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Actualités - CHRONOLOGIE

La vidéo du témoignage de Bill Clinton sera diffusée aujourd'hui par les télés, le câble, les satellites et Internet L'Amérique se prépare au grand déballage (photos)

L’Amérique retenait hier son souffle et se préparait au grand déballage, lundi, sur les fantaisies sexuelles de son président, un événement sans précédent aux conséquences largement imprévisibles sur le plan politique. La situation ne manquera d’ailleurs pas de piquant et reflétera le côté irréel et extravagant de la vie politique américaine depuis plusieurs jours: au moment même où les Américains seront abreuvés de détails sur différentes expérimentations érotiques à proximité du Bureau ovale, Bill Clinton s’exprimera solennellement devant l’Assemblée générale de l’ONU sur la lutte contre le terrorisme et la drogue Ces graves sujets de préoccupation internationale ne pèseront cependant pas lourd pour les Américains qui, à partir d’aujourd’hui, sur les chaînes de télévision, vont pouvoir observer, comme jamais ils n’en avaient eu l’occasion, les réactions de leur président à l’interrogatoire implacable du procureur Kenneth Starr lors de son témoignage devant le «grand jury» fédéral, le 17 août. La bobine des quatre heures de déposition doit commencer à tourner vers 9h00 (13h00 GMT), lundi matin dans un petit studio d’enregistrement du bâtiment Rayburn de la Chambre des Représentants. Quatre chaînes de télévision — CNN, MSNBC, Fox et le réseau du Congrès C-SPAN — entameront alors une longue diffusion en continu, tandis que des centaines d’autres reprendront de temps à autre des extraits du document. L’Amérique et le monde entier découvriront alors, relayées par les satellites et le câble, les images d’un président empêtré dans ses contradictions face à ses accusateurs. Au même moment, l’imprimerie du gouvernement délivrera des milliers de copies des quelque 2.800 pages d’annexes au rapport du procureur indépendant Kenneth Starr, mises sous presse à la hâte au cours du week-end et qui contiendraient, selon certaines sources, de nouveaux détails scabreux. Peu de temps après, ces documents seront à leur tour livrés au monde, via le réseau Internet. 17 août 1998: le président Bill Clinton est assis dans un fauteuil à haut dossier dans une pièce de la Maison-Blanche, la Salle des Cartes. En face de lui, trois de ses avocats sont assis à une table. A sa droite, siègent M. Starr et ses collaborateurs. L’enregistrement est à huis clos, seuls les membres du Grand Jury devraient y avoir accès. Les défenseurs de M. Clinton ont demandé qu’il soit ensuite détruit. En vain. Le président, rapportait dimanche le quotidien New York Times, déclare notamment à un moment donné: «Je donnerais tout ce que j’ai au monde pour ne pas avoir à admettre ce que j’ai dû dire aujourd’hui». Les moments de remords alternent avec des éclats de fureur face au feu roulant des questions des procureurs, qui cherchent à déterminer si M. Clinton a menti sur ses relations avec l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche. Il répète, selon le texte publié par le quotidien new-yorkais, qu’il ne s’agissait «pas de relations sexuelles» mais d’un «contact intime déplacé». Mais quelques jours plus tôt, assurée de l’impunité, Monica Lewinsky avait déballé devant le Grand Jury les détails des jeux sexuels auxquels s’étaient prêtés les deux partenaires dans une petite pièce jouxtant le Bureau ovale de la Maison-Blanche. Et elle avait remis au FBI une robe tachée de sperme. Au moment de son propre témoignage, Bill Clinton ne connaissait pas les détails de la déposition de son ancienne complice. Lundi, les Américains pourront, eux, juger du témoignage de leur président en n’ignorant rien de la version donnée par Monica. Ce qui peut s’avérer extrêmement dangereux, l’homme de la rue risquant de ne pas saisir les nuances de M. Clinton entre «contacts intimes» avec attouchements et «relations sexuelles». D’autant plus que la présidence a du mal à faire entendre sa voix: 5,9 millions de personnes ont lu sur Internet le rapport Starr, contre seulement 600.000 la défense du président. D’ailleurs, l’opinion publique manifeste une lassitude grandissante devant les louvoiements sémantiques de son président. Un sondage publié par Newsweek indique que 46% des Américains envisagent désormais sa démission, contre 39% il y a une semaine. Pour l’ancien secrétaire général de la Maison-Blanche, Leon Panetta, «ce qui est en jeu ici n’est pas lié tellement au processus de destitution mais aux élections» de novembre. «La politique davantage que les intérêts du pays sont véritablement en jeu ici», a-t-il ajouté vendredi sur CNN. Selon lui, les Républicains, majoritaires au Congrès, souhaitent, avec ce grand déballage, conforter leur assise auprès de l’électorat et saper définitivement Clinton et les démocrates. Mais ces derniers, toujours selon Leon Panetta, espèrent que les électeurs américains considéreront que les Républicains en font décidément trop et que la situation se retournera contre eux. Quoi qu’il en soit, il est d’ores et déjà acquis que «cette présidence ne sera plus jamais la même», a-t-il estimé.
L’Amérique retenait hier son souffle et se préparait au grand déballage, lundi, sur les fantaisies sexuelles de son président, un événement sans précédent aux conséquences largement imprévisibles sur le plan politique. La situation ne manquera d’ailleurs pas de piquant et reflétera le côté irréel et extravagant de la vie politique américaine depuis plusieurs jours:...