Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Jezzine Les peurs rentrées du pouvoir ...

C’est une bien étrange valse-hésitation qui se danse à Jezzine. Lahd dit qu’il veut bien se retirer, si l’Etat déploie son armée et s’engage à neutraliser les «terroristes». Le Hezbollah promet de ne pas s’incruster dans la région, de ne pas même y mettre le pied, une fois l’ALS évacuée. Et pourtant le pouvoir hésite, se tâte, fait la moue, se gratte l’occiput, apparemment perplexe. Montre en somme qu’il a peur. Peur d’un nouveau piège israélien, à l’en croire… Et plus probablement peur de déplaire aux meneurs de jeu. Alors que la population, les notables qui la représentent et l’abbé Slim réclament la légalité, le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, affirme que d’aucuns sous-estiment la gravité de la situation et ignorent les éléments explosifs que recèle, à son avis, l’appel de rattachement ! Le ministre soutient que l’armée ne peut se déployer dans une région occupée par la milice de Lahd et où les Israéliens se pointent régulièrement. Il répète que Jezzine est sous occupation sioniste d’une façon indirecte et qu’il est illusoire, toujours à son avis, de demander à l’Etat libanais d’y entrer sans un accord-cadre politique déterminé. Pour M. Boueiz, c’est comme si on demandait à l’armée de s’investir pour combattre Lahd (on se demande, pour le principe, ce que cela peut avoir de choquant…), au prix d’une bataille coûteuse. Un argument qui a tout l’air, pour les Jezziniotes, d’être de pure diversion, pour ne pas dire de mauvaise foi. Et cela, selon eux, pour deux bonnes raisons : — Ce n’est pas l’armée qui refuse d’assumer, mais les autorités politiques. — Il est évident que le déploiement implique a priori le départ de Lahd, qui s’y dit tout disposé… Mais le raisonnement de M. Boueiz, donc du gouvernement, ne s’arrête pas à ces points. Pour le ministre, en effet, la question de Jezzine doit se confondre avec celle de l’ensemble du Sud occupé et les solutions ne sauraient être dissociées. Sa sensibilité politique personnelle — il représente le Kesrouan et par définition il est présidentiable — fait quand même dire à M. Boueiz qu’il faut prendre garde à ne pas jeter encore plus les habitants de Jezzine dans les bras d’Israël… Louable mais difficile quand le message officiel à ces mêmes habitants revient à leur dire ceci: ne vous attendez pas à être libérés avant les autres parties du Sud et, d’ici là, continuez à subir violences, souffrances et privations. D’autres sources officielles tentent de leur côté de justifier les réticences gouvernementales à reprendre Jezzine: — Lahd, soulignent-elles, n’accepte de se retirer qu’à la condition expresse que l’armée libanaise neutralise complètement la région et empêche la Résistance de s’en servir pour ses opérations. Condition pareille à celle que posent les Israéliens pour leur retrait général et tout aussi inadmissible, car l’Etat libanais ne peut empêcher la Résistance d’agir tant que le territoire est occupé. — De plus, sur le plan concret, aucune force au monde — et les Israéliens le savent mieux que personne — ne peut faire barrage à la guérilla. Il est donc à craindre qu’après le départ de Lahd, Israël ne prenne prétexte d’opérations menées à partir de Jezzine pour bombarder ou pour reprendre la région et l’englober définitivement au reste du territoire occupé. En somme, à la réoccupation éventuelle, on préfère le statu quo… d’occupation. Et l’on ne peut s’empêcher de noter que, selon Yitzhak Mordehaï, ministre israélien de la Défense, Lahd va rester à Jezzine tant que les autorités de Beyrouth refusent d’en assurer la neutralisation. C’est donc le même résultat auquel on aboutit des deux côtés de la barrière. Et les Jezziniotes n’ont qu’à prendre leur mal en patience.
C’est une bien étrange valse-hésitation qui se danse à Jezzine. Lahd dit qu’il veut bien se retirer, si l’Etat déploie son armée et s’engage à neutraliser les «terroristes». Le Hezbollah promet de ne pas s’incruster dans la région, de ne pas même y mettre le pied, une fois l’ALS évacuée. Et pourtant le pouvoir hésite, se tâte, fait la moue, se gratte...