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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Altercation entre des proches de Kabbani et les représentants de Hraoui et Berry à l'AIB Levée de boucliers contre le projet de mariage civil Sfeir, Fadlallah et le Hezbollah opposés à la décision du gouvernement Seuls le PSP, le PCL et le PSNS sont en faveur du projet Hraoui

Moins de 24 heures après l’approbation mercredi soir par le Conseil des ministres du projet de loi sur le mariage civil facultatif, le climat s’est subitement tendu dans le pays. Les dignitaires religieux musulmans et chrétiens ont critiqué avec virulence le texte approuvé, réaffirmant leur détermination à s’y opposer par tous les moyens. En plus des nombreuses déclarations rejetant le mariage civil, cette tension s’est traduite par des incidents qui ont eu lieu à l’aéroport entre des proches du mufti Mohammed Rachid Kabbani et des représentants des présidents Elias Hraoui et Nabih Berry, venus l’accueillir à son retour d’Arabie Séoudite. De nombreux comités et associations islamiques actifs à Beyrouth ont en outre appelé à l’organisation de sit-in dans les mosquées après la prière du vendredi pour protester contre le projet. Seuls les partis socialiste progressiste (PSP), communiste (PCL) et syrien national social (PSNS) et quelques autres formations de moindre importance ont appuyé l’initiative du président Hraoui et ont appelé à l’abolition du confessionnalisme politique, alors que le Hezbollah s’est catégoriquement opposé à la décision du gouvernement. En plus du mufti Kabbani, le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir (dont les propos ont été rapportés par le député Emile Naufal), sayyed Mohammed Hussein Fadlallah et l’évêque maronite de Jbeil, Mgr Béchara Rahi, ainsi qu’un grand nombre de députés et de personnalités politiques et religieuses, ont rejeté le projet du mariage civil. Dans une déclaration faite à l’AIB, cheikh Kabbani a qualifié d’«acte extrêmement mauvais» l’approbation du projet de loi. «Cela porte atteinte aux musulmans dans leur croyance et leur charia’ que la Constitution les autorise à appliquer dans leur statut personnel, a-t-il dit. Nous n’accepterons jamais cela, quelles que soient les circonstances et cette position est définitive. Nous unirons nos efforts avec tous les dirigeants religieux chrétiens et musulmans pour nous opposer à ce précédent dangereux dans l’histoire du Liban». La cérémonie d’accueil officiel réservée au mufti a été perturbée par deux altercations qui ont opposé des proches du dignitaire aux représentants des présidents Hraoui et Berry. Juste après l’arrivée du mufti, le juge chérié de Beyrouth, cheikh Zakariya Ghandour, a qualifié de «voyous tous les ministres qui ont voté en faveur du projet de loi». Le ministre d’Etat, M. Elias Hanna, qui représentait le chef du gouvernement, a vivement rétorqué: «Parlez si vous avez des choses agréables à dire, sinon, gardez vos paroles pour vous. Nous ne sommes pas là pour provoquer des polémiques». Le ministre Omar Meskaoui qui représentait le président Hraoui est intervenu pour circonscrire l’incident. Le mufti Kabbani a refusé de prendre un peu de repos dans le salon d’honneur et s’est directement dirigé vers sa voiture. A ce moment, le député Salah Haraké, dépêché par M. Berry pour accueillir le dignitaire religieux, a été bousculé. Il a alors rappelé aux personnes qui le malmenaient sa qualité de représentant officiel. «Cela ne nous intéresse pas», lui a lancé un des présents. Indisposé par cette remarque, M. Haraké a répondu en colère: «Je suis honoré et fier de représenter le président Berry. Je représente les chiites et nous représentons le Liban». Le confessionnalisme politique Le mufti est directement intervenu pour calmer la situation. Plus tard, il devait dépêcher deux de ses adjoints auprès de MM. Hanna et Haraké pour s’excuser de la manière dont certains de ses proches se sont comportés envers les représentants officiels. Sayyed Fadlallah aussi s’est opposé au projet. «Nous pensons que le mariage civil porte atteinte aux musulmans et aux chrétiens, a-t-il dit dans une déclaration. Si certains avancent comme prétexte le fait que le mariage civil contribue à l’unification des Libanais, nous pensons que cette unité existe et que ce mariage ne peut pas la renforcer». Le dignitaire chiite a par ailleurs rejeté le lien établi par le président Hraoui entre le mariage civil et la suppression du confessionnalisme politique. «La question des statuts personnels fait partie du domaine culturel et n’a rien à voir avec l’abolition du confessionnalisme politique, a-t-il dit. La modification des statuts personnels n’implique pas nécessairement la déconfessionnalisation. Pour notre part, nous refusons le projet (sur le mariage civil) dans son intégralité». Les «Associations et les comités de Beyrouth» ont appelé les fidèles à organiser des sit-in aujourd’hui dans les mosquées de la capitale et des autres régions après la prière du vendredi pour exprimer leur opposition au mariage civil facultatif. Ces sit-in constituent, selon un communiqué publié hier par ces organisations, «la première mesure d’escalade dans le processus de confrontation avec ce projet-discorde». Après avoir rendu hommage à la «sagesse» du président Rafic Hariri qui a rejeté ce projet, les associations et comités ont appelé les Libanais à «unifier leurs rangs contre ce qui constitue une violation flagrante des préceptes religieux et des principes moraux». Le communiqué «condamne tout ministre ou député musulman qui proclamerait son soutien à ce projet» et menace de «lui retirer sa qualité représentative». «Chaque responsable qui approuve ce texte ne représente que sa propre personne parce qu’il aura violé le consensus politique et religieux musulman», ajoutent les associations et comités de Beyrouth. Les positions des chrétiens Une réunion doit grouper dans les prochains jours les chefs spirituels des communautés musulmanes pour examiner en profondeur cette question et tenter d’adopter une position unifiée à ce sujet. Côté chrétien, les réactions n’étaient pas moins sévères à l’égard du projet-Hraoui. «Les chrétiens qui contractent un mariage civil s’excluent de la communion ecclésiale», a déclaré le patriarche Sfeir dont les propos ont été rapportés par M. Emile Naufal qui s’est rendu à Bkerké hier. Le député de Jbeil a par ailleurs rejeté le lien établi entre le mariage civil et l’abolition du confessionnalisme politique qui constitue le prélude à «la partition du pays». M. Toufic Hindi, qui s’est également rendu à Bkerké, a indiqué que «Mgr Sfeir va faire une déclaration prochainement au sujet de l’affaire du mariage civil et du lien établi entre cette question et l’abolition du confessionnalisme politique». L’ancien conseiller du chef des Forces libanaises dissoutes a apporté son soutien à la position du président Hariri dans ce domaine. «Le moment n’est pas opportun pour avancer des projets qui suscitent des dissensions entre les Libanais, a-t-il dit. Cela donne l’image d’un Liban divisé et de Libanais incapables de se gouverner eux-mêmes». Selon M. Hindi, le mariage civil est en contradiction avec les dispositions de la Constitution, notamment l’article 9 qui confie la gestion des statuts personnels aux tribunaux religieux et l’article 19 qui autorise les hommes de religion à réclamer l’invalidation par le Conseil constitutionnel de toute loi concernant le statut personnel. «Il est étonnant que certains hommes politiques musulmans ignorent, ou fassent semblant d’ignorer que le mariage civil contredit fondamentalement les préceptes de leur religion, de même que la religion chrétienne n’encourage pas ce genre d’alliance(...)», a-t-il ajouté. L’évêque maronite de Jbeil, Mgr Béchara Rahi, a de son côté estimé que «les questions essentielles pour le pays ne se règlent pas par des réactions par la fuite en avant ou par les faits accomplis». Dans une déclaration à la presse hier, le prélat a estimé que «la manière avec laquelle le projet de mariage civil a été adopté n’est pas honorable, d’autant qu’il concerne un des fondements de l’entité libanaise». Mgr Rahi a déclaré qu’il est probable qu’un sommet spirituel islamo-chrétien sera organisé pour examiner cette affaire. Les formations politiques partagées Si le vice-président de la Chambre, M. Elie Ferzli, a refusé de se prononcer au sujet du mariage civil avant que le projet ne soit transmis à la Chambre, d’autres parlementaires n’ont pas hésité à prendre position. C’est notamment le cas de MM. Bahaeddine Itani, Maurice Fadel et Farid Makari, ainsi que le bloc «du développement et du changement» (Liban-Nord) qui sont contre le projet. Sur le plan des forces politiques, le Hezbollah a fait paraître un communiqué estimant que «l’adoption du projet sur le mariage civil est une agression contre le système du statut personnel et contre les intérêts religieux». Le parti a en outre catégoriquement rejeté tout lien entre cette affaire et la question de l’abolition du confessionnalisme politique. «Le Hezbollah et toutes les forces islamiques au Liban rejettent fermement ce projet et réclament son retrait pour sauvegarder l’unité nationale», ajoute le communiqué qui estime que le texte a été voté dans le cadre de «la mentalité vexatoire régissant les relations entre les pôles du pouvoir». La formation islamiste a poursuivi que «l’approbation du texte n’aurait dû en aucun cas être le résultat d’un chantage ou d’un marché et devrait obtenir l’accord des autorités religieuses et de toutes les communautés qui ont exprimé leur refus». Par contre, le PSP, le PCL et le PSNS ont appuyé la décision du gouvernement. Dans une déclaration à la presse hier, le président du PSNS, M. Ali Kanso, a salué «la décision courageuse du Conseil des ministres et du président Elias Hraoui». Qualifiant l’adoption du projet de «grande décision nationale», M. Kanso a également exprimé son soutien à l’initiative de M. Hraoui d’adresser un message au président Berry pour lui demander de former la commission chargée d’examiner les moyens d’abolir le confessionnalisme politique. Le bureau politique du PCL a aussi appuyé aussi bien l’adoption du projet que la décision de M. Hraoui d’enclencher le processus de déconfessionnalisation politique. Le PSP de M. Walid Joumblatt a adopté la même attitude, estimant que cette décision «ouvre au Liban de nouveaux horizons».
Moins de 24 heures après l’approbation mercredi soir par le Conseil des ministres du projet de loi sur le mariage civil facultatif, le climat s’est subitement tendu dans le pays. Les dignitaires religieux musulmans et chrétiens ont critiqué avec virulence le texte approuvé, réaffirmant leur détermination à s’y opposer par tous les moyens. En plus des nombreuses...