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Actualités - INTERVIEWS

Membre de l'Académie française en visite au Liban René Rémond : où en est l'acceptation de la convivialité ?

«Où en est l’acceptation de la convivialité au Liban?» La question est pertinente. Elle résume le véritable enjeu de l’histoire du Liban depuis Taëf... Elle est de René Rémond. Auteur d’une trentaine d’ouvrages d’histoire contemporaine et de science politique, René Rémond n’a pas besoin d’être présenté. Nouvellement élu membre de l’Académie française, il est membre d’un «Centre d’action et d’information pour le Liban» (CAIL) dont la vocation est d’entretenir l’intérêt de l’opinion française pour le Liban, et d’agir dans plusieurs directions: décideurs, universitaires, informateurs, Eglise. Son action a revêtu depuis sa création, voici dix ans, la forme de colloques, de conférences de presse et d’information, et de multiples contacts auprès de l’Elysée, du Quai d’Orsay, du Sénat et des membres de l’Assemblée nationale. M. Rémond, ce n’est pas un secret, a l’oreille du président Jacques Chirac. En 1992, le CAIL a tenté de faire accepter l’idée de l’installation d’observateurs destinés à garantir la sincérité démocratique des Législatives, précise M. Rémond. «Si le principe en avait été admis, le taux de boycottage du scrutin n’aurait pas été, peut-être, celui qu’il a été», note-t-il. Au terme d’un séjour au Liban, à l’invitation d’amis et de membres de la Commission «Justice et Paix» de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques (APECL), M. Rémond a quitté hier le Liban pour Paris. Avec des impressions fortes sur son séjour au Liban, et en particulier sur la journée qu’il a pu passer à Jezzine. «Ce qui touche au Liban rencontre l’intérêt et la sympathie des Français», note M. Rémond, qui pense que «la cause du Liban ne doit pas être celle de la droite seulement». Grâce à la décentralisation, de nombreuses collectivités locales et régionales ont pu prendre des initiatives précises en faveur de votre pays: jumelages, subventions, prises en charge, souligne-t-il. Au sujet de son voyage, le troisième, M. Rémond affirme être «frappé de la transformation de Beyrouth et du réseau routier, de la reconstitution de l’infrastructure», ajoutant: «Je me demande s’il y a beaucoup de pays qui auraient pu le faire à cette vitesse». Cela n’empêche pas M. Rémond d’affirmer qu’une fois de plus, il a pu «vérifier expérimentalement la diversité et la complexité» de la situation d’un Liban qui lui paraît être «un nœud au confluent de données dont une partie échappe aux Libanais». «Ce n’est pas un alibi pour l’inaction, ajoute-t-il, mais il est vrai que leur liberté est limitée. Comme le soulignent certains, ce n’est plus la guerre, mais ce n’est pas encore la paix». Avouant avoir été «jeté sans préavis à Jezzine», M. Rémond reconnaît que la complexité de la situation apparaît là le mieux. Et d’avertir: «La grande question qui se pose, c’est: où en est l’acceptation de la convivialité? La naissance d’une Nation par delà les particularismes confessionnels?». «Je suis frappé par l’effort de dépassement des égoïsmes déployé partout, par tout ce que les bénévoles font. La présence de l’Etat est faible, à cet égard, mais je suis impressionné par toutes les initiatives privées destinées à traiter la pathologie sociale, les ONG qui luttent contre la pauvreté, la prostitution, la délinquance, la toxicomanie, qui cherchent à développer le travail municipal. Il y a là des ressources impressionnantes, et les éléments d’un civisme. Certes, ça ne constitue pas en soi une garantie de relèvement du pays, mais il est bon de savoir qu’il y a des centaines de personnes qui s’y emploient. Il est trop tôt pour savoir si ces efforts porteront leurs fruits, mais au moins l’on est en présence d’une société vivante. D’une société qui demande à être comprise. Finalement, c’est vrai que de tous les pays de la région, le Liban est le seul où il y ait un embryon de démocratie».
«Où en est l’acceptation de la convivialité au Liban?» La question est pertinente. Elle résume le véritable enjeu de l’histoire du Liban depuis Taëf... Elle est de René Rémond. Auteur d’une trentaine d’ouvrages d’histoire contemporaine et de science politique, René Rémond n’a pas besoin d’être présenté. Nouvellement élu membre de l’Académie française,...