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Actualités - ANALYSE

Spéculations sur les concertations de Berry Présidentielle : les contours commencent à se préciser

Une blague sémantique célèbre: à un dominicain qui lui demandait «pourquoi vous autres jésuites répondez toujours à une question par une question…» Teilhard de Chardin a répondu: «et pourquoi pas…» Aujourd’hui, lorsqu’on les interroge sur les concertations que M. Nabih Berry doit entreprendre bientôt, les politiciens d’ici se posent des questions… Et leurs interrogations s’énumèrent comme suit: — Comment va se présenter au juste le questionnaire de M. Berry… Compte-t-il solliciter l’avis des parlementaires sur l’amendement de l’article 49C (Constitution), pour leur demander s’ils en acceptent le principe ou s’ils le rejettent absolument… Si la majorité répond par la négative, Damas en tiendra-t-il compte, ne voudra-t-il pas faire procéder à l’amendement ne serait-ce que pour parer à toute éventualité? Et cette même majorité ne sera-t-elle pas alors contrainte de se désavouer, comme en 1995? Si par contre la majorité acceptait le principe de l’amendement, M. Berry chercherait-il à savoir si cela concerne les deux volets de l’alternative, autrement dit la prorogation du mandat de M. Hraoui et l’élection du général Lahoud, ou un seul et lequel… — Le président de la Chambre va-t-il citer des noms de candidats pour en établir la cote par sondage ou se contenter de demander aux députés qui à leur avis peut correspondre aux critères de sélection…Dans le premier cas de figure, n’est-il pas évident que la plupart des parlementaires refuseront de traiter des noms, par prudence à l’égard des décideurs dont ils devront en fin de compte appliquer le mot d’ordre… Mais s’ils se comportent ainsi, ne risquent-ils pas de déplaire justement à ces décideurs, dans la mesure où ces derniers ont cette fois l’intention de prendre en considération pour leur choix définitif des souhaits libanais, pour complaire aux Occidentaux, Chirac — leur nouveau grand ami — en tête… De plus, si l’on s’en tient aux critères sans évoquer de noms, le panel ne serait-il pas trop large, applicable à trop de personnes pour que les concertations aient une quelconque portée pratique? — Les résultats seront-ils tenus secrets ou divulgués, que cela soit pour l’amendement de l’article 49C, pour l’éventuelle liste nominative des candidats ou pour les critères de sélection? Et quelle importance concrète peuvent avoir des consultations qui n’engagent évidemment pas les députés dont bon nombre peuvent ensuite changer d’avis… — Dans le même sens, pourquoi prendre le risque de voir les décideurs fouler aux pieds, comme en 92 puis en 95, l’expression d’une volonté libanaise en passant outre aux résultats des concertations de M. Berry et en nommant qui bon leur semble… Et dans tous les cas, avec cette procédure qui va se terminer chez les décideurs, ne va-t-on pas décevoir et accabler encore plus les Libanais dans leur aspiration à l’indépendance et à l’autonomie de décision… D’autant que sur un plan très concret, contrairement à divers pôles extraparlementaires, religieux ou autres, les députés ne semblent pas vouloir dans leur majorité se prononcer clairement et préféreront justement s’en remettre à ces mêmes décideurs, dans une pleutre démission de volonté nationale… — Est-ce que finalement cette opération de consultations, visiblement vide de sens politique réel, ne vise pas à meubler simplement le temps, et les créneaux médiatiques, en attendant le prochain sommet Hraoui-Assad qui aborderait le dossier de la présidentielle d’une manière bien plus effective… — Enfin, est-ce qu’au nom de la démocratie, on ne risque pas de bafouer ce concept même, en étalant au grand jour le fait patent que la Chambre libanaise est si peu souveraine que la majorité y attend ouvertement les ordres qui lui seront donnés…
Une blague sémantique célèbre: à un dominicain qui lui demandait «pourquoi vous autres jésuites répondez toujours à une question par une question…» Teilhard de Chardin a répondu: «et pourquoi pas…» Aujourd’hui, lorsqu’on les interroge sur les concertations que M. Nabih Berry doit entreprendre bientôt, les politiciens d’ici se posent des questions… Et leurs...