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Actualités - REPORTAGE

Inauguration ce soir du Musée Cilicie L'Arménie dévoile un pan de son histoire

Riche environnement artistique pour le Catholicossat arménien orthodoxe aux siècles derniers. Mieux que toute description, quelque 600 objets précieux provenant de l’église Sainte Sophie de Sis, sauvés en 1915 du pillage et des destructions, ornent le musée «Cilicie» qui sera inauguré ce soir à Antélias par le chef de l’Etat. Orfèvres, enlumineurs, calligraphes, brodeurs et tapissiers arméniens ont porté leur art à son plus haut niveau. L’initiateur de ce projet qui a démarré en 1994 était SS. Karékine II Sarkissian qui, après avoir été Catholicos au Liban, a été élu en Arménie à la tête de l’Eglise arménienne orthodoxe. Le musée «Cilicie» et la «Bibliothèque Khatchik Babikian» (85. 000 volumes) s’installent sur trois niveaux pour dévider les aspirations intellectuelles, artistiques et spirituelles qui ont marqué le passé du peuple arménien. Hagop Atéchian a agencé l’architecture intérieure. Sylvie Ajémian a peaufiné la présentation des œuvres dont des manuscrits enluminés du IXe et Xe siècle. Il y a en outre l’Evangile de Bardzrberd (1248); le Livre d’Ordination (14e siècle); un Nouveau Testament illustré de 1293; un Khatchk’ar ou stèle funéraire du 12e siècle… À toute histoire un prologue En septembre 1915, sommés par l’Empire ottoman de quitter le Saint-Siège du Catholicossat de Cilicie à Sis, les moines vont rassembler autant que faire se peut le trésor de l’église Sainte Sophie, célèbre alors pour ses huit autels et son trône pontifical en marbre sculpté. Le chaudron du saint Chrême, les vêtements sacerdotaux, la vaisselle liturgique, les reliques, les manuscrits emballés dans des coffres, chargés sur des mules, prennent le chemin de l’exode. Un trajet douloureux, exténuant, semé d’embûches, au cours duquel le chaudron du saint Chrême se brise laissant échapper sept des kilos d’huile sacrée. «Mauvais présage» s’écrie un prêtre. A quelques lieues de là, les tristes visions des colonnes de feu, de fumée et de déportés sapent le moral. Traversant plus loin le fleuve Djihan, les coffres basculent du radeau et coulent. Il faut toute la ténacité des moines pour sauver le trésor et l’amener à Alep, première étape d’un long exil qui s’achèvera au Liban en 1930. Cette histoire permet de mieux saisir la valeur historique mais aussi sentimentale de ces objets rassemblés aujourd’hui au musée «Cilicie». Reliques La salle du premier étage regorge de reliques comme celles de la Vraie Croix, de Sainte Hélène, de Saint Jean-Baptiste… Jalousement préservées au cours des siècles, elles sont enchâssées dans des reliquaires superbement ouvragés en forme de croix, de flèche, d’église, de radiance, de coffret mais aussi en forme de mains d’or et d’argent comme celles de Saint Nicolas et de Saint Sylvestre… Datant du 17e, 18e et 19e siècle, les ornements d’autel tels lustres et chandeliers filigranés, ciboires aux superbes motifs iconographiques, croix serties de pierres précieuses, suite d’Evangéliaires aux luxueuses reliures, témoignent de la magnificence de l’Eglise arménienne orthodoxe. De même, une collection de crosses, de férules, de porte-encens et d’encensoirs se livrent dans un luxe de détails. Quant à la broderie, elle se décline sur plusieurs siècles et déroule richement les particularités du costume liturgique arménien. Fils d’or, d’argent et de soie polychrome composent les vêtements sacerdotaux mais aussi les nappes et les rideaux d’autel. L’omophorion travaillé en 1634 à l’usage du rabunapet Hakob et portant en médaillons les figures du Christ, de la Vierge et de différents saints, atteste de l’ingéniosité de l’art de la broderie. Au deuxième étage, l’histoire de la miniature arménienne est en vedette. Plus de deux cents incunables sont exposés. Des fragments décrivent l’évolution de l’écriture arménienne à partir de précieux exemplaires des IXe et Xe siècles… Des manuscrits enluminés exécutés en Cilicie, aux 13e et 14e siècles dans des monastères réputés comme Medsayr et Skevra; mais aussi à Constantinople et en Bulgarie où vivait une importante communauté arménienne au 17e siècle. Ces documents sont groupés par provenance et par ordre chronologique. Provenant de collections privées différentes, l’archéologie s’affiche à partir de l’Age du bronze. A signaler une très belle coupe de verre irisée d’origine phénicienne et, un vase de terre cuite du 8e siècle avant J.-C. Au rendez-vous également, la monnaie d’argent et de cuivre frappée à l’effigie des rois de Cilicie, de Léon 1er (1198-1219) jusqu’à Léon V de Lusignan (1374-1375). Une collection de tapis et tapisseries des 18e et 20e siècles. Des peintures et des sculptures modernes qui donnent un aperçu de la créativité des artistes arméniens. Et une étonnante maquette de la place de l’Etoile exécutée en 1933 par l’architecte Mardiros Altounian. Le Musée «Cilicie» est un lieu chargé de symboles. Confiante dans son avenir, la communauté arménienne peut être fière de son passé.
Riche environnement artistique pour le Catholicossat arménien orthodoxe aux siècles derniers. Mieux que toute description, quelque 600 objets précieux provenant de l’église Sainte Sophie de Sis, sauvés en 1915 du pillage et des destructions, ornent le musée «Cilicie» qui sera inauguré ce soir à Antélias par le chef de l’Etat. Orfèvres, enlumineurs, calligraphes,...