musulmans près de l’office de l’électricité à l’entrée de Beyrouth. Ce fut ce qu’on appela le «samedi noir». Le 15 janvier 1976, arrivèrent deux mille soldats palestiniens baassistes sous le commandement de Zouhair Mohsen, chef de la «Saïka». C’était le cadeau du président Assad à Pierre Gemayel, qui lui avait pourtant demandé des soldats syriens. Les combats reprirent de plus belle. Le 11 juillet 1976, se sont réunis chez moi en mon domicile à Beyrouth: Saëb Salam, Abdallah Yafi, Rachid Karamé, Ahmad Daouk, Rachid el-Solh, Hassan Rifaï, Mikhaël el-Daher, Amine Beyhum, Jamil Kebbé, Ali el-Khalil, Albert Mansour, Abdel Magid el-Rafii, et Nagib Karanouh. Ils ont tout d’abord constitué le «Front d’union nationale». Trois importantes résolutions sont prises. La seconde stipule: «Agir en vue du retrait de l’armée syrienne de tous «les territoires libanais et demander l’application des décisions de la Ligue arabe. (La presse libanaise du 12 juillet 1976). Le 11 novembre, et le 11 décembre 1976, Zouhair Mohsen tentait de m’assassiner par deux fois, chargeant ses partisans de me tirer dessus devant ma demeure à Beyrouth. Je n’ai été que blessé. Sans doute, ses hommes manquaient d’entraînement. En 1979, Zouhair Mohsen me rendait visite à l’hôtel Prince De Galles, à Paris. Il m’affirma que ce n’était pas ses hommes qui avaient tenté de me tuer. Il me dit aussi qu’il comptait passer l’été à Cannes avec sa nouvelle épouse. Je lui ai alors conseillé d’aller plutôt à l’hôtel, car sa vie était en danger. Il a néanmoins occupé l’appartement d’un ami. Il fut assassiné à la porte d’entrée de son domicile de plusieurs coups de feu en présence de sa femme qui venait de lui ouvrir la porte. Ici je voudrais revenir quelques années en arrière. En novembre 1969, le président de la République Charles Hélou m’a proposé de participer à un nouveau gouvernement, qui devait certainement faire approuver, par le Parlement, le fameux «Accord du Caire», du 3 novembre 1969, signé par le général Emile Boustani. Comme j’insistais pour en prendre connaissance, le président Hélou me dit que cela lui était impossible, car le dit accord était ultra-secret!! Je sortis alors de ma poche une page du journal égyptien «Al-Ahram» où était publié le dit accord. je lui demandais si l’article 15 y figure dans l’original qu’il détient. Il me répondit par l’affirmative. Voici ce que dit l’article 15: «Cet accord demeurera «ultra-secret et ne pourront en prendre connaissance «que les commandements seulement». Comment admettez-vous que le chauffeur d’Abou-Ammar en connaisse la teneur et moi, député, représentant tout le peuple libanais, n’en ai-je pas le droit? Bien entendu, j’ai refusé d’être ministre. Quant au Conseil des ministres, qui comprenait Pierre Gemayel, il approuva l’accord sans en prendre connaissance. Au Parlement, seuls neuf députés votèrent contre: les six du Bloc national libanais, le père Doueihi, Joseph Moghabghab, et Habib Keyrouz. J’ai fait ce soir-là un long discours. Mais la grande majorité des députés ont voté le texte de cet accord, sans l’avoir lu. Il fut finalement publié au journal officiel, sept ans après, le 21 septembre 1976!! Cet accord a été la cause de nos malheurs. Nous devions armer les Palestiniens, et faciliter l’action des fedayin. L’armée libanaise devait faciliter leur ravitaillement. Combien grande fut ma surprise, quand, quelques années plus tard, j’ai lu dans «L’Orient-Le Jour» du 10 juin 1977, cette déclaration de Charles Hélou: «Certaines clauses de l’accord du Caire ont été ajoutées à «mon insu»!!! Charles Hélou n’a jamais voulu ou pu dire quelles étaient ces clauses... Quant à Israël, comme je l’avais prévu dans mon discours au Parlement, il s’est empressé de déclarer qu’il n’était plus lié par la convention d’armistice du 23 mars 1949, le Liban l’ayant violée par l’accord du Caire. Heureusement, le «Conseil de Sécurité» rejeta l’argument israélien et la convention d’armistice est toujours en vigueur. Je tiens, ici, à rendre hommage au président Hussein el-Husseini qui, le 21 mai 1987, fit annuler l’accord du Caire par la Chambre des députés. Mes chers jeunes libanais. Il me reste à aborder certains comportements de Samir Geagea et d’Elie Hobeika, durant la sale guerre civile. Je commence par Samir Geagea. Le 28 janvier 1988, j’ai lu dans la presse libanaise le communiqué suivant: «En date du 6 janvier 1988, le tribunal militaire des «Forces libanaises» a condamné à mort deux membres des «Forces libanaises» Samir Zeinoun et Ghassan Lahoud, pour avoir commis un crime de haute trahison, des opérations de sabotage à l’explosif. Et pour avoir préparé des opérations d’homicide. Les condamnés ont été passés par les armes en application du code militaire des F.L. Dans la caserne de Dbayé et les corps rendus à leurs parents. Le tribunal militaire était présidé par le commandant Fouad Malek. Je n’en croyais pas mes yeux. De quel droit Samir Geagea se permet-il de constituer «un tribunal militaire»? Comment, lui, chrétien, catholique maronite de surcroît, fait-il fusiller deux jeunes garçons condamnés à mort sans qu’ils n’aient été défendus par un avocat et alors qu’il s’agit d’une tentative d’homicide, qui n’entraîne pas, en droit, la peine de mort? Le bulletin d’information phalangiste «Libanoscopie», du 15 février 1988, paraissant à Paris, relate cet assassinat comme suit: «Un prêtre a confessé et donné la communion aux deux condamnés. L’exécution a été filmée par la LBC pour les archives». (sic)!!! «La garde des F.L. a rendu les honneurs à Geagea et à Pakradouni» (sic) La revue le «Liban-Libre» qui paraissait à Paris (février 1988) raconte: «Une stricte procédure judiciaire a été observée...» «L’exécution a eu lieu en présence de tout l’état major des F.L.». Ayant reçu, il y a quelques années, un supérieur des moines maronites, que je ne nommerai pas, je lui ai dit que le moine qu’il avait autorisé à se rendre à Dbayé pour confesser les deux condamnés aurait pu les sauver en déclarant, à haute voix, devant la foule venue assister à l’exécution, qu’il refusait de les confesser, parce qu’ils ont été condamnés par un tribunal illégal. Le supérieur des moines me répondit: «S’il avait agi, comme vous venez de le dire, au lieu de deux, il y aurait eu trois victimes. (sic)!!! Je considère que Samir Geagea a été, ce jour-là, un ignoble assassin. Il a néanmoins été amnistié par la loi No 84 du 28 mars 1991. Ni le président de la République, Amine Gemayel, ni le Parquet, ni un évêque maronite, ni un supérieur des moines ne sont intervenus. J’ai été le seul à protester par voie de presse. J’ai donc la conscience tranquille. («L’Orient-Le Jour» 29-1 et 30.3.1988) Quant à Elie Hobeika, j’ai lu dans un livre ayant pour titre «MOSSAD». (Presse de la cité. Paris). Page 294: «Elie Hobeika, personnage haut en couleur, mais brutal et haineux Qui se promenait partout avec son pistolet, son couteau et sa grenade (c’était le phalangiste le plus craint du Liban)». «Lorsqu’il tuait un soldat syrien, il lui coupait les oreilles et les enfilait sur un fil de fer qu’il conservait chez lui comme trophée. Hobeika était très lié avec le général chrétien Samir Geagea. Plus tard les deux hommes commandèrent, en alternance l’armée chrétienne. Pour le Mossad, Hobeika était un agent important. Il avait fait ses études à l’Ecole supérieure de guerre en Israël. C’était lui qui dirigeait les commandos qui pénétraient dans les camps des réfugiés et y massacraient les civils». «Le 16 septembre 1982, Hobeika rassembla ses troupes à l’aéroport international de Beyrouth et pénétra dans le camp de Chatila sous la protection des tirs, et, par la suite, des tanks et des mortiers de la Force israélienne de défense (FID)». «Elie Hobeika, connu sous les initiales H.K. est cité plusieurs fois dans différents livres parus en France, qui l’accusent, surtout, d’avoir dirigé les massacres des civils dans Sabra et Chatila, participé à des tueries, des assassinats, dynamitages d’immeubles, à des bombardements qui ont fait, durant les 15 années de guerre, (1975-1990) près de 200.000 tués». Mais, passons à des choses plus agréables. Lorsque j’ai appris par la radio que le président Elias Hraoui avait assisté à l’office du Vendredi-Saint en l’église «Saint-Antonios» à Zahlé, dans le couvent des moines maronites, j’ai souri, quand j’ai entendu, qu’il se prenait pour Saint-Elie et qu’il avait raison. Il avait, en effet, sauvé la sécurité dans le pays, notamment en faisant exécuter toutes les condamnations à mort, prononcées par les cours criminelles, sur les lieux du crime. Ce qui est très important pour assurer l’exemplarité de la peine. J’ai constaté toutefois que, dernièrement, plusieurs condamnés à mort étaient pendus à l’intérieur de la prison de Roumié. La peine de mort perd ainsi de son efficacité. Ceux qui sont contre la peine de mort ne le seraient plus, si l’assassin tuait, sans motif, leur fils ou leur fille. Que dit l’Eglise? Il faut se rappeler que Jésus a adopté les dix commandements de Dieu. Je cite donc le cinquième commandement qui dit: «Tu ne commettras pas de meurtre». Il dit aussi: «Qui verse le sang de l’homme, par l’homme aura son sang versé», car à «l’image de Dieu, l’homme a été fait» (G.N. 9. 5-6). Le catéchisme de l’Eglise catholique, signé par le pape Jean-Paul II (1992) déclare que «la légitime défense peut être non seulement un droit, mais un devoir» (2265). Le catéchisme dit, aussi, que «l’enseignement traditionnel de l’Eglise a reconnu le bien-fondé du droit et du devoir de l’autorité publique légitime de sévir par des peines proportionnées à la gravité du délit, sans exclure, dans des cas d’une extrême gravité, la peine de mort. De plus, la peine a pour effet de préserver l’ordre public et la sécurité des personnes». (2266). Je tiens à dire, ici, que le président Hraoui, qui est chrétien et maronite, peut avoir la conscience tranquille lorsqu’il refuse de gracier un assassin. Je tiens à revenir de nouveau au président Charles Hélou. Lors de mon échec aux élections législatives, il en profita pour annuler ma loi du 16 février 1959, qui supprimait les circonstances atténuantes, en cas d’homicide volontaire (article 549 du code pénal) et ce, par la loi No 26 du 18 mai 1965. Le président Elie Hraoui, au contraire, a rétabli ma loi en promulguant la loi No 302 du 21 mars 1994. C’est ainsi que la sécurité a été rétablie au Liban. Mais elle laisse encore à désirer. La sécurité doit être primordiale pour tranquilliser le peuple, encourager les émigrés, qui ont quitté le pays du fait de la sale guerre, à retourner au Liban, et surtout pour attirer les touristes qui ont besoin de quiétude. Le président Hraoui, qui possède aujourd’hui une grande expérience, devrait accepter la prorogation de son mandat. Voilà pourquoi je suggère que le mandat du président Hraoui soit prorogé tant qu’Israël occupera le Liban-Sud et la Békaa-Ouest. Mais, si l’occupant israélien venait à se retirer du Liban avant la fin du mandat du président Hraoui, la Syrie devra alors retirer ses 35.000 soldats ainsi que tous ses services spéciaux. Le Parlement votera ensuite une loi réduisant la durée de son mandat, pour permettre que l’on procède à de nouvelles élections, hors de toutes pressions étrangères. La nouvelle Chambre élira le nouveau président de la République. Mes chers jeunes libanais J’ai tenu à vous rappeler des faits historiques qui ont abouti à la naissance de la République libanaise. J’ai voulu mentionner le comportement de certains hommes politiques qui ont mis en péril notre Liban. Je ne vous ai pas menti. Je ne mens jamais. Je tiens à vous dire, d’abord, que les Libanais ne sont pas moins intelligents que les Israéliens. Il y a toutefois une grande différence: Les Israéliens se souviennent de leur passé avec fierté, tandis que les Libanais tendent à l’ignorer, pour ne pas déranger ou être dérangés. Ils transforment en héros ceux qui les ont assassinés. Les Israéliens plantent des arbres, transforment le désert du Néguev en un immense verger. Les Libanais, dès qu’ils voient un arbre, ils ont tendance à le couper. C’est ainsi que nos forêts de chênes et de pins sont en voie de disparition. Les Israéliens ne s’entretuent pas. Un crime en Israël est un événement. Mais ils savent tuer les femmes et les enfants à Deir-Yassine et à Cana. Ils savent, aussi, s’annexer Jérusalem par une loi fondamentale du 30 juillet 1980. Les lieux saints de Nazareth, qui devaient être soumis à la surveillance des Nations Unies, sont, aujourd’hui, sous les bottes de la soldatesque israélienne dans l’indifférence de l’ONU. Enfin, les Libanais qui vivaient en intelligence avec 28 communautés différentes se sont entretués, lorsque le parti phalangiste, voulant s’accaparer du pouvoir, a déclenché une guerre civile, qui a détruit et rétrogradé le pays. Aussi, je n’approuve pas l’expression «La guerre des autres». Je tiens à terminer ma longue déclaration par une petite citation d’un grand homme libanais, Youssef Saouda, qui déclara en 1922: «Le petit Liban, c’est la mort économique. «La fusion avec la Syrie, c’est la mort politique».
Après avoir relaté (VOIR «L’Orient-Le Jour» du jeudi 23 avril) l’historique des objectifs d’Israël au Liban, le «Amid» du Bloc national, M. Raymond Eddé, a évoqué, dans une déclaration faite à Paris, certains épisodes passés de la crise libanaise, mettant l’accent notamment sur l’affaire de l’accord du Caire conclu en 1969 avec les Palestiniens ainsi que sur...