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Actualités - ANALYSE

Les traditions en prennent pour leur grade Présidentielle : Hariri et Berry innovent ...

Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, invente des consultations préliminaires. Et, non moins ingénieux, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, propose un système parallèle de candidatures conditionnées par des programmes… pour une présidence de la République à laquelle il dénie par ailleurs tout pouvoir exécutif! Pendant que les maronites restent sur la touche, c’est la ronde, entre les deux pôles que l’élection ne concerne pas sur le plan communautaire, des surenchères. Et des contradictions. Ainsi, en s’efforçant de promouvoir la démocratie par les concertations préventives qu’il projette, M. Berry a un peu l’air de mettre en doute la maturité, la crédibilité, mais aussi la souveraineté de l’institution législative. Ou du moins des honorables membres qui la composent. Et de porter un coup, par là même, au régime parlementaire dont il se veut le défenseur. Mais le plus beau de l’affaire, c’est sans doute que tout en dénigrant l’initiative de son rival, M. Rafic Hariri n’est pas en reste. En effet, cela fait un bon bout de temps qu’il a pris les devants en organisant chez lui à Faqra des rencontres politiques diversifiées, qui sont autant de consultations sans la lettre. Il y inclut même, ou surtout, ses détracteurs, qu’il écoute d’une oreille particulièrement patiente, sans doute pour les amadouer et en émousser un peu le tranchant. Car avec le départ de M. Hraoui, M. Hariri n’est pas si assuré de revenir et il semble avoir besoin de renforcer ses défenses, d’élargir ses appuis. Ses thuriféraires affirment cependant que, «pour le chef du gouvernement, ces contacts, étendus à l’opposition, sont destinés à paver la voie au changement qu’il veut conduire sous le prochain régime. Il ne veut rien laisser au hasard et il aborde dès lors tous les dossiers, les plus épineux compris, avec ses interlocuteurs». Et de soutenir que «ce n’est pas du tout dans un esprit d’émulation avec M. Berry que ce cycle de Faqra est entrepris. M. Hariri évite en effet soigneusement le show off, la gesticulation médiatique qui semble attirer M. Berry. Les entretiens du président du Conseil se déroulent ainsi dans la plus grande discrétion. La majeure partie de ses hôtes s’y conforment du reste volontiers. Et s’il y a eu des fuites en direction de la presse, c’est la faute de quelques indélicats qui n’ont pas su tenir leur langue; ou qui ont trouvé là moyen de nuire à notre chef…». Un black-out informationnel qui n’est cependant pas tout à fait hermétique du côté de M. Hariri lui-même. En effet, en marge de ces entrevues avec des gens du métier, il ne manque pas de s’exprimer devant d’autres visiteurs. Ainsi, recevant une délégation de l’Instruction publique, il a déclaré en substance que la prorogation, il faut faire un trait dessus, puisque le principal intéressé n’en veut pas. Et surtout que le prochain régime veillera à coup sûr à établir enfin l’Etat des institutions et le règne de la loi. Il n’a pas trop précisé comment, sans doute parce que personne ne peut imaginer comment on peut réaliser ce double miracle en gardant un système qui en est l’exact antonyme. M. Hariri indique donc que la troïka — déjà enterrée par M. Berry, mais qui semble avoir la peau dure — sera définitivement bannie des mœurs politiques de ce pays. Mais, répétons-le, il ne révèle rien des moyens qui seront mis en œuvre pour parvenir à cette fin… édifiante. Probablement, parce qu’il n’en sait strictement rien, du moins au stade actuel. Et pour tout dire, la campagne que M. Hariri mène pour le changement s’illustre de détails pour le moins secondaires. Il a de la sorte annoncé «spectaculairement» au Caire que les candidats à la présidence de la République doivent se déclarer et annoncer leur programme, comme lui-même avait «brisé la tradition» en avouant en 1992 qu’il avait bien envie de devenir grand vizir à la place du titulaire de l’époque, M. Omar Karamé. Se doutant qu’on pourrait lui objecter qu’un président à la mode Taëf n’a pas besoin de programme puisqu’il règne et ne gouverne pas (ce que lui-même ne cesse de seriner à l’adresse de M. Hraoui), il a ajouté que le chef de l’Etat garde quand même le droit d’exposer ses plans au Conseil des ministres, pour tenter de le convaincre de les adopter. Oubliant à ce propos que c’est un droit bien fluet, plus symbolique qu’autre chose et qui appartient du reste à tout citoyen normalement constitué…
Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, invente des consultations préliminaires. Et, non moins ingénieux, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, propose un système parallèle de candidatures conditionnées par des programmes… pour une présidence de la République à laquelle il dénie par ailleurs tout pouvoir exécutif! Pendant que les maronites restent sur la touche,...