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Actualités - REPORTAGE

Plusieurs travaux d'infrastructure sont exécutés au même moment Achrafieh : les tranchées de tous les risques (photos)

Cadeau empoisonné pour Achrafieh en ce début de saison: les chantiers ont commencé à proliférer juste à la veille de la rentrée scolaire, rendant ainsi plus difficile la circulation dans ce quartier à forte densité démographique. Mais le meilleur est à venir: d’autres doivent être entamés. Il y a de tout: de l’électricité, de l’eau, des canalisations d’égouts. L’Etat a effectivement pensé à tout… sauf à s’y prendre au bon moment. Des journées sombres en perspective pour ce quartier de Beyrouth, et pour d’autres aussi, puisque certains des travaux d’infrastructure intéressent l’ensemble du Beyrouth administratif et du Grand Beyrouth et doivent donc s’étendre à d’autres quartiers. Les mêmes pancartes affichant en grand: «Attention. Travaux» sont plantées un peu partout dans les rues d’Achrafieh que beaucoup de gens évitent soigneusement, lorsqu’ils le peuvent, pour ne pas avoir à rouler au ralenti et à cabosser leurs véhicules. Le résultat s’est fait immédiatement sentir: dans les rues épargnées, les embouteillages qui étaient jusque-là supportables sont devenus un vrai cauchemar avec la rentrée des classes. Mais pourquoi avoir justement attendu le début de l’automne et de la saison des pluies pour lancer ces chantiers? Pourquoi ne pas avoir choisi l’été, lorsque les quartiers résidentiels se vident, lorsque les rues deviennent pratiquement désertes dans l’après-midi et la nuit? Nous avons tenté de poser ces questions aux responsables de l’EDL et de l’OEB qui étaient tous aux abonnés absents. Apparemment, le jeudi est un jour de réunions pour tout le monde: Les hauts responsables sont en réunion, les chefs de département sont introuvables, et les ingénieurs s’empressent de vous donner le nom d’un collègue «en charge du dossier», lequel collègue ignore de quoi vous parlez et vous demande de vous adresser à un autre collègue qui s’avère être en congé… Autant solliciter les services d’un voyant pour trouver la personne adéquate. «Pas de répit» Nul ne conteste l’utilité et l’importance des travaux entrepris dans un pays dont toute l’infrastructure est à revoir. C’est le timing qui est critiqué. C’est aussi la désorganisation et la lenteur injustifiées des travaux. On ne compte plus combien de fois la rue Abdel Wahab el-Inglizi a été labourée pour cause de travaux d’infrastructure au courant des deux dernières années. Les dernières tranchées en date remontent à près d’un mois. Elles ont été creusées par les équipes de l’OEB «tout juste deux jours après que les précédentes eurent été comblées et asphaltées par l’EDL», selon les habitants du quartier qui ne cachent pas leur hargne. Leur désespoir aussi parce que lorsqu’ils ont demandé à savoir quand tout cela sera terminé, l’équipe de l’OEB leur avait répondu: «Il n’y a pas de répit». La rue Abdel Wahab el-Inglizi est labourée de bout en bout dans le sens de la longueur. Les tranchées ont été comblées de gravier, il y a près de 10 jours après la fin des travaux. Les habitants ignorent toutefois quand elles seront asphaltées. Entre-temps, de nouvelles excavations prolifèrent dans le quartier. Le calvaire est loin d’être terminé. Celui de la rue Chehadé qui conduit de Tabaris à la rue Trabaud a commencé jeudi. Les équipes de l’EDL ont creusé des tranchées de près d’un mètre de profondeur pour installer des câbles sans même penser à baliser le chantier qui est de ce fait un véritable danger public. On aurait bien voulu donner davantage de précisions sur la durée du chantier ou sur la nature précise des travaux, mais… Les habitants et surtout les commerçants du quartier pestent contre «l’amateurisme» d’un Etat qui réalise les difficultés découlant du marasme économique dans le pays et qui choisit quand même la nouvelle saison pour labourer les rues. «Depuis qu’ils ont creusé, nous n’avons pas vu un client», lance la propriétaire d’un magasin de prêt-à-porter. «Comment voulez-vous qu’ils s’aventurent dans un endroit aussi dangereux. Le moindre faux pas et c’est l’hôpital. Vous ne pouvez pas imaginer la peur qui me tenaille à chaque fois que je dois marcher sur cette planche de bois qu’ils ont placée pour que nous puissions rentrer chez nous», renchérit une autre dame. «Savez-vous quand doivent-ils terminer»? Mais nous ne savons pas plus qu’eux. De nouvelles excavations Heureusement qu’à la Place Sassine, Ashada, la société de bâtiments et de travaux publics, a pensé à baliser soigneusement la tranchée qu’elle a creusée près du siège de l’ICN et qu’elle a comblée hier matin. Depuis quelque temps, des excavations apparaissent entre l’Hôtel-Dieu de France et Nazareth et sont comblées moins de vingt-quatre heures plus tard. Grâce aux explications des responsables d’Ashada, on a pu ainsi apprendre que ces travaux portent sur l’installation d’un câble électrique souterrain de haute tension entre Mkalles et Aramoun, en passant par Sin el-Fil et Raouché et qu’ils seront terminés dans une dizaine de mois. M. Samir Nehmé nous explique qu’Ashada a commencé depuis deux semaines à creuser, alternativement, au niveau des carrefours pour poser les installations électriques et s’est fait un point d’honneur de combler et d’asphalter les tranchées en douze heures ou 24 heures au plus tard, au cas où des chaînages apparaîtraient dans le sol. Durant les prochains mois, elle doit commencer de nouvelles excavations de 500 mètres chacune tout le long de l’axe principal entre Mkalles et Aramoun afin d’installer le reste des équipements. Selon M. Nehmé, il n’y aura pas plus de deux tranchées en même temps. Elles seront toutefois suffisantes pour provoquer un tas d’ennuis qui auraient été moindres, répétons-le, au cas où les travaux auraient été entrepris durant la saison d’été. Mais la société en question n’y pouvait rien puisqu’elle n’a signé son contrat de sous-traitance que depuis deux mois avec Alcatel, en charge des travaux d’installation du réseau électrique et qu’elle avait ensuite besoin de temps pour établir ses plans, explique M. Nehmé. Le problème se situe en définitive au niveau de la planification et de l’organisation. Non seulement on n’hésite pas à lancer des chantiers à la rentrée scolaire, mais on n’attend pas que d’autres se terminent pour dégager et décongestionner les rues internes. M. Elie Khoury, ingénieur en charge du chantier de réhabilitation du réseau d’égouts à Gemmayzé, précise que le chantier ( à cause duquel une partie de la rue de Gemmayzé a dû être condamnée) prendra fin en principe dans deux semaines. Des excavations auront lieu toutefois ailleurs, du moment que la société de bâtiments et de travaux publics, Adnan el-Kaissi, exécute un projet d’installation d’un nouveau réseau d’égout entre le centre-ville et Dbayé. Celui-ci prendra fin dans deux ans. Plus que jamais, le besoin d’un ministère du Plan ou d’un organisme étatique qui aura pour seule fonction de coordonner entre les ministères se fait sentir.
Cadeau empoisonné pour Achrafieh en ce début de saison: les chantiers ont commencé à proliférer juste à la veille de la rentrée scolaire, rendant ainsi plus difficile la circulation dans ce quartier à forte densité démographique. Mais le meilleur est à venir: d’autres doivent être entamés. Il y a de tout: de l’électricité, de l’eau, des canalisations d’égouts....