Actualités - BIOGRAPHIES
Leader charismatique ou meurtrier sanguinaire ?
le 14 novembre 1998 à 00h00
Abdullah Öcalan, dit Apo, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan arrêté à Rome, est un «leader charismatique» pour les indépendantistes kurdes et un «meurtrier sanguinaire» pour Ankara. Cet homme de 49 ans, massif, au regard exalté et à la grosse moustache noire, dirige d’une main de fer depuis sa création le PKK, un parti marxiste-léniniste qu’il a lui-même fondé en novembre 1978 avec quelques amis étudiants. Ce parti a remplacé «l’Armée de libération nationale du Kurdistan» (KUK), qu’il avait également fondée quelques mois auparavant. Né en 1949 dans un village de la province de Sanliurfa, à la frontière avec la Syrie, dans une famille paysanne de six enfants, Öcalan s’est lancé dans le militantisme politique dès l’université, alors qu’il étudiait les sciences politiques à Ankara. Il est emprisonné en 1972 pendant sept mois pour «activités pro-kurdes» et en 1978, en créant le PKK, il opte pour la lutte armée pour «ne pas faire perdre de temps à la cause des Kurdes avec des débats politiques». Au départ, le PKK était connu sous le nom d’«Apocular» (Les Apoïstes, «Apo» étant un diminutif d’Abdullah). Abdullah Öcalan fuit la Turquie avant le coup d’État militaire de septembre 1980 et vit à partir de 1981 en exil, le plus souvent à Damas ou dans la plaine libanaise de la Békaa sous contrôle syrien, où il avait créé son quartier général et un camp d’entraînement pour ses militants. Ce camp a été fermé en 1992 du fait de pressions d’Ankara sur la Syrie et le Liban. Le PKK «attache une très grande importance à la reconstitution de l’individualité kurde réprimée depuis des années par les colonialistes turcs», selon Apo. Le 15 août 1984, Abdullah Öcalan décide de déclencher la lutte armée contre Ankara parce qu’il juge ses effectifs dorénavant suffisants. Les opérations du PKK se traduisant fréquemment par des attaques contre des villages kurdes qui refusent de coopérer, Apo est la bête noire d’Ankara qui le considère comme un «meurtrier sanguinaire» et le qualifie, ainsi que son organisation, de «terroriste». Il annonce en mars 1993 un cessez-le-feu unilatéral – auquel il met fin en mai – demandant en échange l’ouverture d’un dialogue politique avec Ankara. Le gouvernement turc n’a pas reconnu cette trêve. En décembre 1995, Öcalan déclare une nouvelle trêve unilatérale, et récemment encore, à compter du 1er septembre 1998. L’armée turque les a toutes rejetées immédiatement. Apo, avec lequel Ankara refuse toute négociation, même s’il déposait les armes, fait ses discours et parle à la presse en turc. Il faisait régulièrement des éditoriaux sous le pseudonyme d’Ali Firat dans le journal pro-kurde en langue turque Özgur Ülke («Nation libre») avant sa suspension début 1995. Il a commencé alors à s’exprimer sur Med-TV, une chaîne de télévision qui émet à partir de l’Europe, notamment de la Grande-Bretagne, et qui est financée par le PKK.
Abdullah Öcalan, dit Apo, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan arrêté à Rome, est un «leader charismatique» pour les indépendantistes kurdes et un «meurtrier sanguinaire» pour Ankara. Cet homme de 49 ans, massif, au regard exalté et à la grosse moustache noire, dirige d’une main de fer depuis sa création le PKK, un parti marxiste-léniniste qu’il a lui-même fondé en novembre 1978 avec quelques amis étudiants. Ce parti a remplacé «l’Armée de libération nationale du Kurdistan» (KUK), qu’il avait également fondée quelques mois auparavant. Né en 1949 dans un village de la province de Sanliurfa, à la frontière avec la Syrie, dans une famille paysanne de six enfants, Öcalan s’est lancé dans le militantisme politique dès l’université, alors qu’il étudiait les sciences politiques à Ankara. Il...