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Actualités - OPINION

Différents, ensemble

La guerre a porté atteinte à l’une de nos plus grandes richesses nationales. Non pas la mer, ni les montagnes, ni l’azur, mais la convivialité islamo-chrétienne. Pour recomposer le tissu social déchiré, la société civile, vous et moi, déployons depuis que le canon s’est tu, des efforts désespérés. Et c’est parfois sur nos propres doutes qu’il faut agir, pour ne pas céder au découragement. On a pris l’habitude de dire convivialité islamo-chrétienne. Il faudrait dire simplement «convivialité». Ce «vivre différents ensemble» concerne tout le monde, toutes les communautés. Un incident survenu dernièrement est venu le rappeler. De confession israélite, un Libanais a trouvé des difficultés à se faire payer des loyers. Sous la pression, ses avocats ont été forcés de se désister. Pourtant, tous les Libanais sont égaux devant la loi. Pourtant encore, la communauté israélite au Liban a droit de cité au même titre que les autres. C’est dans notre Constitution et c’est pour le Liban non pas un accommodement, mais un sujet de fierté. Il ne resterait aucun Israélite Libanais que rien n’y changerait. Mais heureusement, il reste au Liban quelques dizaines d’Israélites qui sont aussi Libanais que vous et moi, et qui ne voudraient pour rien au monde être dépossédés de cette douceur d’être. Ils sont aussi des centaines, des milliers, à vivre en Europe ou dans les Amériques la nostalgie d’une patrie perdue. On les retrouve, à l’occasion d’un voyage, l’oreille et le cœur attentifs, guettant le parfum du Liban dans les nouvelles qu’on leur donne, indifférents à leurs pertes matérielles – et elles existent. Libanaise de corps et d’âme, née au Liban, comme ses enfants, malgré une citoyenneté iranienne qu’elle a vécue comme une fatalité inamovible, cette femme vous accueille dans son «chez elle» parisien, vous offre la «mankouché» et les olives, et disserte sur un passé toujours présent dans sa mémoire, et sur un présent sur lequel elle n’a plus aucune prise, sinon celui de l’intelligence. «Les Libanais, conclura-t-elle, manquent de maturité patriotique». Une phrase surgit sur le moment, mais que l’on sent réfléchie et assumée. L’histoire du Liban nous a offert, quelques heureuses années durant, un modèle réussi de convivialité. Il n’est pas de problème plus urgent, en ce moment, que d’en retrouver le goût perdu, et de le communiquer à ceux qui ne l’ont pas connu.
La guerre a porté atteinte à l’une de nos plus grandes richesses nationales. Non pas la mer, ni les montagnes, ni l’azur, mais la convivialité islamo-chrétienne. Pour recomposer le tissu social déchiré, la société civile, vous et moi, déployons depuis que le canon s’est tu, des efforts désespérés. Et c’est parfois sur nos propres doutes qu’il faut agir, pour ne...