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Actualités - ANALYSE

Les américains affirment ne pas vouloir s'en mêler Une échéance libanaise pour la forme Satterfield s'est longuement entretenu hier avec Berry et Ferzli

Vingt-quatre heures à peine après avoir présenté ses lettres de créance, M. David Satterfield, nouvel ambassadeur des États-Unis, mais vieille connaissance du Liban où il a été longtemps conseiller politique, s’est rendu à brides abattues Place de l’Étoile, où doit se jouer la présidentielle… Il y a passé plus de quatre-vingt dix-minutes à bavarder avec le président M. Nabih Berry et avec le vice-président M. Elie Ferzli. Pour déclarer ensuite sans broncher, et sans craindre que sa démarche même ne paraisse contredire ses propos, que son gouvernement se tient sur la touche côté présidentielle… Parallèlement, pour ne pas avoir l’air non plus d’y toucher, Damas laisse entendre que le sommet Hraoui-Assad n’aura lieu qu’après consommation de l’acte fondateur du nouveau régime. Autrement dit seulement après l’amendement de l’article 49 qui ouvrirait la voie à l’avènement du général Emile Lahoud. Une retouche qui nécessite l’aval préliminaire de l’actuel chef de l’État, dont on n’aura pas eu l’air de forcer la main… Pour en revenir à M. Satterfield, il a qualifié ses échanges avec MM. Berry et Ferzli de “ très bons ” indiquant que divers sujets avaient été abordés et autant d’idées partagées. Puis, laconique, il a répondu aux questions des reporters présents, qui ont concentré les feux sur la présidentielle : —«Nous avons clairement souligné, a-t-il…souligné, notre soutien au processus démocratique et constitutionnel au Liban…Le gouvernement US a clairement souligné que l’élection présidentielle est un choix (purement) libanais…» Ceci pour réfuter une question insidieuse sur une interférence américaine. Se félicitant tout de même d’une échéance qui permet à ce pays d’exprimer son attachement à la démocratie, le diplomate a conclu par ce souhait nuancé «We look forward to the lebanese elections»… Retour de Washington, des politiciens locaux confirment pour leur part que les Américains ne prêtent qu’une attention réduite à la présidentielle libanaise. Selon ces sources, ils s’en remettent aux Syriens, étant entendu que ces derniers se sont déjà engagés par la bouche de M. Abdel Halim Khaddam à ne pas cautionner une candidature de défi qui braquerait le camp dit chrétien. Et pour tout dire, toujours selon ces témoins, Washington peut être difficilement mécontent, le cas échéant, de l’avènement d’un commandant en chef vu que l’armée libanaise a toujours fait l’objet de sa sollicitude. Optique régionale Mais les Américains, répètent les mêmes sources, refusent catégoriquement d’entrer dans des spéculations sur les noms car il ne veulent pas se prêter à un quelconque bazar, avec quelle partie que cela soit, le jeu n’en valant pas la chandelle sur le plan régional qui seul continue à leur importer. Autrement dit, ils n’ont rien à vendre et rien à acheter, leurs intérêts globaux ne pouvant être ni affectés ni avantagés par l’avènement de tel ou tel. Surtout que la formule appliquée après Taëf donne assez peu de pouvoirs, notamment en politique étrangère, au chef de l’État. «Et même à son gendre le ministre des Affaires étrangères, relève un radical qui note combien il est rare que le chef du gouvernement dirige la délégation du pays à l’Assemblée générale de l’ONU comme le fait aujourd’hui M. Hariri…» Toujours est-il que vue d’une façon tout à fait indirecte, sous l’angle de l’importance que cela revêt pour Damas, la question de la présidentielle libanaise est une occasion pour la diplomatie US de préparer le climat pour une éventuelle reprise des négociations syro-israéliennes. En clair moyennant la carte blanche qu’en pratique, ils laissent au partenaire syrien en ce qui concerne la scène intérieure libanaise, les Américains en attendent de la souplesse par rapport à leurs efforts de relance du processus de paix. Ce à quoi du reste la diplomatie syrienne répond, toujours en pratique, en soulignant son attachement à ce même processus et en rappelant aux Américains que les obstacles c’est du côté israélien qu’ils se trouvent… Ce qui est un peu étrange c’est que si pour le fond Washington consacre la primauté, pour ne pas dire la tutelle, syrienne en matière de dossier intérieur libanais, pour la forme il tient à ce que personne n’ait l’air de s’en mêler. Et selon un ministre influent «il est tacitement entendu entre les Occidentaux (car la France et le Vatican sont du même avis que les USA) et la Syrie que l’échéance présidentielle de cette année devra revêtir des atours purement libanais et apparaître comme le résultat d’une vraie volonté nationale libanaise. C’est pourquoi nous croyons savoir, conclut cette source, que pour ne donner lieu à aucune interprétation tendancieuse M. Assad ne rencontrera M. Hraoui qu’une fois la Chambre convoquée en session extraordinaire pour amender l’article 49…» Et c’est sans doute pourquoi aussi un black-out total, parfaitement hermétique, a entouré les résultats des démarches effectuées ces derniers jours à Damas par de discrets émissaires de Baabda…
Vingt-quatre heures à peine après avoir présenté ses lettres de créance, M. David Satterfield, nouvel ambassadeur des États-Unis, mais vieille connaissance du Liban où il a été longtemps conseiller politique, s’est rendu à brides abattues Place de l’Étoile, où doit se jouer la présidentielle… Il y a passé plus de quatre-vingt dix-minutes à bavarder avec le...