Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Le changement promis, un simple miroir à alouettes

Une drôle de coïncidence que l’on relève en consultant l’encyclopédie: c’est du 15 septembre à fin novembre — période même des présidentielles — que se pratique la chasse aux alouettes, volatiles que l’on attire avec un miroir scintillant au soleil. L’expression miroir à alouettes veut dire, comme on sait, «fasciner par une apparence, un langage trompeurs». De l’avis d’un ancien ministre, «c’est très exactement le cas avec ce discours sur le «changement» que les loyalistes, haririens en tête, nous servent maintenant à tire-larigot, à l’occasion du prochain avènement d’un nouveau régime. Selon le bon mot de Charles Pasqua, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Il faut être bien naïf pour admettre que du simple fait de l’installation à Baabda d’un nouveau locataire, tous les abus, toutes les perversions, toutes les déviances prendront fin d’un coup. À même cause même effet: tant que l’on n’aura pas changé le système (ou, plus exactement, tant que l’on n’aura pas changé de système), tout restera pareil. Pour gommer le péché originel, qui a produit cette hydre à trois têtes que même M. Hraoui dénonce, il faut tout remettre à plat, réécrire complètement Taëf et la Constitution qui en découle. D’autant que l’un et l’autre ne sont appliqués que partiellement, le plus souvent dans leurs mauvaises parties…». Pour cet analyste, «c’est une erreur grossière que de considérer la présidentielle sous l’angle des personnes. Si on veut vraiment en faire une occasion de corriger pour de bon la trajectoire, il faut plancher sans tarder sur un plan de réforme drastique autant que global. Dans le cadre du système actuel, il est en effet évident qu’à quelques nuances près, tous les candidats se valent et sont pratiquement interchangeables. Ce n’est donc pas leur personnalité qui importe car elle ne peut avoir qu’un impact insignifiant sur le cours des événements et sur la gestion des affaires publiques. Cela à cause certes de la limitation outrancière des prérogatives présidentielles. Mais aussi, mais surtout, à cause d’une structure d’ensemble qui n’est conçue finalement que pour la commodité de décideurs qui divisent pour régner». Un point de vue qu’un ministre hraouiste partage en partie, car pour sa part il s’abstient naturellement d’évoquer les décideurs et prône une réforme plutôt qu’une révolution. Ce proche de Baabda souligne néanmoins, comme l’ancien ministre cité plus haut, qu’il faut «voir le fond plutôt que la forme. Il est nécessaire de modifier l’ordre établi, maintenant que la pratique a amplement prouvé l’existence de failles sérieuses. On doit faire en sorte de réguler les rapports entre les pouvoirs de manière à ce qu’il n’y ait plus de disputes quotidiennes. Dix ans de rodage, cela suffit. Il est temps maintenant de procéder à une révision complète du char de l’Etat, si mal parti qu’il n’arrive à rien. Dès l’entrée en fonction du nouveau régime, on devra s’atteler en toute priorité à redéfinir clairement les attributions des institutions en place comme des trois présidences. On ne peut plus laisser régner l’amalgame des compétences et les interférences de pouvoirs. Si c’est le Conseil des ministres qui doit détenir le pouvoir exécutif (ce qui reste d’ailleurs à discuter…), il ne doit plus être contourné et supplanté par la troïka. Et si c’est à la Chambre qu’appartient le pouvoir législatif, elle ne doit pas non plus être neutralisée, réduite à l’impuissance, par cette même troïka. La coordination et la coopération que recommandent les textes constitutionnels sont tout simplement impossibles tant que les pouvoirs n’ont pas été clairement identifiés et définis. Ce qui est du reste difficile quand pour commencer on dote l’Exécutif de deux têtes distinctes, auxquelles se rajoute le président du Parlement, par le biais des ministres et des hauts fonctionnaires qu’il contrôle. Le président Hraoui l’a dit et répété: il faut pour un seul corps une seule tête, non pas trois. Partant de là, il est évident qu’on ne peut procéder par consensus tacite et qu’une révision en profondeur de la Constitution s’impose, si l’on veut rééquilibrer les choses…». Il reste que de tels appels ressemblent plus à un souhait de repartage de parts considérées comme inégales qu’à une volonté de refonte d’un système politique basé justement sur le partage. On note d’ailleurs la même connotation dans les invites au changement émanant du camp haririen qui cependant ne parle pas trop pour sa part de modifier la Constitution. Quant aux décideurs, à qui revient évidemment le mot de la fin, on indique à l’Ouest qu’ils ne sont pas contre une révision des règles du jeu, à condition qu’elle ne produise pas de secousses. Et comme c’est pratiquement inévitable, on peut estimer que les tuteurs ne sont pas très chauds. Pour le changement…
Une drôle de coïncidence que l’on relève en consultant l’encyclopédie: c’est du 15 septembre à fin novembre — période même des présidentielles — que se pratique la chasse aux alouettes, volatiles que l’on attire avec un miroir scintillant au soleil. L’expression miroir à alouettes veut dire, comme on sait, «fasciner par une apparence, un langage trompeurs». ...