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Actualités - CHRONOLOGIE

Les arméniens appelés à choisir aujourd'hui entre le libéralisme et la nostalgie soviétique

Le deuxième tour de l’élection présidentielle en Arménie oppose aujourd’hui un ancien apparatchik de 65 ans, Karen Demirtchian, symbole d’un passé soviétique plus prospère, au libéral nationaliste, Robert Kotcharian, 43 ans, «héros» de la guerre du Nagorny-Karabakh. Samedi, les deux candidats ont tenu leur dernier meeting à Erevan, avant de participer l’un après l’autre à une émission télévisée d’une heure dans la soirée, répondant aux questions de journalistes et de téléspectateurs. Les observateurs estimaient dimanche que les chances des deux hommes étaient à peu près égales. Les deux candidats ont appelé leurs compatriotes à refuser la fraude électorale, afin d’assurer la légitimité intérieure et internationale du président élu. Le premier tour, selon les observateurs de l’OSCE, avait été émaillé d’irrégularités, qui n’avaient cependant pas remis en question les résultats. M. Demirtchian, arrivé second au premier tour avec 30,67% des suffrages, a promis à la télévision un retour à la prospérité pourtant toute relative de l’époque soviétique, évoquant les 14 années qu’il avait passées à la tête de la République d’Arménie sous l’URSS. Son retour sur la scène politique, l’homme le doit d’ailleurs à la crise profonde qui ravage le pays et assomme la population, faisant de l’Arménie l’un des Etats les plus pauvres de l’ex-URSS. Demirtchian, que l’un de ses adversaires a traité de «démagogue brejnévien», s’exprime dans un style simple et populaire. «Je n’attends rien de lui, mais je voterai pour lui par sympathie», affirme ainsi Tigran, chauffeur de 28 ans dont les maigres revenus font vivre ses parents, son épouse et ses trois enfants. Dans les campagnes, où la nostalgie de l’époque soviétique est la plus forte, certains électeurs l’accueillent à genoux, lui baisant les mains comme à un sauveur. Les politologues arméniens lui reprochent de n’avoir pas proposé un programme économique clair et surtout de n’avoir pas dit avec quelles forces il gouvernerait, en cas de victoire. Face à lui, M. Kotcharian (38,76% des voix au premier tour), premier ministre depuis un an, a l’avantage de pouvoir présenter un bilan. «Ces six derniers mois, assure ainsi son chef de Cabinet Alexan Haroutunian, nous avons enregistré 1,1 milliard de dollars d’investissements étrangers». Le gouvernement Kotcharian se targue d’avoir assaini la vie politique, en éliminant les privilèges de certains clans ou familles qui détiennent les rênes du pouvoir, et d’avoir mis en place une série de textes législatifs (notamment un code fiscal) indispensables au décollage économique. «Seule une Arménie économiquement forte et politiquement stable pourra résoudre la question du Karabakh», dit M. Kotcharian, qui fut le leader du territoire indépendantiste avant d’être appelé à diriger le gouvernement d’Erevan. Son image d’homme d’action pragmatique s’est formée lors de la guerre du Karabakh. Ce petit territoire d’Azerbaïdjan, peuplé majoritairement d’Arméniens, a proclamé unilatéralement son indépendance en 1988, et l’a défendue, avec l’aide d’Erevan, dans un long conflit qui prit fin en 1994 par la victoire des troupes de Kotcharian. Lors de son dernier meeting dans la capitale, devant une foule estimée à 40.000 personnes, M. Kotcharian samedi a appelé les électeurs à donner au futur président «une avance de 10 ou 15%, afin que sa légitimité ne puisse pas être contestée». Une victoire large minimiserait également l’importance d’éventuelles fraudes, et éviterait les tensions qui avaient conduit aux événements tragiques de 1996.
Le deuxième tour de l’élection présidentielle en Arménie oppose aujourd’hui un ancien apparatchik de 65 ans, Karen Demirtchian, symbole d’un passé soviétique plus prospère, au libéral nationaliste, Robert Kotcharian, 43 ans, «héros» de la guerre du Nagorny-Karabakh. Samedi, les deux candidats ont tenu leur dernier meeting à Erevan, avant de participer l’un après...