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Actualités - REPORTAGE

Environnement - L'UE finance un projet d'aménagement de la chênaie de Kefraya Réconcilier les hommes avec la forêt (photos)

Le vaste programme de développement stimulé et financé par l’Union européenne dans le cadre de son assistance au Liban, et dans le sillage du partenariat euro-méditerranéen, englobe un projet portant sur la protection de la couverture végétale dans les régions périphériques du pays. Ce projet, exécuté par deux groupes français l’Office national des forêts (ONF) et la Société éco-aménagement (SECA), couvre trois zones forestières. La forêt de Kefraya en fait partie. L’aménagement consiste à nettoyer et éclaircir les forêts enlevant les brins morts et en élaguant certaines branches de manière à permettre aux arbres de pousser harmonieusement et non de façon chaotique. Un tel projet était au départ difficile à enclencher du fait que le ministère de l’Agriculture interdit de couper le bois des forêts. Dans ce cadre, l’expérience de Kefraya est jusqu’à présent la seule effectuée sur le terrain. À l’entrée de la forêt, des branches de bois entassées témoignent que le travail a déjà été entamé. Commencer ce projet à Kefraya était une tâche facile car le territoire appartient à un seul propriétaire, M. Michel Bustros. Deux ingénieurs, Antoine Habre et Mohamed Mounzer, formés par l’équipe de l’UE, supervisent le travail d’aménagement notamment, l’élagage effectué par cinq bûcherons et six ouvriers de la région. MM. Habre et Mounzer qui travaillent depuis deux ans avec l’UE ont suivi des stages de formation afin de pouvoir gérer la forêt. Ils expliquent que «le terrain de Kefraya a été divisé en dix parcelles. Pour préserver le développement durable, il faut que chaque année la forêt livre ses produits (bois, baies sauvages…). Chaque parcelle de terrain sera travaillée durant un été. En dix ans, la totalité de la forêt sera couverte». Et d’ajouter que «plus tard, la même opération sera répétée. La première parcelle aura grandi, elle sera plus robuste et plus saine. Mais elle aura toujours besoin d’être élaguée». M. Charles Dereix, ingénieur en chef du génie rural, des eaux et des forêts et directeur du projet, précise que «le but de l’opération de l’Union européenne vise avant tout à réconcilier l’homme avec la forêt». Cette dernière doit jouer un rôle dans le développement durable et «il ne faudrait pas en interdire l’accès aux habitants». Il évoque la réaction des habitants de Kefraya quand ils ont vu le projet de l’UE se réaliser: «Le président du conseil municipal de Kefraya a demandé à l’équipe de l’Union d’aménager la forêt municipale vaste de 730 hectares», dit-il. Aménagement, sensibilisation et formation À Kefraya, les ingénieurs ont aménagé une forêt de chênes où poussent aussi des arbres fruitiers sauvages et des genets d’Espagne. Ils déclarent cependant que «c’est toute la forêt qui nous intéresse. Si nous tenions uniquement aux carcus calliprinos (chênes à feuilles persistantes qui s’adaptent à la sécheresse) et aux carcus infectoria (chênes qui perdent leurs feuilles en hiver et qui ont besoin d’humidité) nous aurions délaissé ou même arraché les arbres sauvages fruitiers». Or dans la petite parcelle, les autres arbres ont été également élagués. Cette opération est profitable à toute la forêt qui sera plus vigoureuse. Glands, feuilles et petites branches resteront sur place, par terre. Ils seront tassés par la neige en hiver et se transformeront ensuite en engrais. De ce fait, l’aménagement aura protégé la forêt des incendies, car les brindilles et les branches seront maintenues au niveau du sol. Dans ce cadre, Antoine Habre souligne l’intérêt de «laisser les chèvres se promener au printemps». Et d’expliquer que «les branches des arbres étant devenues très hautes pour être atteintes, les chèvres se contenteront des herbes folles et protégeront ainsi la forêt des incendies». Les deux ingénieurs notent que «le projet d’assistance de l’UE est divisé en trois parties: l’aménagement des forêts, la sensibilisation de la population et la formation du personnel». L’aménagement consiste à gérer d’une manière durable la forêt, à prévoir les incendies, et à reboiser certaines zones. Pour cette raison, dans chaque site, une pépinière a été prévue. En novembre dernier, 8 000 pins pignons ont été plantés à Kefraya. La pépinière de la localité est située dans la cour de l’école publique. Les élèves pourront ainsi être directement sensibilisés à l’environnement et au respect de la nature. Chaque projet bénéficie d’une maison forestière permettant aux ingénieurs originaires de différents coins du Liban de rester à proximité de leur chantier. Le projet de l’UE englobe des terrains de l’État et de la municipalité ainsi que des terrains privés dans trois régions libanaises: le Nord (Hadeth el-jebbeh-Hardine), le Mont-Liban (Nahr Ibrahim) et la Békaa (Kefraya). La sensibilisation de la population se fait également sur le terrain, où l’équipe reçoit des scouts, des écoliers ou des membres d’associations civiles. Sur le plan de la formation, six ingénieurs agronomes ont acquis le savoir faire de l’Union européenne: aménagement des forêts, lutte contre les incendies, pédologie, écologie et sociologie. Les ingénieurs formés par l’UE, une fois le projet achevé, transmettront leur savoir-faire aux gardes-forestiers et aux ingénieurs agronomes du ministère de l’Agriculture. À Kekfraya, la seule expérience d’aménagement de forêt tentée par l’Union européenne a réussi. Le bois coupé sera vendu sur le marché et sera utilisé pour le chauffage. Une parcelle de la forêt est devenue claire, propre et protégée. Dans les années à venir elle poussera plus vigoureuse. Entre-temps, l’équipe en charge du projet entamé par l’Union européenne (qui s’achèvera à la fin de l’année prochaine) aura besoin de fonds pour continuer ses travaux et transmettre son savoir-faire.
Le vaste programme de développement stimulé et financé par l’Union européenne dans le cadre de son assistance au Liban, et dans le sillage du partenariat euro-méditerranéen, englobe un projet portant sur la protection de la couverture végétale dans les régions périphériques du pays. Ce projet, exécuté par deux groupes français l’Office national des forêts (ONF) et la...