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Actualités - CHRONOLOGIE

Le FN impose son diktat dans les régionales Séisme politique en France

Une nouvelle secousse a frappé vendredi la droite modérée française qui a renversé la situation dans les élections régionales en s’emparant des présidences de 13 régions, mais au prix d’une très grave crise interne et d’une énorme victoire stratégique pour le Front national (FN) d’extrême droite. Pour garder le contrôle de leurs régions, une fraction non négligeable de ses élus ont en effet fait alliance avec le FN. Dans 6 des 22 régions métropolitaines (Bourgogne, Centre, Franche-Comté, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Picardie), des élus de l’UDF, l’un des deux principaux partis de l’opposition de droite, ont été portés aux présidences de régions grâce à l’appui des voix du FN de Jean-Marie Le Pen, malgré les consignes expresses de leurs dirigeants nationaux. Ils ont été aussitôt suspendus de l’UDF, sauf dans le cas de Jean-François Humbert qui a préféré démissionner de la présidence de Franche-Comté pour ne rien devoir au FN. Une nouvelle élection aura lieu dans cette région dans les semaines à venir. En Bretagne, des voix FN se sont aussi portées spontanément sur le candidat du parti gaulliste RPR Josselin de Rohan, élu au second tour. Mais il n’avait pas besoin de ces voix pour l’emporter. Plusieurs scrutins ont été reportés à lundi notamment pour la région parisienne qui devrait aller pour la première fois à la gauche, ainsi qu’en Midi-Pyrénées et en Provence Côte-d’Azur, le bastion du FN, où la situation est très confuse. Lors des deux premiers tours du scrutin, le socialiste Michel Vauzelle (49 voix) avait devancé le patron de l’UDF, l’ancien ministre François Léotard, arrivé à égalité avec Jean-Marie Le Pen avec 37 voix. M. Léotard avait longuement hésité avant de se porter candidat, par crainte d’être élu avec les voix FN qu’il rejette. En fin de journée la gauche n’avait obtenu que trois régions (Aquitaine, Nord-Pas de Calais, Limousin). Dans cette affaire, l’opposition RPR-UDF «joue son existence», a déclaré le député gaulliste Patrick Devedjian, un proche de l’ancien premier ministre Edouard Balladur, en résumant le sentiment des dirigeants de la droite modérée. Il a accusé le premier ministre socialiste Lionel Jospin et Jean-Marie Le Pen d’être «tous deux d’accord pour que la droite disparaisse». «Ce n’est pas un rêve, cela peut arriver, c’est arrivé en Italie», a-t-il dit. La veille, le président gaulliste Jacques Chirac était intervenu pour appeler la droite à refuser toute alliance avec le FN. «Lorsqu’on a des convictions républicaines (...) il ne faut pas accepter de les compromettre», avait-il dit. Depuis que le FN est devenu une force pesant sur l’échiquier politique, les dirigeants de droite ont toujours refusé l’alliance avec ce parti aux positions ultranationalistes, antieuropéennes et racistes, considérant qu’il «vaut mieux perdre les élections que perdre son âme». Ils ont l’appui des deux tiers de leur électorat traditionnel selon des sondages, mais près de 30% de leurs militants et sympathisants ne partagent pas cette ligne. M. Le Pen n’a jamais caché que son objectif final était de faire exploser la droite modérée et de faire du FN une formation incontournable à droite. Mais jusqu’ici, il pratiquait surtout une politique de dénonciation de la droite et de la gauche. Les choses ont changé dans les régionales, son adjoint et rival Bruno Mégret, un polytechnicien froid, considéré souvent comme plus dangereux que M. Le Pen, ayant réussi à faire accepter par la direction du parti de tenter la droite par des alliances basées sur un programme minimal non controversé (moins d’impôts et plus de sécurité urbaine).
Une nouvelle secousse a frappé vendredi la droite modérée française qui a renversé la situation dans les élections régionales en s’emparant des présidences de 13 régions, mais au prix d’une très grave crise interne et d’une énorme victoire stratégique pour le Front national (FN) d’extrême droite. Pour garder le contrôle de leurs régions, une fraction non...