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Actualités - REPORTAGE

Au Bustan Le Quatuor à cordes Endellon et la pianiste Anne Queffelec : un dialogue scintillant ...

Après le duo Katia et Marielle Labeque, voilà une prestation tout aussi haut de gamme due au Quatuor à cordes Endellion. En guest star, pour un quatuor de Fauré, la pianiste Anne Queffelec. Fondé en 1979 le Quatuor Endellion est formé d’Andrew Watkinson (violon), Ralph de Souza (violon), Garfield Jackson (alto) et David Waterman (violoncelle). Il est aujourd’hui l’un des plus prestigieux quatuors d’Europe. Son répertoire s’étend de Haydn à la musique contemporaine. Tournées triomphales en Amérique, en Extrême-Orient et dans toute l’Europe jalonnent une carrière à la réputation solidement établie. Elle, Anne Queffelec, est premier prix du Conservatoire de Paris et a côtoyé les meilleurs chefs d’orchestre au monde: Boulez, Davies, Leppard, Marriner. Pour les festivaliers d’Al-Bustan, le Quatuor Endellion a offert, en première partie, des œuvres de Beethoven et de Debussy. Beauté, magie et séduction des quatuors ciselés de mains d’orfèvres. Tout d’abord place aux phrases intimistes et romantiques de Beethoven. Des seize quatuors, que le maître de Bonn a écrit voici, en ouverture de ce concert, le quatuor en si bémol majeur op. 18 No. 6. Quatre mouvements où alternent mélancolie, vivacité, fougue, colère, rêverie… Lumineuse et ténébreuse à la fois, cette œuvre souvent torrentielle, emportée, tournoyant comme une bourrasque aux accalmies imprévues, a des accents émouvants car Beethoven s’y révèle dans une narration à la confidence à la fois pudique et osée. Ensuite, en transition, profondeur et sortilèges des narrations débussiniennes qui se déploient avec la force et la chatoyance d’un conte sonore… On sait bien que Debussy a très peu écrit pour la musique de chambre mais ce qu’il a laissé compte parmi les joyaux de la culture musicale française. Notamment ce quatuor à cordes en sol mineur à quatre mouvements créé le 29 décembre 1893. Ce quatuor, un des plus beaux qui ait jamais été écrit d’après les connaisseurs, sonne d’une manière toute nouvelle et rude parfois grâce a l’abondance des formules issues du thème cyclique. La polyphonie riche, expressive, surprend agréablement par ses hardiesses, et les dissonances qui restent suspendues tiennent constamment l’auditeur en haleine. Ce quatuor a enrichi d’un sang nouveau la musique de la fin du XXe siècle. A l’époque, les critiques furent loin de percevoir son originalité et sa magnificence, certains même le jugèrent barbare, informe, «truculent» (?). Seul Dukas avait écrit: «Le quatuor de M. Debussy porte bien l’empreinte de sa manière. Tout y est clair et nettement dessiné. L’essence mélodique de l’œuvre est concentrée, mais d’une riche saveur». Saveur que l’on goûte ce soir avec un infini plaisir grâce au talent de princes de l’archet que sont les musiciens du Quatuor Endellion. «Pour moi, l’art, la musique surtout, consiste à nous élever le plus loin possible audessus de ce qui est». C’est en ces termes que s’exprimait Gabriel Fauré et c’est avec ces mêmes termes que le clavier d’Anne Queffelec et les cordes du Quator Endellion, après l’entracte, ont transporté l’auditoire vers les rives de ce superbe quatuor en do mineur op. 15. Tout en gardant une forme classique et tout en ne révélant aucune nouveauté fracassante ou révolutionnaire, ce quatuor dévoile en douce et surtout dans les détails, l’imagination fertile mais toujours disciplinée de l’auteur de «Pénélope». Allegro surprenant où le deuxième thème ne se contente pas de dialoguer avec le premier mais s’intègre insensiblement à lui pour laisser apparaître un sens raffiné de l’écriture. Ecriture d’un mélodiste merveilleux et subtil qui nous rappelle cette phrase de Mallarmé: «Une ligne, quelque vibration sommaire et tout s’indique…». A retenir aussi cet adagio lent, grave, presque majestueux aux arrêts teintés d’une indicible tristesse. Pour terminer, dans une agitation habilement «orchestrée» cet «allegro molto» où le piano donne la réplique aux cordes par de grandes morsures d’accords ou les soutient avec des furtifs arpèges liquescents d’une surprenante vélocité. Le Quatuor Endellion et Anne Queffelec, c’est une prestation éblouissante, un dialogue scintillant. Mais c’est simplement aussi un grand moment où la musique est pur bonheur.
Après le duo Katia et Marielle Labeque, voilà une prestation tout aussi haut de gamme due au Quatuor à cordes Endellion. En guest star, pour un quatuor de Fauré, la pianiste Anne Queffelec. Fondé en 1979 le Quatuor Endellion est formé d’Andrew Watkinson (violon), Ralph de Souza (violon), Garfield Jackson (alto) et David Waterman (violoncelle). Il est aujourd’hui l’un des...