Actualités - CHRONOLOGIE
Le leader du printemps de Pékin libéré et exilé aux Etats-Unis
le 21 avril 1998 à 00h00
Le dissident chinois Wang Dan, leader des manifestations de la place Tiananmen en 1989, est arrivé dimanche aux Etats-Unis après avoir bénéficié d’une libération anticipée, deux mois avant la visite d’Etat que doit effectuer Bill Clinton en Chine. Wang Dan est arrivé à Détroit à bord du vol NW88. On ignore s’il compte rester dans cette ville du Michigan. Sa libération pour raison médicale était attendue depuis plusieurs semaines, comme un gage de bonne volonté des dirigeants chinois. Elle a notamment été saluée par Washington et l’Union européenne. «C’est quelque chose que nous leur demandions depuis longtemps», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche Eric Rubin. «Son cas est l’un de ceux que l’UE a abordé avec les autorités chinoises», a déclaré au nom de l’UE le chef de la diplomatie britannique, Robin Cook. «Nous espérons qu’il y aura des progrès pour les autres cas également». Wang Dan purgeait une peine de onze ans de prison pour subversion et complot contre le gouvernement dans la province de Liaoning, dans le nord-est de la Chine. Sa mère, Wang Lingyun, a expliqué que son mari et elle avaient été convoqués par les autorités de la ville de Jinzhou afin d’accompagner leur fils pendant des examens médicaux. Ils en sont repartis samedi soir, avec lui, et ont voyagé toute la nuit pour gagner l’aéroport international de Pékin. «Il a dit qu’il voulait subir un traitement médical et poursuivre ses études. Mais il a aussi dit qu’il espérait revenir un jour dans son pays», a dit Wang Lingyun. Aujourd’hui âgé de vingt-neuf ans, Wang Dan figurait sur la liste noire des dissidents les plus recherchés en Chine depuis le Printemps de Pékin, en 1989. Alors étudiant en histoire à la prestigieuse Université de Pékin, Wang avait fondé la Fédération des étudiants autonomes de Pékin, prenant la tête des manifestations et des rassemblements de la place Tiananmen, au cœur de la capitale chinoise. Des dizaines du milliers de personnes s’étaient alors mêlées au mouvement lancé par les étudiants, réclamant libertés politiques, abandon des privilèges de l’élite communiste et combat contre la corruption. Mais, dans la nuit du 3 au 4 juin, les manifestants étaient réduits au silence par les blindés de l’armée populaire. Plusieurs centaines de personnes étaient massacrées. Wang Dan, comme d’autres chefs de file du mouvement, entraient eux en clandestinité. La police chinoise les retrouvait au terme d’une vaste traque. Wang Dan était alors jeté dans une cellule de la prison de Qincheng, dans les faubourgs de Pékin. Après plusieurs mois de détention sans jugement, il était accusé de subversion et condamné à plus de quatre ans de prison. Un besoin d’idéalistes En février 1993, en pleine campagne pour la candidature de Pékin à l’organisation des Jeux olympiques de l’an 2000, il bénéficiait d’une mesure de libération sur parole — à quatre mois du terme de sa peine. Mais la prison n’avait pas entamé ses convictions. A peine sorti, Wang Dan annonçait la rédaction d’un livre sur le Printemps de Pékin et la poursuite de ses activités politiques. Le livre ne sera jamais écrit, mais Wang milite pour l’avènement de la liberté et de la démocratie en Chine. De février 1993 à mai 1995, il est la cible de manœuvres d’intimidation de l’appareil politique. Les arrestations se succèdent, à chaque fois, il est finalement relâché. «Une société a toujours besoin d’idéalistes — de personnes qui sont prêtes à se sacrifier pour défendre les idéaux fondamentaux de la liberté et de la démocratie. Nous l’avons déjà lourdement payé par le passé, et nous aurons peut-être à le payer encore dans l’avenir, mais nous persisterons à croire en nos idéaux, même si nous ne serons peut-être plus là pour jouir des fruits de leur réalisation», disait-il en mars 1995. Deux mois plus tard, il est une nouvelle fois arrêté. Et cette fois, il va de nouveau «payer» son engagement politique. Détenu sans jugement pendant dix-sept mois, il est condamné en octobre 1996 pour conspiration et menée subversive. La peine est très lourde: onze ans de réclusion criminelle pour avoir signé une pétition réclamant la libération des dissidents du Printemps de Pékin. En novembre de la même année, son appel est rejeté en dix minutes… Les préparatifs de la visite de Bill Clinton, en juin prochain en Chine, avaient relancé les rumeurs sur sa possible libération. Le 10 avril, Thomas Pickering, sous-secrétaire d’Etat américain, avait annoncé lors d’une conférence de presse à Pékin que «la libération des dissidents (était) une partie très importante des objectifs poursuivis». (Reuters)
Le dissident chinois Wang Dan, leader des manifestations de la place Tiananmen en 1989, est arrivé dimanche aux Etats-Unis après avoir bénéficié d’une libération anticipée, deux mois avant la visite d’Etat que doit effectuer Bill Clinton en Chine. Wang Dan est arrivé à Détroit à bord du vol NW88. On ignore s’il compte rester dans cette ville du Michigan. Sa libération pour raison médicale était attendue depuis plusieurs semaines, comme un gage de bonne volonté des dirigeants chinois. Elle a notamment été saluée par Washington et l’Union européenne. «C’est quelque chose que nous leur demandions depuis longtemps», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche Eric Rubin. «Son cas est l’un de ceux que l’UE a abordé avec les autorités chinoises», a déclaré au nom de l’UE le chef de la...
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