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Actualités - ANALYSE

Opposition : les partis changent leur fusil d'épaule

Les positions adoptées par les partis radicaux de l’Est à l’occasion de la présidentielle peuvent être qualifiées de sensationnelles, dans ce sens qu’elles vont presque toutes à contre-courant de la ligne initiale qui rejetait totalement Taëf et tout ce qui peut en découler. On sait en effet que, dans la foulée du boycott des élections législatives de 1992, ces formations ne reconnaissaient les autorités libanaises issues de Taëf que comme des instances de facto, peut-être légales d’une certaine manière mais sûrement pas légitimes. Un refus qui a été provoqué par les accords de Taëf considérés comme discriminatoires mais aussi par leur application qui s’est tout de suite révélée tronquée au profit d’un camp déterminé. Ainsi, l’Est mettait régulièrement l’accent, au nom de l’indépendance, sur la non-application de la clause prévoyant le redéploiement des forces syriennes. La première percée est venue du côté du Bloc national. Non content d’annoncer son appui à la prorogation, comme un pis-aller, ce parti a dépêché récemment une délégation auprès du chef de l’Etat. Une toute première visite en neuf ans, et cela se comprend aisément : jusque-là, le B.N. ne reconnaissait pas la légitimité de M. Elias Hraoui. Ainsi, quand ce dernier a visité la France pour la première fois après son élection, le «Amid» du B.N., M. Raymond Eddé, avait quitté Paris pour l’Espagne pour éviter le président de la République. Le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, gendre du chef de l’Etat et dont le père Nouhad Boueiz avait été un grand ami de M. Eddé, avait bien tenté d’arranger une rencontre. Son scénario, tout à fait diplomatique, prévoyait qu’à son arrivée dans la capitale française, M. Hraoui appellerait le «Amid» pour s’enquérir de sa santé ; après quoi, M. Eddé rendrait visite au président. Mais le «Amid» avait refusé de se prêter à ce jeu, estimant (à cette époque maintenant révolue…) qu’il paraîtrait ainsi avaliser un Taëf dont il ne voulait pas entendre parler. Les cadres du B.N. ont depuis lors boudé les symboles du système. Et certains éléments, qui voulaient tenter leur chance aux législatives ou briguer un portefeuille, ont été tout simplement radiés. La même attitude de distanciation marquée à l’égard de tout ce qui émanait de Taëf était observée, on le sait, par les autres formations de l’Est radical comme le Parti national libéral de M. Dory Chamoun, le courant du général Michel Aoun et par celui du président Amine Gemayel. En 1992, cependant, le record si l’on peut dire de boycott avait été atteint dans la région de Jbeil, fief du B.N., où sur 60.000 électeurs inscrits, une personne avait été élue par 47 voix, pas plus! La résistance passive n’a pas tenu Mais cette résistance passive au fait accompli n’a pas tenu indéfiniment. Le boycottage, seul Michel Aoun s’y accroche encore. Et comble des combles, le général n’est même plus suivi par ses troupes, nombre de aounistes clamant haut et fort, ici, que cette attitude altière n’a donné que des nèfles et ne produira jamais rien d’autre. On voit qu’ils ont tout compris… En tout cas, pour ces cadres comme pour d’autres, encore plus à droite comme les ex-F.L., les municipalités ont été une bonne occasion de se rallier au système, sous le faux prétexte de l’apolitisme de cette échéance. Mais ce revirement collectif revêt des nuances. M. Chamoun, élu président de municipalité et qui se présente à la présidence de la République, tend les bras à M. Joumblatt, mais pas aux autres figures de proue du camp taëfiste que d’ailleurs le leader du PSP dénigre. M. Chamoun indique par ailleurs qu’il croit pour sa part que le mandat de M. Hraoui va encore être prorogé. Et son parti souligne que, s’il s’est porté candidat, c’est pour faire connaître le programme qui, à son avis, doit être suivi, et adresser ainsi un message politique au prochain régime, en lui faisant savoir que le PNL compte de nouveau participer activement à la vie politique du pays. Le B.N. annonce pour sa part un tel engagement à partir de Baabda même où ses dirigeants locaux avaient été reçus par le chef de l’Etat. En ce faisant, le parti de M. Raymond Eddé laisse entendre qu’il ne refuserait probablement pas de faire partie du prochain gouvernement. Toujours est-il que les chamouniens ne veulent pas avouer qu’ils se rallient au système . A les en croire, ce serait plutôt le contraire, dans ce sens que les taëfistes doivent reconnaître que leur pacte a échoué, y renoncer et accepter une réconciliation nationale…
Les positions adoptées par les partis radicaux de l’Est à l’occasion de la présidentielle peuvent être qualifiées de sensationnelles, dans ce sens qu’elles vont presque toutes à contre-courant de la ligne initiale qui rejetait totalement Taëf et tout ce qui peut en découler. On sait en effet que, dans la foulée du boycott des élections législatives de 1992, ces...