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Actualités - ANALYSE

Présidentielle : des valeurs qui ont beaucoup changé ...

Est-ce la fonction qui fait l’homme, ou l’inverse? Un ancien président du Conseil se le demande et s’étonne que l’on multiplie les critères de sélection pour le choix d’un nouveau chef de l’Etat. Il note que c’est bien la première fois qu’on se préoccupe de dessiner à l’avance un profil déterminé, effort qui lui paraît tout à fait superflu. «Autrefois, les candidats potentiels ou déclarés étaient tout naturellement porteurs de signes distinctifs qui permettaient de voir s’ils correspondaient ou non à ce que les différents électeurs pouvaient en attendre. Tel plaisait à une partie pour son arabisme intransigeant et tel autre à un camp différent pour son rigoureux libanisme. Tel était connu pour sa forte personnalité et tel autre pour son sens de la diplomatie et ainsi de suite… Il y avait, bien sûr, des qualités communes qui étaient exigées, du moins verbalement, par toutes les composantes du pays, comme la probité ou la bonne renommée. Mais à dire vrai cela comptait beaucoup moins que l’engagement dans une ligne politique donnée. Et en tout cas tout allait tellement de soi qu’il eût paru absurde ou pédant de parler de paramètres sélectifs anticipés». Cet observateur averti relève ensuite que «la gangrène galopante de la corruption vient inverser l’ordre des valeurs que les Libanais attendent de leurs dirigeants, chef de l’Etat en tête. Autrement dit, au lieu que la priorité aille à leurs aptitudes ou attitudes politiques, elle va plutôt maintenant à leur stature morale. On veut qu’ils soient au moins propres, à défaut de pouvoir représenter un antidote à la corruption, chacun étant conscient que l’épuration est une gageure aussi difficile que nécessaire. C’est d’ailleurs en partie à cause des antécédents de prévarication accumulés le long de quelques régimes antérieurs que petit à petit l’opinion est devenue plus exigeante, plus assoiffée d’air pur». «On ne doit pas oublier cependant, poursuit cette personnalité,que le pouvoir corrompt souvent. L’opinion est donc devenue ultra-méfiante après avoir vu certains promus, réputés propres, devenir glauques au fil des années et des magouilles. C’est un peu pourquoi, les Libanais misent tant sur le changement. Ils pensent que le nouveau régime, en s’attelant d’entrée de jeu au nettoyage des écuries d’Augias, autant que faire se peut, se mettrait lui-même à l’abri de dérapages que son entourage pourrait commettre par la suite. Il va sans dire que pour les Libanais, qui ne manquent pas de tolérance, la corruption devient insupportable surtout à cause de ses désastreuses retombées économiques, via la grave érosion des finances publiques et des travaux ratés qu’elle provoque. Sans compter, et ce n’est pas le moindre mal, le dysfonctionnement chronique des services administratifs et des rouages politiques. Le pays perd ses forces et marche mal, contrairement à ce que claironnait l’an dernier le président du Conseil à l’adresse du chef de l’Etat». Cependant pour que le prochain régime puisse redresser la barre, il faut qu’il en ait les moyens. Or si l’on se réfère à la polémique sur les retouches constitutionnelles, on ne semble pas disposé à les lui accorder. Ainsi des proches du Patriarche Sfeir soulignent qu’à son avis il ne suffira pas de choisir le futur président en base de qualifications déterminées (qu’il ne manque cependant pas de définir) et qu’il faudra voir ensuite dans quelle mesure il pourra les déployer, les mettre en pratique, les concrétiser. Et qu’il faudra l’y aider de tous les côtés, responsables en tête, sans lui mettre des bâtons dans les roues. Il aura beau être propre ou même fort personnellement, il ne pourra pas tout seul éradiquer le mal et tout réédifier sur des bases saines. Il faudra également un gouvernement impeccable, cohérent, compétent, résolu à combattre le clientélisme. Et une Chambre qui ne fasse plus d’obstruction, comme lors de la tentative d’épuration de 1993. Des conditions qui sont d’autant plus difficiles à réunir qu’elles sous-entendent un environnement politique également assaini, rééquilibré, dans ce sens que seul un Cabinet de véritable union nationale, épaulé par un Parlement renouvelé et représentatif, pourra mener la croisade du redressement, à partir de toute une refonte de Taëf…
Est-ce la fonction qui fait l’homme, ou l’inverse? Un ancien président du Conseil se le demande et s’étonne que l’on multiplie les critères de sélection pour le choix d’un nouveau chef de l’Etat. Il note que c’est bien la première fois qu’on se préoccupe de dessiner à l’avance un profil déterminé, effort qui lui paraît tout à fait superflu. «Autrefois,...